Imposition des mains, prostration, remise du calice et de la patène, vêture, accolade fraternelle… Nous connaissons plus ou moins les rites qui composent une ordination presbytérale. Peut-être même qu’il y en a un qui nous touche plus particulièrement. Ce serait d’ailleurs intéressant d’échanger entre nous. « Pourquoi celui-ci plus qu’un autre ? »
Mais pourrions-nous énumérer dans l’ordre tous ces rites sans nous tromper et sans en oublier un ? Bien plus, saurions-nous dire en quoi et pour quoi ils sont reliés entre eux ?
Comme le dit le pape François, il est urgent que nous puissions tous ensemble « comprendre le dynamisme qui se déploie à travers la liturgie » (Desiderio desideravi, n. 49), y compris celle d’une ordination presbytérale. Car ceci ne concerne pas uniquement celui qui va devenir prêtre mais aussi, et on pourrait même dire surtout, l’ensemble du peuple de Dieu. En effet, on ne devient pas prêtre par soi-même et encore moins pour soi-même. C’est par l’Église et pour elle qu’on devient prêtre. La célébration liturgique en est le signe visible et efficace !
C’est la sainte Église « notre mère » qui présente à l’archevêque le futur prêtre après que « le peuple chrétien a été consulté » (cf. Rituel de l’ordination). C’est, d’une certaine manière, le premier rite de l’ordination, avec le chant d’entrée qui « favorise l’union de tous les fidèles rassemblés » (cf. Présentation générale du Missel Romain, n. 47).
On l’oublie trop souvent mais la proclamation et l’écoute de la Parole de Dieu constitue un rite essentiel et capital ! Si des hommes se lèvent pour devenir prêtres, « collaborateurs des évêques dans le sacerdoce », c’est toujours en écho à la parole de Dieu, comme une réponse faite à son appel. Voilà pourquoi c’est dans le mouvement de la liturgie de la Parole que l’évêque relance cet appel au futur prêtre en présence de tout le peuple de Dieu qui devient alors témoin de son engagement et de sa promesse. Ainsi, le futur prêtre peut se remettre à la prière de toute l’Église, celle du ciel et de la terre, comme nous le montre la litanie des saints avec la prostration. Geste qui dit aussi le don total fait à une terre particulière et à une église locale.
L’évêque et les prêtres viennent ensuite imposer les mains sur l’ordinant. Tout se fait alors dans le silence, « symbole de la présence et de l’action de l’Esprit Saint » (Desiderio desideravi n. 52, Pape François) car c’est lui qui traverse toute la prière d’ordination qui suit. En reconnaissant que c’est toujours par l’Esprit Saint que Dieu guide son troupeau, nous faisons monter vers Dieu cette prière : que celui qui est appelé à participer à l’œuvre du Christ, son unique pasteur, soit rempli de son même Esprit.
Les rites qui en découlent – la vêture de la chasuble, l’onction des mains et la remise de la patène et du calice – le disposent à exercer ce qui est à la source et au sommet de son ministère : l’Eucharistie. Le baiser de paix qu’il échange alors avec l’évêque et les prêtres signifient qu’il n’est pas seul et que c’est dans la communion et l’amour fraternel qu’il est désormais appelé à exercer son ministère « pour la gloire de Dieu et le salut du monde ».
Ainsi, le dernier rite de l’ordination est celui qui achève toute célébration : la communion dans le Christ et avec toutes celles et ceux vers qui il nous envoie.
Père Arnaud Franc
Responsable de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle du diocèse de Toulouse