Avec la Commission diocésaine d’Art sacré
Voici une invitation à la découverte d’un édifice, l’église, qui raconte une histoire et qui interpelle le visiteur.
La porte paraît un objet sans importance que l’on franchit quotidiennement sans y prêter attention. Et pourtant, force est de rendre compte l’attention et le soin qu’à toute époque et en tout lieu les hommes lui ont toujours accordé. Son importance est telle qu’une église n’existe pleinement qu’au moment de la construction de son portail : c’est lui qui définit l’église. D’où l’importance qu’on lui accorde dans les rites de dédicace.
En effet, la porte revêt une charge symbolique profonde. Elle sépare un extérieur et un intérieur, elle délimite deux espaces a priori opposés : l’un connu, visible, l’autre chargé du mystère de l’inconnu, de l’invisible. Dans la religion, la porte est ce lieu de passage du monde profane au monde sacré. Ce signe est porté et magnifié par l’art : le Christ trônant dans une mandorle, signe d’ouverture, d’accueil de l’humanité pécheresse.
La porte se veut une invitation à la conversion. C’est pourquoi les portails aiment représenter les scènes du jugement dernier : elles rappellent aux hommes leur condition de pécheurs et la stricte nécessité de se convertir pour avoir la vie éternelle.
Se retrouver au seuil d’une église demande donc une démarche personnelle, une démarche de foi : il faut se convertir pour avoir accès à la cité sainte. Le croyant doit faire le pas de franchir le seuil, d’ouvrir la porte de son cœur au Christ pour se laisser transformer.
Mais ce chemin de conversion est aussi celui de l’attente. Attente du retour du Sauveur qui reviendra à la fin des temps pour juger et sauver l’humanité : les scènes de parousie en même temps qu’elles incitent à la conversion, expriment cette attente. Jésus est lui-même la porte : « Je suis la porte, celui qui croit en moi aura la vie éternelle ». (Jn 10,7). Il invite à la conversion pour passer par la porte étroite de la foi, afin que par lui, l’homme puisse avoir accès à la vie éternelle.
Située bien souvent vers l’occident, horizon qui voit mourir l’astre du jour, la porte est ce passage des ténèbres de la mort vers la lumière de vie du soleil levant. Ce passage de la mort à la vie se fait par le Christ, véritable médiateur rétablissant le lien rompu entre Dieu et l’humanité. Le Christ, est bien, cette porte : il est ce passage, Lui sans qui l’homme ne peut être sauvé.
Tout d’abord, l’église offre à celui qui entre un sentiment de sécurité face à toutes les agressions extérieures. L’église a d’ailleurs été perçue à certains moments comme un lieu défensif, une place forte protégée du monde extérieur. Il en est ainsi des églises jusqu’à la période d’ouverture au monde de l’époque gothique ; ce sentiment de protection se caractérisait par la présence massive des tours et des murs épais. La porte se voulait ainsi une protection contre les forces hostiles du mal.
Ensuite, la porte est aussi le lieu de réconciliation avec Dieu, réconciliation que peut symboliser l’arc : il offre une solidité, la beauté et la force d’une alliance en réunissant les deux côtés opposés de la porte en une Arche d’Alliance.
Enfin, la porte de l’église est l’entrée dans une communauté, communauté qui se rassemble dans la maison de Dieu en attendant d’être unie dans la cité céleste.
Le mot « nef » signifie vaisseau au sens premier « navire ». C’est la raison pour laquelle il a été particulièrement utilisé pour désigner cette partie de l’église. Le symbole du bateau pour désigner l’Église renvoie à l’enseignement de Jésus qui s’est souvent fait à partir d’une barque sur la mer de Galilée, où se trouvaient les tout premiers apôtres — symbole de l’Église naissante — qui y pêchaient.
La nef invite symboliquement à marcher vers l’Orient, le Soleil levant, à passer des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie, à accomplir un déplacement intérieur. Sur ce parcours, les vitraux, qui représentent le plus souvent des scènes de la Bible, de la vie de Jésus, de la Vierge Marie ou des saints, notamment du saint patron de l’église, sont des fenêtres de lumière, mouvante selon l’heure et les couleurs du temps.
Avant le chœur, la croisée du transept, point de croisement entre la nef principale et le transept (une nef transversale), est le lieu précis où sont célébrés les temps forts de l’existence de tout baptisé : baptême, communion, mariage.
