Hommage au père Georges Boyer

Diocèse de Toulouse

Hommage au père Georges Boyer

Nous vous l’avions annoncé, le père Georges Boyer a rejoint la maison du Père mardi 3 novembre 2020 à la Maison Saint-Augustin, dans sa 80ème année. Ses funérailles ont été célébrées par Mgr Le Gall, en même temps que celles du père Marcel Viarouge qui nous a quittés le même jour. Contexte de pandémie oblige, elles ont été célébrées dans une stricte intimité.

Nous vous proposons ici différents témoignages dont certains ont été lus lors de ses obsèques.

 

Présentation lue lors des obsèques

« Georges Boyer a peut être compté parmi les prêtres les plus disciplinés du diocèse.

Il a été ordonné diacre en juillet 1969 par le Cardinal Marty, puis prêtre à Noël de la même année. Au bout de 5 ans, il est venu comme vicaire à Saint-Gaudens, où il est resté 6 ans, et depuis il a fait plusieurs postes de curé, en moyenne pour une durée de 6 ans, selon ce qui lui a été demandé : observata lege plene : il a observé entièrement la loi !

Pour le reste, il était assez difficile à cadrer car son charisme propre était l’aventure dans la rencontre. Après 45 ans de bons et loyaux services, mis à la retraite, il a pu encore mieux se donner à son propre penchant, avec son slogan : aller vers...

Le début de son ministère a été marqué par la figure du Cardinal Marty, rouergat comme lui, devenu archevêque de Paris, mais bien enraciné dans sa terre natale. Les dernières années, c’est la parole du pape François qui lui a servi de boussole, lorsqu’il recommandait aux prêtres de garder l’odeur du troupeau qui leur est confié, et aussi de se fier au flair que ce troupeau peut avoir pour discerner ce qui est bien et réellement bon pour lui.

Prêtre engagé, prêtre tout terrain, il n’était pas pour autant un franc tireur. Nous nous sommes suivis, pendant toutes ces années, à travers la pastorale en Mission Ouvrière. Qui dit Pastorale dit confrontation, et Mission Ouvrière dit effort pour s’adapter aux réalités et aux dynamismes vécus dans le monde ouvrier ou populaire. »

 

 

Guy Aurenche, président du CCFD en 2012 : L’Espérance des prophètes 

« Je le crois, c’est un travail passionnant de tenir le rôle de « prophète » qui contribue non pas à prédire l’avenir, mais à indiquer la route à prendre et qui, surtout, commence lui-même par prendre cette route. Vous le savez, les prophètes ne se contentent pas de faire « la leçon » à leurs contemporains. Ils se mettent eux-mêmes en état de transformation, de conversion. Ils se mettent en colère, mais surtout, ils veulent être pleinement des hommes, des femmes du matin. »

 

 

Par Pierre Raffin, Aumônier Diocésain de l’ACO

« À notre dernière rencontre de prêtres et accompagnateurs de l’ACO, Georges nous a apporté ce qu’il vivait dans le quartier des Izards qu’il fréquentait depuis 6 ans. Un quartier rongé par la drogue et la violence, qui a reçu cet été la visite de quatre ministres...

Grâce à son extraordinaire mémoire, il pouvait interpeller tout le monde, donner un peu d’espoir et suivre la vie des associations comme Izarattitudes, qui cherche à coordonner les actions grandes et petites pour donner une image nouvelle au quartier, ne pas se laisser enfermer dans la peur, réhabiliter l’environnement. Ces associations ont fait circuler une lettre de Georges qui réclamait le nettoyage d’un terrain de foot devenu un dépotoir.

Rechercher, découvrir la foi de l’autre, s’engager avec lui, recevoir des coups... cela conduit, d’une façon que Dieu connaît, à la rencontre de l’Autre avec un grand A, s’ouvrir à ce qu’il veut nous proposer. Georges, c’est sur le seuil de cette pleine découverte que tu te trouves maintenant. Les sillons que tu as tracés demandent que d’autres jettent la semence. C’est ce qui doit arriver pour que ta joie soit complète, et la nôtre avec toi ! »

 

 

Hommage de l’équipe du DAL31 à Georges Boyer, un prêtre progressiste et militant infatigable

« Nous apprenons avec une très grande tristesse le décès de notre camarade et ami de longue date, Georges Boyer. Georges fait partie de ces êtres exceptionnels qui ont soutenu et participé à toutes les luttes du DAL31 et des migrant-e-s en général. Il avait compris l’importance d’aider ces personnes en tant qu’êtres humains. Il avait compris que les mal-logé-e-s, les sans-abris, les migrant-e-s et les réfugié-e-s que tout le monde rejette avaient besoin d’aide ou au moins d’une écoute. Jusqu’au bout de sa vie, il a aidé les réfugié-e-s syriens des Izards, des migrant-e-s bulgares, passait à la réquisition du 36 rue Roquelaine ou au Centre Solidaire Abbé Pierre.

