Les symboles des quatre évangélistes nous rappellent que la connaissance de la Parole de Dieu est nécessaire au Baptême. L’Eunuque bien que coutumier de la lecture de la Bible, a besoin d’être guidé pour comprendre la Parole de Dieu. Il invite Philippe à l’enseigner avant d’être baptisé : « Philippe prit la parole et, partant de ce texte de l’écriture, lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus. » Ac 8, 35.
Deux anges encadrent l’entrée de la chapelle, ils portent à la main l’un une auréole et une fleur de lys, l’autre une couronne de fleurs et un cierge allumé.
La cuve en marbre de Caunes est placée bien au centre de la chapelle, derrière nous apercevons l’armoire aux huiles saintes protégée par une grille en fer forgé.
Le décor peint est organisé sur trois registres. Le premier, un drapé bleu symbolisant l’eau est parsemé de fleurs de lys, symboles de la pureté, et de médaillons portant l’inscription ἰχθύς, qui en grec veut dire poisson, et est l’acronyme du nom de Jésus Iêsoûs Khristôs Theoû Houios Sôtêr, Jésus Christ, Fils de Dieu Sauveur. Le poisson était utilisé comme un signe de reconnaissance que l’on dessinait au sol, par les premiers chrétiens persécutés. Le poisson pouvait aussi avoir une symbolique eucharistique liée à la multiplication des pains et le repas avec le Ressuscité au bord du lac de Tibériade ; enfin, il symbolise les âmes comme nous le verrons plus loin. Sur le registre central figurent plusieurs scènes bibliques liées au baptême ainsi que deux scènes historiques. Le registre supérieur est consacré au ciel, notamment le couronnement (la clé de voûte) où figure la main du Père créateur du ciel et de la terre.
L’origine pastorale des premiers peuples à avoir bénéficié de la Révélation divine a joué un rôle significatif dans la symbolique judéo-chrétienne ; la vigne et le Bon Berger qui prend soin de ses brebis sont les symboles les plus connus. L’image de l’Agneau mystique fait partie des plus anciennes à figurer dans les catacombes ou sur les sarcophages paléochrétiens.
L’agneau se tenant au sommet de la colline, figure le Christ immolé vainqueur de la mort. Il est auréolé du nimbe crucifère et tient l’étendard de la résurrection dans sa patte droite. Le fait qu’il soit représenté debout sur une montagne nous rapporte à la vision de Jean dans le livre de l’Apocalypse, au chapitre 14, vs 1 « Puis voici que l’Agneau apparut à mes yeux ; il se tenait sur le mont Sion ». Sept sources coulent abondamment à ses pieds auxquelles s’abreuvent des brebis.
Le nombre 7 n’est pas anodin, c’est celui de la perfection. Il se rapporte à la Création et revient dans le récit biblique dès qu’il s’agit de renouer l’Alliance avec Dieu.
Les sources jaillissantes sont celle du Baptême, sources de la Vie nouvelle en Christ et par lesquelles ceux qui s’y abreuvent n’auront plus jamais soif (Jn 4, 14)
Le traitement de cette scène reste très classique. Le christ se tient debout dans le Jourdain et Jean lui verse l’eau sur la tête. Il s’agit d’un baptême de conversion qui prépare un autre baptême « dans l’Esprit Saint et le feu » (Mt 3, 11) avec le Christ. Jésus se mêle à la foule des disciples de Jean venus se faire baptiser ; nous en voyons quelques-uns sur une des rives du fleuve. Les cieux sont ouverts et une colombe descend vers le Christ : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur » (Mt 3, 17). Avec le Christ, Nouvel Adam, c’est toute l’humanité qui se réconcilie en Dieu. Il est nu comme au jour de la création comme il sera nu sur la croix, et les trois anges, les mains couvertes d’un linge en signe de respect, se tiennent prêts à le recevoir.
Les deux panneaux qui encadrent cette scène sont liés au service et à la royauté du Christ.
Les deux panneaux que nous venons de regarder sont séparés par une frise ondoyante où nagent des poissons argentés. Comme l’agneau, l’image du poisson peut avoir plusieurs significations dans l’iconographie chrétienne. Nous avons évoqué l’IHTUS qui symbolise le Christ ainsi que l’Eucharistie dans la multiplication des pains ou le repas partagé avec le Ressuscité au bord du lac de Tibériade.
Le poisson peut aussi représenter l’image des âmes des fidèles, ceux-là mêmes auxquels Jésus fait allusion lorsqu’il annonce à Simon-Pierre « Sois sans crainte ; désormais ce sont des hommes que tu prendras » (Lc 5, 10). L’argent qui les recouvre symbolise la Sagesse divine dont ils sont revêtus en plongeant dans les eaux baptismales
Sur le panneau de gauche, la scène centrale évoque la notion de péché originel avec ce passage de la Tentation d’Adam et Eve, surmontée d’une image de l’Immaculée Conception ; le phylactère au-dessous, résume la malédiction lancée contre le serpent « Elle (la femme) t’écrasera la tête » (Gn 3, 15). Cet extrait décrit parfaitement l’image au-dessus, sur laquelle Dieu s‘adresse au serpent « Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon » devant Adam et Eve honteux d’avoir désobéi « L’homme et sa femme se cachèrent devant Dieu parmi les arbres du jardin ». (Gn 3, 15 et 3, 8)
Ce verset, Gn 3, 15, scelle la relation entre le serpent, et sa descendance, et la femme, et sa descendance. Ce passage clé des Ecritures a conduit très tôt les Pères de l’Eglise à voir en Marie l’antithèse d’Eve. Saint Irénée compare La désobéissance d’Eve à l’obéissance salvatrice de Marie dans son OUI.