La nef représente le lieu où l’on peut s’asseoir et se lever pour prendre le temps d’entendre et d’écouter la Parole. La liturgie établit un lien entre les deux moments, celui du passage de la porte et celui de la proclamation de la Parole. En effet, quand nous franchissons la porte qui nous fait pénétrer dans l’église, nos oreilles sont sollicitées. Elles l’étaient déjà, peut-être, dehors, par la sonnerie des cloches, et, elles sont à nouveau dedans par la musique douce d’un CD ou par la musique de l’orgue. Le message qui nous est envoyé est clair : il faut ouvrir les oreilles parce que l’Evangile est une Parole à entendre.
Lieu de déplacements :
La nef est également l’espace où se déploient les processions et les divers cheminements. N’y a-t-il pas là, un rapport entre la Parole et la marche ? Pour parler, il faut mettre un mot après l’autre, pour marcher, il faut faire un pas après l’autre. Parler, c’est donc accepter la succession des mots et des phrases, du temps, c’est en quelque sorte entrer dans l’histoire. Parler et écouter demande du temps : il faut donc un lieu pour s’installer, se poser, s’asseoir. La nef offre cette possibilité.Remarquons que c’est précisément le peuple qui a marché pendant quarante ans dans le désert qui a ensuite mis des mots par écrit pour raconter que Dieu parle et propose son Alliance au long de l’histoire du peuple, mais aussi au long de son itinéraire.
Vitrail de l’Annonciation, église de la Dalbade
Si l’on suit le déroulement habituel d’une liturgie, après le temps de l’accueil et le temps de l’écoute de la Parole, l’assemblée se tourne, se déplace visuellement, s’oriente vers l’autel dans le chœur où le célébrant vient de s’avancer.
Pourquoi ? Dans une église, l’autel est le lieu vers lequel tout converge car il est le centre de l’action de grâce qui s’accomplit par l’Eucharistie.
En ce sens, l’édifice raconte non seulement le cheminement, mais dit la finalité : si nous entrons, si nous écoutons la Parole de Dieu, si nous y répondons, si nous nous mettons en marche, c’est pour célébrer les mystères, pour les vivre aujourd’hui.
Nous le savons, l’autel symbolise le Christ, comme l’explique la cinquième préface pascale : « Quand il s’offre pour notre salut, il est à lui seul l’autel, le prêtre et la victime ». C’est parce qu’il est le signe de cette présence du Christ au milieu de son peuple que l’autel est l’objet de marques de vénération particulière : salutation, baiser, encensement.
L’autel, image du Chrétien :
Si nous réfléchissons, nous pouvons penser qu’il symbolise aussi le chrétien. En effet, l’autel est recouvert d’une nappe blanche qui évoque les vêtements blancs des baptisés, et comme eux il porte les cierges allumés. Le rite de consécration d’un autel reprend d’ailleurs les symboles baptismaux : bénédiction avec l’eau, onction avec le saint-chrême, (en fait le symbole du Christ que le Père a oint de l’Esprit Saint), déploiement de la nappe blanche et des cierges.
En effet, nos célébrations associent le Christ et le chrétien, le mystère du Christ Sauveur et le mystère du chrétien sauvé. Ainsi, nous apprenons à vivre selon Dieu et à pratiquer les gestes que nous voudrions vivre dans notre vie de baptisé.
A l’intérieur de l’autel, on dépose des reliques de saints, de chrétiens qui ont vraiment mis en œuvre dans leur vie ce que nous célébrons.
Dans les églises anciennes, l’autel est souvent placé dans un espace surmonté d’une voûte qui figure le ciel. Parfois, il s’agit même d’une coupole décorée d’étoiles. Les actes qui se vivent à l’autel sont situés dans l’axe qui relie le ciel et la terre, ce sont des gestes et des paroles d’Alliance qui sont actualisés, qui unissent la vie du ciel et la vie de la terre.
S’approcher de l’autel nous approche du mystère de Jésus le Christ, vrai Dieu et vrai homme.
Pendant la période qui précède Noël, nos villes et villages se parent de lumières qui préparent une fête.
La lumière, c’est un élément symbolique de la religion catholique. Découvrons ici le sens de sa présence au fil de l’année liturgique.
Le symbolisme de la lumière est présent dès les débuts de l’Église, comme il l’était dans toutes les religions. Par opposition à l’obscurité, à l’ignorance, au péché, à la mort, la lumière symbolise la joie, le bonheur, la vie, la présence divine.
Aussi le christianisme a-t-il repris à son compte des coutumes païennes ou juives. Dans l’Ancien Testament, la lumière évoque Dieu (Ex 13, 21 ; Ez 10, 4) ; dans le Nouveau Testament, elle dit que Dieu s’est incarné en Jésus (Jn 1, 5-9) et Jésus se présente aussi comme la lumière venue dans le monde (Jn 12, 46). La liturgie a pris à son compte ce symbole sous diverses formes.
