2021, une année jacquaire ?

Dimanche 25 juillet 2021, saint Jacques le Majeur

2021, une année jacquaire ?

Après Jérusalem, Rome ou Lourdes, le pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle reste parmi les pèlerinages chrétiens les plus connus en Europe mais aussi au niveau mondial. En cette année 2021, on parle même d’"année jacquaire" ; pourquoi ? L’occasion de revenir sur l’histoire du pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle et sur l’apôtre qui lui a donné son nom.

 

Saint Jacques, premier évangélisateur

Le pèlerinage à Saint Jacques de Compostelle est un des plus anciens et des plus prestigieux après ceux effectués à Jérusalem et à Rome. Il se développe à partir des Xe et XIe siècles, moment où le pèlerinage vers la Terre Sainte devient plus difficile à cause de la présence des Turcs seldjoukides. Le pèlerinage est lié à la « découverte » des reliques de l’apôtre Saint Jacques, en 838, qui passe pour avoir été le premier évangélisateur en terre ibérique. Le moment est important car l’événement se situe alors que la péninsule est en grande partie sous autorité musulmane. Seules les régions les plus septentrionales sont restées sous autorité des rois chrétiens. Saint Jacques devient alors le chef spirituel et, symboliquement, militaire de la Reconquista, c’est-à-dire de la reconquête des territoires tombés sous suzeraineté musulmane.

Très tôt, l’hagiographie militaire de saint Jacques, soutien des forces chrétiennes, se forge. Dès 844, le saint serait apparu lors de la bataille de Clavijo opposant les troupes de Ramiro Ier, roi des Asturies, et de celles Abd al Rahman II, émir de Cordoue. Un phénomène identique est rapporté pour les batailles de Simancas en 939, Coïmbra en 1066, Las Navas de Tolosa en 1212. Ainsi se développe l’image de Santiago Matamoros (Saint Jacques, tueur de Maures). Ceci favorise d’autant plus le pèlerinage galicien.

 

Un pèlerinage en vogue dès le Moyen Âge...

Le pèlerinagei atteint son apogée au XIIIe siècle (jusqu’à 500 000 personnes certaines années), facilité par l’organisation de relais qui accueillent les pèlerins. Le grand historien de l’Espagne qu’a été Bartolomé Bennassar a écrit de belles lignes sur ce petit peuple catholique en marche vers Saint Jacques de Compostelle. « Ils allaient sur les routes ibériques, déjà nombreux aux carrefours des vallées navarraises où se rassemblaient les chemins d’outre-monts, plus nombreux encore sur les routes vouées à la lumière impitoyable de la Tierra de Campos, entre Burgos et León, avançant lentement sur la plaine dorée, dans la poussière du blé moissonné, l’odeur émouvante du blé, cherchant très loin, tout au bout du ciel bleu, les tours de brique de Sahagun et, plus tard, les tours de pierres de la cathédrale de León » (Saint Jacques de Compostelle, Julliard, 1970, p. 11).

La fin du Moyen Âge et la période moderne marquent un déclin du pèlerinage pour des raisons diverses liées à la Grande Peste du milieu du XIVe siècle, à la guerre de Cent Ans entre les monarchies française et anglaise, à la Réforme protestante, aux nombreux conflits entre la France et l’Espagne, Louis XIV allant jusqu’à interdire les pèlerinages hors du royaume. 

 

... jusqu’au succès qu’on lui connaît !

Le renouveau du pèlerinage débute véritablement au milieu du XXe siècle. Pour l’année jacquaire 1965, 2,5 millions de personnes séjournent dans la cité galicienne. La papauté participe à ce renouveau. Jean-Paul II s’y rend en 1982 et les Journées Mondiales de la Jeunesse y sont organisées en 1989. Benoît XVI vint en pèlerin en 2010.

