par Jean-Michel Castaing, auteur
Le partage (ou l’aumône) est le troisième pilier du carême. Comme nous l’avons fait avec le jeûne et la prière, nous l’aborderons très concrètement. Pour le croyant, deux questions se posent à son sujet : avec qui partagerons-nous, et comment ?
Qui aider ?
Les personnes éligibles à notre sollicitude ne manquent pas : ce peut être un(e) voisin(e), un ami, un parent, les chrétiens d’Orient, l’Eglise de France, un collègue de bureau, les habitants d’un bidonville d’un autre continent – liste non exhaustive. Devons-nous privilégier les personnes proches ou bien les malheureux de l’autre bout du monde ? la détresse matérielle ou bien la misère spirituelle et psychologique ? A chacun de voir selon son charisme, ses dons, sa spiritualité, ses compétences ou plus prosaïquement son emploi du temps... La charité est clairvoyante et sait détecter des pauvretés là où l’habitude passe comme si de rien n’était...La parabole du bon Samaritain nous invite à nous faire les prochains de nos frères, sans attendre qu’ils frappent à notre porte. La balle est dans notre camp. Ouvrons les yeux autour de nous et ayons suffisamment d’audace pour aller vers celui ou celle que nous n’avons pas l’habitude de fréquenter. Le carême constitue un bon décrassage de nos inerties dans ce domaine.
Comment partager ?
Là aussi, n’hésitons pas à faire preuve d’inventivité. Expédier un chèque ne suffit pas. Je peux partager mon emploi du temps (le temps est une denrée très chère de nos jours), mon chez-moi, mes goûts, ma foi. Rester plus longtemps devant le Saint Sacrement, c’est aussi partager en priant pour ceux qui ne prient pas (ils sont nombreux !). Je me tiens devant le Seigneur à leur place. Je ne partage pas avec eux mon argent, mais ma présence : la mienne devient la leur, comme mon pain deviendrait le leur si nous prenions un repas ensemble. Ce n’est pas là une fiction. La prière d’intercession est fondée là-dessus. Jésus, sur la Croix, a pris notre place afin que le Père nous voie en lui, et nous fasse ainsi miséricorde.
Jean-Michel Castaing