Georges faisait partie de ces gens qui donnaient un vrai sens à la foi, loin des caricatures du clergé officiel et du prosélytisme. Prêtre progressiste, toujours aux côtés des plus démuni-e-s et respectueux des croyances de chacun-e. Un vrai camarade de lutte, sans aucune prétention.

Systématiquement coiffé de son béret rouge, nous nous souvenons de ces longues réunions, de ces longues luttes, où il était toujours là à nous aider et nous soutenir. On se souvient de ses petites blagues remontant le moral. On se souvient de ses paroles toujours réconfortantes. On se souvient de son engagement auprès des jeunes de quartier pour les sortir de l’isolement et du marasme où l’État les a placés, notamment par le biais d’activités collectives et sportives.

On ne pouvait pas se brouiller avec Georges. C’était simplement Georges, un soutien sans faille. Un prêtre qu’on aimerait croiser plus souvent. Un prêtre qui devrait exister plus souvent. Un prêtre que nous regretterons amèrement dans ce monde obscur. Nous continuerons nos luttes pour toi, Georges, repose en paix, tu l’as mérité avec tout ce que tu as fait. »

 

 

Georges, par l’équipe ACO Nord-Sud

« PTT, Georges aimait se définir comme un Prêtre Tout Terrain. Effectivement il était sur tous les terrains :

  • du sport : il était bénévole pour accueillir les supporters de foot, il a même composé un Notre Père du footballeur ; puis il y a eu le rugby, le marathon et même la Ligue du cancer ;
  • des réfugiés : il a permis à de jeunes Syriens de monter une équipe de foot avec des maillots gratuits ; à Borderouge, il animait la messe du samedi soir à Sainte-Germaine ; par la suite, à l’occasion de la Journée mondiale du réfugié, il invitait de nombreuses personnes en responsabilité sur leur régularisation : DAL, Izard attitude, Amis des Syriens, au cours d’un partage avec les équipes ACO de l’Union et des Minimes...

Après la mort des trois jeunes au quartier des Izards, il était présent à la préparation de la manif, il donnait un coup de mains pour confectionner des fleurs en papier à accrocher au tee-shirt, et le jour de la manif il était présent et passait de groupe en groupe, saluait chacun et chacune.

Les organisatrices trouvaient qu’il y avait peu de monde car « il y a la peur » ; par contre les enfants, des fillettes, s’emparaient des pancartes adossées au mur et, en riant, traversaient les différents groupes en discussion. Avec son béret rouge, il se plaisait à nous dire qu’il était reconnu dans de nombreuses occasions.

Pour notre dernière rencontre d’équipe ACO, nous avions choisi de prier collectivement pour que la santé de Claude s’améliore. Il était en grande souffrance après être sorti du Covid. Lucette avait noté de nombreux passages de l’Écriture concernant la souffrance, Anne-Marie avait mis en musique tous ces apports en sollicitant de chacun d’entre nous une prière.

Je demandais à Georges s’il était possible de conclure par une bénédiction. Après réflexion, il me dit que oui. Il ferait comme le pape à St-Pierre : il donnerait une bénédiction Urbi et orbi.

Voilà, cher Georges, la dernière image que nous allons garder de toi, une bénédiction « papale ». Sois certain qu’elle va nous accompagner dans nos prochaines révisions de vie. Loué sois-tu Georges ! »

 

 

Par Claude Roudière, ancien conseiller général de Verfeil et ancien maire de St-Marcel-Paulel

« J’ai été particulièrement sensible à votre appel m’informant du décès de notre char Ami, le père Georges Boyer. Vous connaissiez la qualité et la fidélité de nos relations et j’ai éprouvé, ainsi que Sylvie, beaucoup de chagrin en apprenant sa disparition brutale.

"Prêtre à l’ancienne", comme il se définissait, si émouvant dans ses homélies, étonnant dans son millitantisme, épatant dans son engagement aussi bien spirituel que sportif, dans son discours d’authentique, d’aventurier, son message faisait mouche aussi bien chez les vieux chrétiens que chez les jeunes. Entier et sans concessions, voire farouche, il méritait l’indulgence, et on ne pouvait que l’aimer.

Il a subi des épreuves mais il les a toutes surmontées et, tout entier à sa foi inébranlable, il les a joyeusement valorisées dans ses missions de "prêtre tous terrains" qu’il aimait revendiquer, ce qui ajoutait à la sympathie et à la bienveillance qu’il portait en lui.

Georges Boyer était un "personnage", singulier et attachant, et un précieux souvenir associé à la Vierge Marie, il restera présent dans mon esprit et dans mon coeur.

Et je sais que, près de Dieu, il a trouvé une nouvelle mission : nous protéger ! »

► Lire aussi ce témoignage d’une paroissienne de l’ensemble paroissial d’Aucamville-St Loup Cammas, ici.

 


Actualité publiée le 10 novembre 2020

 

 

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