« Recevez l’Esprit Saint ! »

  Grâce à l’onction de l’Esprit, Jésus passait en faisant le bien ; nous en parlions à la Vigile et tout au long de la Semaine sainte étrange que nous vivons cette année, où nous sommes confinés, mais surtout conviés à être attentifs à la présence et à l’action du Saint-Esprit en chacun de nous et au sein de nos communautés, même dispersées. Grâce à la vidéo-diffusion et à ceux qui la rendent possible, nous sommes plusieurs milliers à suivre ces offices qui sont au centre de notre vie chrétienne ; les ondes nous ont fait vibrer ensemble depuis cette demeure de Dieu jusqu’en chacune des vôtres. Je rends grâce à Dieu pour cette forme nouvelle de communion ecclésiale, plus spirituelle, qui nous est donnée.

  Les Actes des Apôtres, que nous entendrons tout le Temps pascal qui s’ouvre, viennent de nous le dire à propos du Ressuscité : « Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui  » (10, 38). Jean, dans son Évangile, nous montre que l’Esprit est Souffle, principe de vie depuis les origines : grâce au dernier souffle de Jésus sur la Croix, grâce au sang et à l’eau sortis de son Cœur après sa mort, nous avons à notre disposition une assistance respiratoire divine, qui nous fait avec Jésus vainqueurs de la mort ; il est bienfaisant de nous en rappeler en ces semaines d’angoisse et de deuil que nous connaissons depuis le début du Carême. L’annonce de la Résurrection de Jésus nous touche au cœur de l’épreuve planétaire qui nous atteint dans notre vie de chaque jour.

  Nous venons d’entendre le début du chapitre 20 de saint Jean, qui raconte la délicatesse infinie de Jésus ressuscité à l’égard de Marie-Madeleine, de Pierre et de Jean lui-même. De grand matin, la pierre a été enlevée du tombeau, qui est vide ; les linges qui enveloppaient Jésus sont à plat, affaissés : dans un souffle puissant, Jésus s’est dégagé de ces entraves de mort pour passer en tout son être à la vie éternelle, non dans une manifestation théâtrale dont les Évangiles ne parlent jamais, parce qu’il n’en a jamais voulu, mais dans une présence nouvelle, la même et autre, auprès des siens et de tous ceux qui lui donnent leur foi et deviennent ses disciples, pour « avoir la vie en son nom » (20, 31). « L’autre disciple entra dans le tombeau après Pierre.  » Il comprend, éclairé par l’Esprit, ce qu’il exprime avec deux petits mots : « Il vit et il crut  » (8).

  Ceci concerne le matin du jour de Pâque. Le soir, les disciples sont enfermés dans le cénacle, confinés «  par crainte des Juifs » (19). Jésus vient et il est là au milieu d’eux : il les a rejoints sans aucune ostentation, comme il nous a retrouvés dans nos maisons, dans nos liturgies domestiques tous ces jours saints, frères et sœurs. Qu’est-ce qu’il leur dit ? Deux fois, il les salue : « La paix soit avec vous ! » Cette présence douce et lumineuse les remplit de joie : elle fait couler en leurs cœurs l’amour, la joie et la paix, signes de l’action intime de l’Esprit Saint. Ce n’est pas fini. Jésus, missionné par le Père, les envoie en mission : « De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et leur dit : Recevez l’Esprit Saint !  » (21, 21-22). Sur la Croix, Jésus a rendu son dernier souffle, il est vraiment mort pour nous ; il est allé jusqu’au bout de l’amour. Trois jours plus tard, conformément à sa triple annonce de son Mystère pascal, la première chose qu’il fait quand il rencontre ses disciples, c’est de leur communiquer ce Souffle qu’il a remis à son Père, qu’il a retrouvé et qu’il insuffle à ses Apôtres, pour qu’ils le transmettent à l’Église, ce que je ferai dès que possible pour les confirmands qui attendent.

  Oui, frères et sœurs du Ressuscité, nous devons rester dans nos cénacles, mais Jésus vient nous y retrouver de façon inattendue et discrète, avec des signes qui demandent notre attention du cœur. Au soir de Pâques, l’Esprit est déjà donné aux Apôtres et nous expérimentons la force et la fraîcheur de son Souffle ; nous attendons la Pentecôte pour qu’il nous rassemble et fasse de nous tous les joyeux témoins de sa victoire sur le Mauvais et sur la mort. Recevez l’Esprit Saint ! Alleluia !

Matin de la Résurrection
Dimanche 12 Avril 2020
En la Cathédrale Saint-Étienne
de Toulouse confinée