Anne Facérias
Anne Facérias et Daniel, son mari, ont fêté le 24 juin dernier les 25 ans de leur premier spectacle. Le sujet ? Bernard de Clairvaux, un saint. Depuis 25 ans, Anne et Daniel créent et organisent des spectacles sur la vie des saints, lui écrit, elle produit. Une vingtaine de spectacles ont vu le jour.
Ce travail artistique leur a donné l’occasion de côtoyer deux mondes parallèles : celui de l’art et celui de l’Église. D’un côté une Église qui paraît figée, où l’art n’appartient qu’au passé, d’un autre un art dénué de sens, en quête désespérée de spiritualité. Mais ce n’est pas dans une église que les artistes vont aujourd’hui la chercher, « l’Église, c’est enfermant ! » entendent-ils bien souvent. Or, et ils en sont témoins, l’Église est porteur de nombreux talents… « Au Moyen-Âge par exemple, les artistes étaient sur les parvis des églises, ils construisaient des cathédrales. Aujourd’hui, un fossé immense sépare ces deux univers » regrette Anne.
« Redonner la beauté aux artistes et les artistes à la beauté, redonner l’Église aux artistes et les artistes à l’Église. » C’est ce qu’ont voulu faire Anne et Daniel Facérias en fondant la Diaconie de la Beauté, un mouvement qui réconcilie ces deux forces. Un mouvement d’artistes convaincus que les deux sont liés. « Les artistes ont besoin de l’Église, affirme-t-elle, ils sont souvent traversés par une lumière, une transcendance, mais ne savent pas d’où elle vient. En aidant l’artiste à retrouver son unité intérieure et sa relation avec le Créateur. »
C’est en octobre 2012, lors du synode sur la nouvelle évangélisation, l’intuition s’est concrétisée par la proposition n°20 : « Nouvelle évangélisation et chemin de beauté ». Ils se sont donc tournés vers l’Eglise afin de concevoir leur projet à sa lumière. Le point d’honneur donné à cette initiative est en effet d’être enraciné dans l’Église : « nous ne tenions pas à créer notre propre liturgie ».
Depuis trois ans, l’initiative est lancée et le feu prend… De nombreux événements sont organisés : des festivals – comme le festival off de l’âme à Cannes, qui permet de proposer quelque chose de différent du festival lui-même –, des expositions, des spectacles… Des projets voient peu à peu le jour, comme celui de la création de maisons d’artistes, lieux dans lesquels ils vivent et exercent leur art, lieux de formations, de colloques… où la vie spirituelle a toujours la primauté.
La Diaconie de la beauté s’articule autour de cinq piliers : la prière, le témoignage, la formation, la solidarité et l’annonce de l’évangile. « La Diaconie » comme ils l’appellent entre eux, est avant tout une aide pour retrouver le sens de la prière. C’est sur ce socle que naît entre les membres un lien d’amitié et d’entraide. Comme l’affirme avec douceur Anne Facérias, les artistes n’arrivent pas toujours à aller au bout de leur art, ils ne s’accomplissent pas, pour des raisons diverses de contextes difficiles, de moyens manquants… ils ont besoin d’être soutenus. Cette aide, ils la puisent dans la prière, le soutien des autres artistes et la formation. « L’élan artistique a besoin d’une structure, d’une direction pour éclore ». Théophile Gautier le disait lui même : « Que ton rêve flottant se scelle dans le bloc résistant ! ». Des sessions de formation de deux à trois jours sont régulièrement organisées à cet effet. Les prochaines auront lieu en février à Rome, en mai à l’abbaye de Lérins et en août à l’Ile de la Réunion. « Nous tenons à ce que ces sessions aient lieux dans des endroits porteurs par leur beauté ! »
Valérie de Bouvet
Comédienne, conteuse, chanteuse, formée en philosophie, théâtre et chant, Marine de Charrin harmonise avec justesse sa vie de famille et sa passion artistique. Le sourire et la gaité au diapason des couleurs de sa robe, elle évoque son expérience d’initiatrice avec le frère dominicain Arnaud Blunat de la Diaconie de la Beauté à Toulouse, et d’artiste…
Cécile Moreau est violoniste et professeur au CRR de Toulouse. Diplômée en violon baroque, elle joue régulièrement avec différents ensembles dont l’Orchestre National du Capitole.
Curé de la paroisse Saint-Sernin à Toulouse, la mission du père Vincent Gallois est de favoriser un dialogue entre l’art et la foi dans ce lieu qui s’y prête à merveille. Depuis 2013, il est délégué de l’évêque auprès de la Diaconie de la Beauté.