En novembre 2024, le Pape invite les chrétiens du monde à prier pour une mission partagée :
« Prions pour que tous les parents qui pleurent la mort d’un fils ou d’une fille trouvent un soutien au sein de la communauté et obtiennent de l’Esprit consolateur la paix du cœur. »
Édito novembre 2024
Oser nous rendre présent à celui qui souffre
Prions pour que tous les parents qui pleurent la mort d’un fils ou d’une fille trouvent un soutien au sein de la communauté et obtiennent de l’Esprit consolateur la paix du cœur.
Cette intention vient certainement rejoindre chacun de nous dans sa propre existence. Qui d’entre nous, en effet, n’a pas été confronté à être le proche de celui ou de celle qui vient de perdre ou a perdu un enfant, son enfant ? Bien souvent, reconnaissons-le, nous ne savons pas comment nous comporter et risquons de nous retirer dans un silence apparemment respectueux… mais peut-être bien poltron, alors que l’autre attend certainement autre chose que ce silence.
Découvrons que la situation que nous accueillons en acceptant d’être le prochain de celui qui souffre de la perte de son enfant nous appelle à maintenir le fil de l’espérance. Malgré toutes les maladresses de mon expression, par ma parole, par de simples gestes attentionnés, je puis l’aider à redécouvrir la vie et la vie en abondance… n’en doutons pas !
Sachons que celui qui a perdu un enfant, son enfant, porte en lui cette présence. Il a le désir profond, en son cœur, que son nom puisse être prononcé, qu’il puisse l’entendre proféré par la bouche d’un autre. Cette mort aura été, bien souvent, le soleil secret de la vie des parents. Comme ainsi de mon oncle et de ma tante, qui ont perdu leur ainé à l’âge de trois ans. Le ressort secret de leur générosité de vie, je l’ai appris lors des sépultures de mon oncle, aura été Bruno. Bruno a été le phare secret des investissements pour le bien commun de la cité de la part de ses parents. Ils faisaient le bien en son nom, portés par l’énergie de cette douleur transformée. Mais cela était tu, alors qu’il aurait été si bon que cela puisse être parlé, partagé ; encore aurait-il fallu que nous en parlions, que nous évoquions Bruno…
Alors n’ayons pas peur d’évoquer, auprès de l’endeuillé, le nom du disparu ; manifestons au parent que l’enfant continue à exister pour nous aussi. Cette porte ouverte peut permettre à la lumière de la vie d’entrer dans son cœur et le réchauffer. Cette porte ouverte peut porter la paix du cœur, une capacité renouvelée à dire oui à la vie toujours plus grande.
Et bien évidemment, ce que je puis tenter de faire dans le concret de mon existence, je puis, au sein du Réseau Mondial de Prière du Pape, le demander dans ma prière au Père, à Notre Père, uni au Cœur de Jésus. Je le demande pour moi et pour tous mes frères et sœurs du monde entier, confrontés comme moi à l’appel à se rendre présents auprès de la personne endeuillée de son enfant. Dans cette prière intime, je puis aussi demander au Saint Esprit, le Maître de notre Vie intérieure, de redonner par Lui-même sa paix à celui qui souffre.
P. Jean-Luc Fabre,
directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France
Témoignage – Nov. 2024 – Parents qui ont perdu un enfant
La vie, autrement
Philip et Béatrice ont chacun perdu un enfant en bas âge il y a quelques années. Ils ont accepté de partager comment ils vivent cette blessure, et témoignent en s’appuyant sur leur foi et leur chemin de vie « qu’il y a du fruit à en attendre malgré les pleurs qui ne cesseront pas ».
Béatrice, comment vivez-vous le deuil de votre petit Justin ?
Béatrice. Le décès de Justin à 7 ans, qui avait un lourd handicap, a créé pour nous un trou béant. En tant que maman, je le vis comme une amputation d’une partie de moi-même. Aujourd’hui je sens sa présence discrète dans ma vie, celle de notre famille, de nos amis qui parlent souvent de lui. Il est toujours là, mais autrement. Le processus de deuil est long, il y a encore parfois de la colère, de la tristesse. Le vide ne m’empêche plus d’avancer.
Et vous Philip celui de Marie-Emmanuelle ?
Philip. Le deuil de ma fille, qui est décédée à 3 ans et demi, a été un gouffre qui a englouti le passé et l’avenir. Avec mon épouse, nous avons été paralysés, jusqu’à ce que la machine à vie reprenne. On reste triste et souffrant mais « pas seulement ». Aujourd’hui, je peux dire que notre fille nous donne aussi une immense force, elle fait grandir notre âme par sa présence, elle nous découvre la puissance de la mort porteuse de la vie. Ma fille m’a ouvert aux autres, elle m’a ouvert un nouveau chemin de vie. La résurrection est déjà là.
Comment l’entourage peut-il aider les parents qui perdent un enfant ?Philip. Il est tellement difficile d’avoir le ton juste et pourtant nous avons reçu énormément de soutien. Par exemple, nous avons trouvé un gâteau sur le pas de notre porte et cela nous a touchés ! Tous les petits gestes d’attention valent parfois bien des paroles.
Béatrice. Les proches sont souvent désemparés ; ils ont peur de dire des mots maladroits et pourtant je les encourage à oser une parole car des mots maladroits dits avec affection font du bien et ne blessent pas. Par exemple j’ai souvent entendu « il faut que tu fasses ton deuil ». Cela n’est pas heureux, mais je savais que l’intention n’était pas mauvaise, aussi j’ai essayé d’accueillir chaque parole de soutien.
Être à l’écoute de ces parents souffrants, avec tendresse et compassion, pour que la paix puisse peu à peu grandir dans leur cœur.
Nous pouvons demander à la communauté chrétienne sa prière si précieuse, qu’elle invoque l’Esprit consolateur.
Que conseillez-vous aux parents qui vivent cette épreuve ?
Béatrice. Je les invite à ne pas s’isoler, à accepter le soutien des proches, de la communauté.
Je les encourage à prendre soin des frères et sœurs quand il y en a car c’est aussi un gouffre pour eux et il est important de les accompagner.
Notre foi ne nous a épargnés aucune étape du deuil, la colère, la tristesse, tous ces sentiments nous habitent ou nous ont habités, mais je voudrais insister sur le soutien reçu dans les sacrements. On ne peut imaginer à quel point les sacrements de l’Eucharistie et du pardon sont précieux, ils m’ont soutenu et permis de rebondir. Qu’ils n’hésitent pas à les accueillir.
Peut-être parviendront-ils à faire quelque chose avec cette souffrance ? Je peux témoigner qu’elle m’a rendu plus sensible à celle que vivent tant de personnes malades, elle m’a donné une force pour aller vers eux.
En tant que croyants, posons-nous la question : qu’est-ce que je peux faire de cette épreuve pour vivre ma foi différemment ? Il y a du fruit à attendre malgré les pleurs qui ne cesseront pas...
Propos recueillis par l’équipe du Réseau Mondial de Prière du Pape France
Retrouver d’autres témoignages sur www.prieredupapefrance.net