« La foi sublime l’art »

Cécile Moreau

« La foi sublime l’art »

Cécile Moreau est violoniste et professeur au CRR de Toulouse. Diplômée en violon baroque, elle joue régulièrement avec différents ensembles dont l’Orchestre National du Capitole.

« Je cherchais un lieu d’Église où trouver ma place en tant qu’artiste chrétienne, se souvient Cécile, un lieu ressource, j’avais soif de partager avec des confrères une quête spirituelle authentique.  »

Artiste épanouie, vivant à plein son art, Cécile cherche pourtant davantage. Elle veut faire vivre cette partie d’elle-même animée par la foi. Discrète par nature sur ses aspirations spirituelles, elle ne se trouve pas encouragée à ce sujet par le contexte de son travail. « La recherche de l’excellence a sa part de noblesse, mais peut facilement mettre en compétition, imposer une exigence de résultats efficaces, faisant ombrage aux valeurs universelles qui me sont chères » affirme-t-elle. En tant qu’artiste chrétienne, une certaine solitude peut se faire sentir. La quête spirituelle des artistes, souvent haute, se tourne rarement vers le Christ, l’image de l’Église est plutôt négative. Beaucoup de blessures et d’incompréhensions s’y mêlent. « Tu es croyante ? Ça alors, je n’aurais jamais pensé, ça ne se voit pas car tu es quelqu’un d’ouvert et sympa !  » s’entend-elle dire un jour par un collègue.

Cécile évoque cette exigence d’être à la hauteur, de se maintenir au niveau, dans la pratique de son instrument, engendrant un retour sur soi. « Je suis parfois tentée de me focaliser sur moi-même, de chercher une technicité rassurante. Mon horizon se rétrécit... ». À travers la Diaconie de la Beauté, les liens de confiance qui s’y sont noués, Cécile trouve sa place plus sereinement. « Nos échanges, notre prière commune, renouvellent mon aspiration à la dimension spirituelle de l’art. Et l’horizon s’ouvre à nouveau...  » Dans ce lieu, les artistes se soutiennent et puisent des forces. La formation reçue est un repère, une « nourriture ». « C’est pour moi un ancrage symbolique qui me pousse à aller ailleurs, à donner mieux. Je suis plus disponible aux autres, à mes élèves, je suis une meilleure aide pour qu’ils aient confiance en leurs talents. »

La Diaconie de la Beauté se veut être un peu de vent dans les voiles, dirigeant les navires vers les frontières, les « périphéries ». Dernièrement, deux artistes de la Diaconie à Toulouse ont participé à un temps de méditation artistique avec les chrétiens de Bonne Nouvelle-Quart Monde. La fondatrice des Sœurs de la Bonne Nouvelle, sœur Suzanne, qui fut membre de la Diaconie de la Beauté, a toute sa vie réaffirmé l’importance fondamentale de la beauté pour les personnes en précarité. Telle est la vocation de la Diaconie de la Beauté : « On sort de l’aspect élitiste de l’art et on plonge dans l’humanité. Cela demande de sortir de soi, mais c’est notre vocation d’artistes et de chrétiens. »

Cécile se souvient avec émotion d’une sonate baroque jouée un jour de Pentecôte. « Quand je me mets en présence de Dieu, je lâche enfin ce contrôle. Je me laisse habiter par ce que je fais, traverser par plus grand que moi et je goûte une communion nouvelle avec le public.  »

Valérie de Bouvet