Une enquête de 2017 indique que les 44% des pèlerins sont des Espagnols, suivis par 9% d’Italiens. Les Français représentent 2,9%. Les motivations sont diverses : manifestation de la religion catholique, recherche de spiritualité, curiosité et goût pour la marche se mélangent. Si l’authenticité des reliques ne fait plus aujourd’hui l’unanimité, Saint Jacques de Compostelle reste un lieu de prière, de rencontre, de sociabilité catholique. Comme l’exprima Benoît XVI lors de son homélie à la cathédrale : « Les chrétiens se rendirent en pèlerinage, surtout, sur les lieux liés à la Passion, à la mort et à la Résurrection du Seigneur, en Terre Sainte. Puis à Rome, ville où Pierre et Paul ont été martyrisés, et à Compostelle qui est liée à la mémoire de saint Jacques et qui a accueilli des pèlerins du monde entier, désireux de fortifier leur âme à travers le témoignage de foi et d’amour de l’Apôtre.  »

Philippe Foro,
diacre permanent et enseignant de l’histoire de l’Église

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Actualité publiée le 20 juillet 2021

 

 

► À retenir !

Quand la fête de la Saint Jacques - le 25 juillet - tombe un dimanche, comme c’est le cas en 2021, on dit que l’on vit une année jacquaire. On parle aussi d’année sainte compostellane ou de jubilé.

L’événement se reproduit tous les 6, 5, 6 et 11 ans et ce, jusqu’à 15 fois par siècle. Ce n’est qu’à la fin du Moyen Âge, en 1428, que l’on trouve trace de la première année sainte compostellane historiquement attestée.

 

 

 

Saint Jacques, apôtre et saint patron de l’église et de la ville de Muret

Saint Jacques fut l’un des 12 apôtres du Seigneur. Il était le frère de saint Jean évangéliste. On l’appelait le Majeur, pour le distinguer de l’autre apôtre, Jacques le Mineur, qui était plus jeune que lui. Avec ses parents Zébédée et Salomé, il vivait dans la ville de Betsaïde, au bord de la mer de Galilée, où ils possédaient une petite entreprise de pêche. Ils avaient des ouvriers à leur service, et leur situation économique était assez bonne car ils pouvaient s’absenter du travail pendant plusieurs semaines, comme l’a fait son frère Jean quand il est parti pour un séjour au Jourdain en écoutant Jean-Baptiste.

Jacques faisait partie du groupe des trois préférés de Jésus, avec son frère Jean et avec Simon Pierre. Après avoir été témoin de la pêche miraculeuse, en entendant Jésus leur dire  : « Vous serez désormais pêcheurs d’hommes », il a quitté ses filets et son père et son entreprise de pêche et est allé avec Jésus-Christ pour l’aider dans son apostolat. Il a été témoin de tous les grands miracles du Christ, et avec Pierre et Jean, ils ont été les seuls à être présents à la Transfiguration du Seigneur et à sa Prière dans le jardin de Gethsémani.
Pourquoi Jésus le préférait-il tant ? Peut-être parce que (comme le dit saint Jean Chrysostome) il était le plus audacieux et le plus courageux pour se déclarer ami et disciple du Rédempteur, ou parce qu’il allait être le premier à verser son sang pour avoir proclamé sa foi en Jésus-Christ. Que Jésus nous ait aussi dans le groupe de ses préférés.

Les anciennes traditions (du VIe siècle) disent que saint Jacques est allé jusqu’en Espagne pour évangéliser. Et depuis le IXe siècle, on pense que son corps se trouve dans la cathédrale de Compostelle (nord de l’Espagne) et que des milliers et des milliers de pèlerins sont allés à ce sanctuaire pendant des siècles et des siècles et ont obtenu de merveilleuses faveurs du ciel.

Il est patron de la ville de Muret. Les muretains peuvent donc l’invoquer dans des moments de grands dangers et ressentir sa puissante protection. Nous aussi, si nous demandons son intercession, nous obtiendrons ses faveurs.

Jacques est l’apôtre de la Vierge Marie. Il aurait préparé le chemin pour que le monde reconnaisse la Sainte Vierge comme « pilier » de notre Église. Il est également connu comme l’apôtre de la paix. Ses restes sont enterrés dans la cathédrale de Santiago et nous avons la chance d’avoir certaines de ses Reliques dans notre église Saint-Jacques.

Père Romuald Wambo, cmf