Un appel à la fraternité

Deux ans après les événements tragiques qui ont frappé Toulouse et Montauban, une soirée d’hommage a rassemblé à la Halle aux Grains une foule nombreuse venue se recueillir à la mémoire des victimes de Mohamed Merah. Par-delà le deuil toujours douloureux vécu aux côtés des familles, c’est un vibrant appel à la fraternité qui a été lancé à tous.

Cette soirée exceptionnelle réunissait, à l’initiative du CRIF-Midi-Pyrénées, toutes les forces vives, du pays et au-delà, pour lancer un appel vibrant à la fraternité.

Les représentants des religions juives, chrétiennes et musulmanes – le rabbin Matousof, Monseigneur le Gall, archevêque de Toulouse, et l’imam Tatai ainsi que des jeunes scouts israëlites, catholiques, protestants et musulmans – ont allumé des bougies devant le portrait de chacune des sept victimes. Un temps de méditation et de prière a suivi, proposé par chacun des trois responsables religieux présents. Moments intenses, sobres, accueillis et partagés dans un silence respectueux.
Après la prière venait aussi le temps du chant avec Yonit Tobi, chanteuse israëlienne qui interprète Edith Piaf puis plus tard avec David Serero, chanteur d’opéra, pour signifier l’universalité des sentiments humains et inviter à célébrer l’amour et la tolérance.
Le temps des témoignages, celui de Mehereta Baruch-Ron, jeune femme d’origine éthiopienne, aujourd’hui maire-adjoint de Tel-Aviv, ville jumelée avec Toulouse, évoquant le rêve réaliste d’une cohabitation harmonieuse entre nos différentes cultures et celui du penseur et philosophe Alain Finkielkraut alertant la société sur les nouveaux visages insidieux de la haine. Le temps des discours politiques – au sens noble du terme – avec les prises de parole successives de Yossi Gal, ambassadeur d’Israël en France, de Martin Schulz, président allemand du Parlement Européen, venu dire la solidarité de l’Europe face à l’épreuve traversée par Toulouse et Montauban, et alerter, lui aussi, les consciences sur la montée des extrêmismes et le retour des démons qui ont conduit aux désastres du XX° siècle.
Un avertissement repris par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, s’inquiétant de la haine quotidienne qui se banalise dans notre pays, et appelant à reprendre confiance en l’avenir en s’inspirant du magnifique exemple de dignité et de courage offert par Latifa Ibn Ziaten, mère d’Imad, la première victime tombée à Toulouse, et qui a créé une association* au nom de son fils « pour la jeunesse et la paix ».
Présente sur place, au premier rang, avec Albert Chennouf, père d’Abel, une autre victime de Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten est devenue aujourd’hui le symbole vivant de ce combat possible et urgent contre la haine et pour la fraternité. Avec une grande discrétion mais avec une force intérieure qui surpasse tous les discours.
Anne Reboux

*IMAD : Association pour la jeunesse et la paix. www.association-imad.fr

 


Actualité publiée le 20 mars 2014