Jeudi 28 mars 2024
« Jésus, sachant que l’heure était venue, sachant que le Père a tout remis entre ses mains, qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu… »
Jésus sait où il va. Il sait, si l’on peut dire, quelle est sa place. « Lui qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». La place de Jésus est exactement décrite par une phrase d’une mystique suisse du siècle dernier, Adrienne Von Speyr. Elle écrit quelque part : « Dieu mérite plus d’amour que le monde ne lui en donne ; les hommes également ont besoin de plus d’amour que le monde ne leur en donne. » La place de Jésus est exactement située là, à cette jointure entre l’amour parfait qu’il porte de la part des hommes à son Père, manifesté par son obéissance, et par l’amour parfait qu’il porte de la part de son Père à ses frères les hommes, manifesté par le don de lui-même : « Ceci est mon corps, livré pour vous. Ceci est mon sang versé pour vous et pour la multitude. »
Jésus sait où il va. Cette force, c’est aussi la nôtre. Dans ce monde où tant de gens ne savent pas d’où ils viennent, ni où ils vont, ni qui ils sont, nous, nous savons. « C’est pour vous que le Christ a souffert ; il vous a laissé un modèle afin que vous suiviez ses traces », écrit saint Pierre. Le modèle, nous l’entendons le soir du jeudi saint de la bouche même de Jésus : « Vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »
La place du Christ est aujourd’hui celle de l’Église, qui est son Corps. Chacun de nous y participe, suivant son appel propre. Jésus laisse à ses apôtres, et à travers eux à son Église, le double sacrement de son amour : celui de l’eucharistie, qui perpétue son sacrifice, et celui du ministère des prêtres et des diacres, chargés de rompre le pain et de le distribuer en son nom. « Nous sommes nés au Cénacle » écrivait le pape Jean-Paul II à ses frères prêtres du monde entier, le Jeudi saint de l’an 2000.
Nous savons qu’à notre mesure, « tout » est remis entre nos mains ; que le monde va vers Dieu qui, en Jésus, vient à sa rencontre ; que l’accès au Père est ouvert, et que Jésus compte sur nous, prêtres et diacres, et que Jésus compte sur nous, baptisés et consacrés, pour y conduire ceux que l’Église nous confie.
Alors, que nous-mêmes, comme l’écrivait Maurice Zundel, convertis enfin authentiquement à sa Présence, nous fassions le vide en nous pour apporter aux autres cet espace infini et merveilleux où Dieu Se révèle, où Dieu Se respire. Car c’est dans le tabernacle de nous-mêmes que le Christ veut aujourd’hui se communiquer à tout l’univers.
Père Lizier de Bardies
Curé de la paroisse Saint-Joseph
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