Hommage à Jean Vanier, fondateur de l’Arche

par le père Lizier de Bardies

Hommage à Jean Vanier, fondateur de l’Arche

Prêtre accompagnateur de l’Arche-en-Pays Toulousain, depuis son ouverture à Blagnac en mars 2012, j’ai eu plusieurs fois l’occasion de rencontrer Jean Vanier, à Trosly-Breuil, près de Compiègne, à Paray-le-Monial pour la fête des 50 ans de l’Arche, et même à Toulouse où Jean Vanier était venu visiter la communauté naissante et donner une conférence dans la paroisse du Christ-Roi dont j’étais alors en charge.

Mais je garde un premier souvenir beaucoup plus ancien, un soir de vendredi saint, où Jean Vanier était invité (avec notamment sœur Emmanuelle) à participer à l’émission littéraire de Bernard Pivot, « Apostrophes ». À une question posée par Bernard Pivot : « Comment, finalement, choisit-on de partager sa vie avec des personnes handicapées ? », Jean Vanier avait répondu à peu près, avec profondeur : « Je ne sais pas si on choisit : on est choisi… »

Jean Vanier a posé pourtant des choix radicaux dans sa vie, renonçant à la carrière qui s’ouvrait pour lui dans la Marine britannique, après la guerre, puis à un poste confortable de professeur de philosophie (il était titulaire d’un doctorat) à Toronto. Il expliquera plus tard que la parabole de Jésus : « Le sarment qui porte du fruit, mon Père l’émonde pour qu’il en porte davantage  » signifie cela : renoncer à quelque chose qui est bon pour meilleur encore.

Jean avait reçu de sa famille une foi profonde, adulte et engagée, et est demeuré toute sa vie un homme de prière et de méditation, profondément attaché à Jésus et à l’eucharistie, scrutant particulièrement l’Évangile selon saint Jean qu’il a longuement commenté au fil des innombrables conférences, retraites, causeries et autres méditations plus ou moins improvisées qu’il a données tout au long de sa vie.

Pour ma part je suis touché par sa profonde humilité, toute empreinte de l’Évangile : il ne donnait pas de leçon, ne faisait pas de théorie, mais témoignait avec simplicité de ce qu’il vivait, de ce qu’il découvrait, de ce qui le faisait vivre, et de ce qui le faisait souffrir. Il invitait ses auditeurs à rejoindre Jésus là où il demeure caché, « dans le faible et le pauvre  ». Fin connaisseur des forces et des faiblesses de l’être humain, qu’il avait d’abord découvertes en lui-même, il en témoignait en parlant de la compassion, cet « instinct de vie qui doit être complété par la grâce  » pour que l’homme devienne davantage semblable à son Créateur. La compassion n’est pas une simple émotion, elle demande aussi « une certaine sagesse », par l’éveil de l’intelligence et des compétences. « Le pauvre éveille ce qu’il y a de plus beau dans l’être humain : son cœur ». Le message central du message de Jésus-Christ, expliquait-il également, est que «  tout être humain, quelle que soit sa culture, son ethnie, ses capacités est aimé de Dieu  ».

Pour Jean Vanier, la compassion portait également une exigence : « Si l’on veut annoncer une bonne nouvelle aux pauvres, il faut demeurer avec eux  ». À l’Arche-en-Pays toulousain, assistants salariés, volontaires en année civique, stagiaires, responsable, amis et bénévoles forment avec les résidents ou les externes une communauté fort variée. Accompagnants et accompagnés tissent des relations mutuelles qui vont au-delà de l’aide et du travail. Ensemble, les membres de L’Arche, qu’ils aient ou non une déficience intellectuelle, construisent leur vie communautaire : participation aux tâches, aux décisions, aux réflexions, aux fêtes et aux rassemblements, au souci les uns des autres. Chacun est invité à contribuer à la vie ensemble, selon ses aptitudes et ses désirs. La vie commune avec des personnes fragiles, aux formes d’intelligence parfois déroutantes mais au cœur toujours disponible renvoie parfois les accompagnants à ses propres faiblesses et à ses propres fragilités. Mais tous y découvrent, je crois, la profonde vérité de la formule si souvent citée de Jean Vanier : « Tu es plus beau que tu n’oses le croire  ».

Père Lizier de Bardies,
prêtre accompagnateur de l’Arche en Pays toulousain

 

► Pour rassembler les amis de Jean Vanier, une messe sera célébrée en l’église de Saint-Pierre de Blagnac le vendredi 24 mai à 18h30.

 

► Témoignage de Raul, coordinateur international de Foi et Lumière, à la famille de Foi et Lumière, également fondée par Jean Vanier :

 


Actualité publiée le 5 mai 2019

 

 

À la suite des révélations du 22 février 2020,
trouvez ici la
Déclaration des Évêques de France

au sujet des révélations sur comportement
de Jean Vanier à l’égard de plusieurs femmes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

► Pour rassembler les amis de Jean Vanier, une messe sera célébrée en l’église de Saint-Pierre de Blagnac le vendredi 24 mai à 18h30.

 

 

 « Je rends hommage à la figure d’un homme qui s’est laissé toucher par la fragilité humaine et en particulier celle des personnes marquées par le handicap.  »
Mgr Georges Pontier, archevêque de Marseille et président de la CEF

« Je rends grâce pour le témoignage de proximité qu’il laisse avec les plus fragiles d’entre nous. Compassion et tendresse furent les moteurs de sa vie. Il nous rappelle que nous sommes aimés tels que nous sommes. »
Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, secrétaire général et porte-parole de la CEF

« Jean Vanier a rejoint le Seigneur Jésus, qu’il n’a cessé de voir à travers les personnes atteintes de handicap mental.  »
Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris

« Ce visage d’une Église pauvre pour les pauvres, ce regard de compassion dans lequel on croit lire les prénoms de tous ceux qu’il a accueillis. »
Mgr Emmanuel Gobilliard, évêque auxiliaire de Lyon

«  Grâce au dynamisme des communautés de l’Arche et de ces associations, le message de Jean Vanier et l’œuvre de toute sa vie sont plus vivants que jamais. »
Emmanuel Macron

 

 

 

Prière des foyers de l’Arche

Ô Marie, donne-nous des cœurs attentifs,
humbles et doux
pour accueillir avec tendresse et compassion
tous les pauvres que tu envoies vers nous.

Donne-nous des cœurs pleins de miséricorde
pour les aimer, les servir,
éteindre toute discorde
et voir en nos frères souffrants et brisés
la présence de Jésus vivant.

Seigneur, bénis-nous de la main de tes pauvres.
Seigneur, souris-nous dans le regard de tes pauvres.
Seigneur, reçois-nous un jour
dans l’heureuse compagnie de tes pauvres.

Amen !