Une célébration comme une démarche de vérité et de soin

Une célébration comme une démarche de vérité et de soin

Ce samedi 11 mars sera le deuxième temps de prière avec et pour les personnes victimes d’abus sexuels que nous célébrerons dans le diocèse de Toulouse, comme cela a été décidé par la Conférence des Évêques de France pour tous les diocèses de France. Cette célébration est préparée par la Cellule Écoute du diocèse et par des personnes victimes de violences sexuelles dans l’Église.


Depuis son ouverture, en décembre 2016, ce sont près de 60 personnes qui ont osé s’adresser à cette instance pour dire ce qu’elles ont subi. Cette démarche leur a été difficile. Il a fallu un long chemin pour que ce qui était enfoui, cadenassé depuis souvent plusieurs décennies, puisse enfin sortir de son enfermement. C’est ce qui explique que ce n’est qu’une extrême minorité qui a pu parler. Si des personnes victimes seront présentes pour ce temps qui leur est dédié nous aurons donc une pensée et une prière pour toutes celles qui sont restées dans le silence.

 

La blessure

Tous les récits sont uniques et spécifiques, mais une caractéristique leur est commune : la profondeur de la blessure. Leur vie est marquée à jamais par les violences subies, mais blessures cicatrisées ou pas, elles ne se sont pas résignées au mal subi. La sortie de l’enfermement, le courage de parler, ont été des étapes sur un chemin lent, éprouvant, mais chemin de libération.

Par leurs démarches courageuses elles ont ouvert les tombeaux où une part de leurs vies était enfermée. Elles ont ouvert des chemins de vie, mais pas que pour elles, pour nous tous aussi !

Nous sommes donc tous invités à nous engager sur ce même chemin de vérité, il ne peut être que bénéfique, réparateur pour nous tous.
Le soin pour dire un autre mot, voilà le sens que nous avons voulu apporter à ce temps de prière. Car si les personnes victimes sont les premières atteintes, nous avons aussi été témoins que des conjoints, des proches, avaient aussi souffert de ce mal subi. Et nous le voyons bien dans nos entourages chrétiens, c’est tout le corps de l’Église qui est atteint.

Il y a, à la suite de ces révélations, une sorte de fatigue générale, et c’est compréhensible. Mais pour autant nous ne pourrons pas « passer à autre chose » en oubliant les victimes qui portent toujours leurs blessures. Pour « passer à autre chose », nous devons regarder le réel, le regarder en face, et y faire face ensemble et en confiance.

Nous le savons et nous l’avons éprouvé nous-mêmes, aucun lieu d’Église n’est épargné, ce constat est éprouvant, personne ne peut passer à côté, c’est tout le corps de l’Église que nous formons qui est atteint… malade en quelque sorte, et qui a donc besoin de soin.

 

Une marque de soin

C’est le sens de notre temps de célébration. Prendre soin les uns des autres. La parabole du Samaritain (Luc 10, 25-37) qui se fait proche du blessé, verse sur ses plaies de l’huile et du vin et le conduit à l’auberge nous a paru être tout à fait appropriée. L’auberge peut être l’image de l’Église qui prend soin. Les huiles sont utilisées dans l’Église pour les sacrements. Pour cette célébration, l’évêque bénira une huile spécifique, en terme ecclésial il s’agit d’un sacramental, un rite sacré pour obtenir des effets d’ordre spirituel. Nous serons tous invités à nous approcher devant l’autel pour recevoir sur nos mains ce signe du soin à travers cette marque de l’huile reçue, au nom du Christ, par le ministère de l’évêque. Pour les personnes victimes, ce geste peut aller plus loin. Nous sommes comme chrétiens, le temple de l’Esprit, et ce temple a été, chez ces personnes, profané. Ce geste marque la restauration de ce temple. C’est un geste, un rituel qui a une signification forte. 

Que nous soyons victimes ou pas, il nous concerne tous et toutes.
« Le Seigneur guérit les cœurs brisés et soigne leurs blessures », nous dit le psaume 146. N’ayons pas peur d’entrer dans cette démarche, elle est une démarche de vérité et de soin, l’un et l’autre nécessaires à notre guérison.

Christian Jourdane
Cellule Écoute diocèse de Toulouse