Dans la liturgie du temps de Noël la lumière constitue un thème dominant : la lumière (le Christ) est venue dans le monde pour en chasser les ténèbres.
Ce jour-là, nous entendrons proclamer : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi » (Is 9, 1).
L’une des caractéristiques du cycle de Noël est la profusion des lumières : bougies, cierges, guirlandes. Le temps de l’Avent y prépare déjà avec la traditionnelle couronne ornée de bougies. Il faut en saisir tout le sens : toutes les bougies allumées dans nos maisons, les cierges de nos églises rappellent que le Christ, lumière du monde, a triomphé des ténèbres de la mort et du péché.
Et le cierge pascal ?
Sa tradition remonte aux premiers temps de la chrétienté. La nuit de Pâques, le cierge pascal symbolise le Christ ressuscité, vainqueur des ténèbres et de la mort, auquel les chrétiens prennent la lumière qui éclaire leur vie et illumine le monde. On y retrouve la même symbolique qu’à Noël, nous montrant ainsi combien la nativité et le mystère pascal sont étroitement liés à travers ce signe qu’est la lumière.
La lumière dans la prière quotidienne
Ce thème s’exprime aussi dans les luminaires. Dans les premiers siècles, les chrétiens allumaient une lampe à huile au moment de la prière quotidienne, signifiant ainsi la présence du Christ au milieu d’eux. Progressivement, les luminaires vont trouver place dans les églises. On les porte dans la procession d’entrée au début d’une célébration et à la procession de l’Évangéliaire.
A partir du XIe siècle, on place les luminaires sur l’autel. Ils honorent ainsi la personne du Christ, symbolisé par l’autel.
La flamme qui brûle devant la réserve eucharistique tient à rappeler la présence du Christ dans le pain consacré. Devant le tabernacle : « brûle la flamme, image et symbole de notre vie ». Y pensons-nous ?
La veilleuse et la flamme qui luisent à travers la lampe du Saint-Sacrement, c’est nous… Par elle-même, cette lumière matérielle ne parle pas à Dieu : à nous de lui donner un langage et d’en faire l’expression de notre vie livrée tout entière à Dieu.
Les votives, les cierges
Quant aux veilleuses et aux cierges que l’on trouve dans tous les lieux de culte chrétien, ils n’ont pas le même symbolisme.
Ils renvoient à deux types de prière : la veille et l’attente, la demande à Dieu, au Christ, à Marie ou à un saint.
La flamme de ces cierges et veilleuses témoigne du désir de prière de celles et ceux qui les ont allumés.
Ainsi, dans différents lieux, sous diverses formes, la lumière qui brûle dans nos églises, nous invite à chercher Dieu au-delà de toute lumière, à le prier, à lui rendre grâce.
Détail de la porte de l’église de Villefranche de Lauragais
La présence d’une sirène, animal mythique par excellence, sur la porte d’une église peut surprendre. Pourtant, depuis la nuit des temps, cette enchanteresse hante l’imaginaire humain.
De nature ambivalente dans l’antiquité, elle accompagnait l’âme des défunts mais avant tout, elle appartenait à la cohorte des créatures hybrides et cruelles de la mythologie grecque, aux côté des Gorgones ou autres harpies. Au Moyen-Âge, elles cherchaient à séduire les hommes pour les conduire à leur perte.
De même, leur représentation artistique a évolué dans le temps. Dans l’iconographie grecque, c’est au chant envoutant de femmes au corps d’oiseau qu’Ulysse a dû résister en s’attachant au mât de son navire. Plus tard, l’art roman les représente sous les traits d’un buste de femme terminé par une queue de poisson. Sculptées sur les chapiteaux, aux tympans des églises, ou sur les stalles comme à Saint-Bertrand de Comminges, elles symbolisent alors la séduction et la tentation, dotées d’une longue chevelure et de formes opulentes.
A Villefranche, le fidèle qui franchit cette porte est fermement invité à résister aux appels de cette créature voluptueuse et séductrice et à affirmer ainsi sa détermination dans son combat spirituel.
"Franchir la porte, c’est vivre une Pâque".
"La porte offre une sécurité".
La nef : un lieu de déplacement
Procession d’entrée du Lundi Saint dans la cathédrale Saint-Etienne
La nef : un lieu d’intériorité
Rayon de lumière dans la nef de la Dalbade