La Résurrection du Christ : un élan vers la fructification des talents humains

La Résurrection du Christ : un élan vers la fructification des talents humains

La Résurrection est un formidable stimulant !

La Résurrection, en nous donnant les moyens de bâtir le Royaume, loin d’abaisser l’homme, lui procure au contraire les moyens d’aller de l’avant en stimulant sa créativité. 

 

La Résurrection nous a laissés à notre liberté

Avec la Résurrection, les derniers temps sont arrivés. Le discours de Pierre à la Pentecôte décrit l’effusion de l’Esprit comme l’accomplissement des signes des derniers jours prédits par le prophète Joël : « Il se fera dans les derniers jours dit le Seigneur que je répandrai de mon Esprit sur toute chair  » (Jl 3,1). Est-ce à dire que l’histoire s’est arrêtée il y a deux mille ans à Jérusalem ? Nous constatons plutôt qu’elle a continué à suivre son cours, avec son cortège de nouveautés et de tragédies. Dans ces conditions, pourquoi parler des derniers temps ? Parce qu’avec la Résurrection, un germe d’éternité a été semé dans ce monde.

Cependant, le monde n’a pas changé d’un coup de baguette magique. La raison d’une telle inertie réside dans la liberté que Dieu a laissée aux hommes. Le temps humain n’est pas interrompu parce que le Ressuscité met le monde en mouvement vers la plénitude qui est la sienne depuis qu’il a vaincu la mort. L’effusion de l’Esprit, conséquence de la Résurrection, n’a pas arrêté l’histoire pour la bonne raison que les fruits du salut doivent être appliqués à chacun de nous (ce que l’on appelle la Rédemption subjective), et cela avec notre coopération. Or, de ce côté-là, rien n’est gagné !

 

Le christianisme n’arrête pas l’histoire

L’histoire est marquée en son cœur par le conflit entre la puissance du Royaume de Dieu déjà à l’œuvre et les forces qui lui sont hostiles. En accueillant la nouveauté du Christ, les hommes ne figent pas l’histoire dans l’état où l’a surprise la première venue du Verbe dans la chair. Au contraire, la nouveauté de la Résurrection les incite à aller de l’avant pour bâtir le Royaume, c’est-à-dire la communion de Dieu et des hommes. Voilà pourquoi les derniers temps inaugurés par la mort-résurrection de Jésus ne signifient pas la fin de l’histoire.

Paradoxalement, les derniers temps auxquels se réfère la prédication de Pierre le jour de Pentecôte, loin de clore le devenir historique, vont se révéler au contraire être l’aiguillon qui stimule les hommes à aller de l’avant. Que Jésus ait abordé à la rive définitive de l’éternité ne doit pas nous paralyser, nous inhiber, ou bien nous laisser croire que «  c’est arrivé  », qu’il n’y a plus qu’à attendre que les fruits tombent d’eux-mêmes de l’arbre ! La victoire acquise par Jésus n’est pas un motif pour déserter le champ de l’histoire avec les implications concrètes en faveur de notre prochain ou de la cité. Arguer du contraste entre le peu de poids de nos actions, lestées de surcroît de péché, et l’envergure des actes posés par Jésus qui ont décidé du salut du monde, pour ne rien faire serait un contresens au sujet des exigences de l’Évangile. Ce serait du monophysisme spirituel : le Christ divin aurait absorbé l’humanité de nos existences qui dés lors ne compteraient pour rien dans le plan de salut du monde. Ce dernier s’accomplirait sans nous ! Il n’y aurait plus de coopération entre Dieu et les hommes. Lui seul accomplirait la besogne : nous nous bornerions à regarder à distance. Heureusement, il n’en va pas ainsi !

 

La Résurrection stimule notre créativité
 
Car la Nouveauté apportée par le Christ en sa Résurrection ne frappe pas de nullité nos efforts. Loin de mettre en relief nos déficiences, le Ressuscité, en nous donnant son Esprit, nous réveille au contraire de notre engourdissement afin que nous fassions fructifier nos talents. L’éternité que rejoint Jésus le Jour de Pâques, en venant s’immiscer au milieu de l’histoire en train de s’écrire, agit comme une fonction de crise pour un monde qui voudrait continuer à fonctionner comme il l’a toujours fait. Les derniers temps, inaugurés par la Résurrection et l’effusion de l’Esprit, loin de présupposer l’identité du réel et de l’idéal, sont plutôt l’aiguillon qui met en route le premier vers le second. Un « idéal  » au demeurant plus « réel  » que la matérialité concrète du monde, puisqu’il se confond avec le monde de Dieu, avec le Royaume.

Dieu, en Jésus-Christ, ne nous demande pas d’attendre le salut comme un dû, une prestation pour assistés spirituels. La Résurrection est plutôt au service de la créativité humaine et de la promotion de nos facultés.

 

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 26 mars 2024