« Il faut rendre à l’artiste sa vocation de prophète. »

père Vincent Gallois

« Il faut rendre à l’artiste sa vocation de prophète. »

Curé de la paroisse Saint-Sernin à Toulouse, la mission du père Vincent Gallois est de favoriser un dialogue entre l’art et la foi dans ce lieu qui s’y prête à merveille. Depuis 2013, il est délégué de l’évêque auprès de la Diaconie de la Beauté.

« Je ne suis pas artiste !  » commence par affirmer en riant le père Vincent Gallois. Au sein de la Diaconie de la Beauté, il se présente comme « facilitateur de projets ». Il encourage, stimule, ouvre volontiers les portes de sa paroisse pour différentes représentations artistiques organisées par « la Diaconie ». Et bien sûr, il incarne la présence ecclésiale au sein du groupe, rappelle le sens de ces dîners si conviviaux partagés lors des réunions. «  Le but de ces retrouvailles est de prendre son grabat et de marcher, comme on peut le lire dans l’évangile de Jean. » Malgré des apparences bien joyeuses et spontanées, ce ne sont pas de simples retrouvailles amicales, mais un lieu d’échanges constructifs, où s’affinent des idées, naissent des projets…

« L’artiste a selon moi un rôle fondamental à jouer dans notre société aujourd’hui.  » Sa sensibilité permet de saisir mieux que quiconque les préoccupations du moment, de les sentir avec justesse et les dire d’une manière toujours renouvelée : « C’est un prophète qui utilise les langages de notre temps » poursuit-il. Bien souvent, ils sont les mieux placés pour savoir comment parler de Dieu à nos contemporains. « Les artistes chrétiens sont nos nouveaux missionnaires !  » Leurs œuvres rendent à l’univers dans lequel on vit son visage humain. L’art est ce qui est gratuit, c’est une réponse au besoin de l’homme de se représenter le monde, d’en exprimer quelque chose. « Quand on veut détruire l’homme, on détruit sa production artistique. C’est malheureusement ce qui se passe aujourd’hui avec Daech  ». Il est donc fondamental de les aider, de les valoriser et de les encourager. Ils sont une voix bien précieuse de l’Église.

Ces réunions ont vocation à rappeler aux artistes chrétiens leur rôle. « La beauté est un chemin qui mène à Dieu. Elle révèle, nourrit et ils ont cela à portée de main, de pinceau, de voix…  » C’est pour cela que les temps de formation sont importants. « Ensemble, nous étudions par exemple la Lettre aux artistes de Jean-Paul II… ». Chaque année la Diaconie organise également le Festival sacré de la Beauté à l’abbaye de Lérins, près de Canne. Il offre à des artistes de toutes générations, toutes formes d’art et toutes confessions des enseignements riches et des échanges constructeurs.

Une initiative comme la Diaconie de la Beauté est porteuse d’espérance. « La beauté sauvera le monde » disait Dostoïevski.

Valérie de Bouvet