Le Christ conçu sans péché et engendré par Marie répare la faute commise par Adam « En effet, de même que par la désobéissance d’un seul être humain la multitude a été rendue pécheresse, de même par l’obéissance d’un seul la multitude sera-t-elle rendue juste » (Rm 5, 19). Ce lien qui unit Marie au Christ a influencé la pensée théologique de l’Eglise aboutissant à la promulgation le 8 décembre 1854, près de 20 siècles après les Pères de l’Eglise et 30 ans avant la décoration de cette chapelle, du dogme de l’Immaculée Conception.
Les deux tableaux situés de part et d’autre de ce thème central, sont des extraits de deux récits de baptêmes tirés du livre des Actes des apôtres. Celui-ci raconte la croissance de l’Eglise et l’organisation des premières communautés chrétiennes après le don de l’Esprit Saint à la Pentecôte.
Deux personnages vont recevoir le baptême : un eunuque éthiopien de haute condition, prosélyte, c’est-à-dire que cet homme, un étranger, s’est converti au judaïsme et a été circoncis. Le deuxième homme est un centurion romain, un païen craignant Dieu, c’est-à-dire qu’il connaît ses volontés et les applique. Le récit nous indique que bien qu’impur et non circoncis, il n’en est pas moins pieu et charitable. Ces deux personnages d’origines différentes, reçoivent un même et unique baptême réservé à tous ceux qui font la volonté de Dieu.
Philippe, un des sept premiers diacres au service de la jeune communauté chrétienne est envoyé par l’Ange du Seigneur sur une route déserte. C’est là qu’il rencontre un voyageur étranger un eunuque de haute condition qui rentre d’un pèlerinage à Jérusalem, celui-ci lit un passage du livre d’Isaïe. En réponse à la question de Philippe, l’homme avoue ne pas comprendre de qui parle le prophète. Invité à prendre place sur le char de l’eunuque, Philippe lui annonce la Bonne Nouvelle de Jésus, ce qui lui ouvrira l’accès au baptême.
La piété et la charité du Centurion romain Corneille à l’égard du peuple juif plaît à Dieu. Un ange s’adresse à lui pour qu’il envoie des émissaires chercher l’apôtre Pierre. Juste avant leur arrivée Pierre reçoit un message en songe : le Seigneur lui demande de consommer des animaux impurs pour les juifs lui signifiant ainsi qu’il n’a pas à considérer comme souillé ce que Dieu lui-même a rendu pur. Dieu invite Pierre par ce songe à accepter à entrer en relation avec le monde païen considéré comme étant impur par le judaïsme mais aimé de Dieu.
Constantin est proclamé empereur romain en 306. Grâce à une politique réformatrice, il réussit à unifier un empire déjà divisé. En 313 (Edit de Milan) il établit la liberté de culte individuel mettant fin aux persécutions chrétiennes. C’est lui qui convoque le premier concile de Nicée qui mettra fin provisoirement aux atteintes de l’hérésie arienne.
Selon Eusèbe de Césarée, Constantin se serait converti en 312 peu avant la bataille du Pont de Milvius où il se débarrasse de ses concurrents politiques guidé par le chrisme qu’il fait apposer sur ses étendards. Il contribue au développement du christianisme dans l’Empire romain aux côté de sa mère sainte Hélène et fait édifier de nombreuses basiliques sur tout l’Empire notamment en terre sainte sur les traces de la vie publique et de la Passion du Christ.
Les avis divergent au sujet du baptême de Constantin. Pour certains il aurait été baptisé au début de son règne par le pape Sylvestre à Rome, pour d’autres à la fin de sa vie par l’évêque arien Eusèbe de Nicomédie. C’est la première version qui a été retenue ici par l’abbé Xavier Montaut
Sur la composition, l’empereur Constantin reçoit le sacrement du Pape Sylvestre. Il est vêtu d’un simple linge et ploie le genou. Nous ne distinguons aucune trace de sa lèpre légendaire. Sur la façade de l’autel et couronnant l’étendard figure le chrisme sous la protection duquel Constantin s’était rallié pour vaincre ses adversaires à Milvius.
Selon la tradition, Clovis a été baptisé à Reims avec 3 000 de ses guerriers le jour de Noël au tournant du Ve siècle par saint Rémi, l’évêque de Reims. Les avis divergent sur les dates, mais le plus important n’est pas là, l’important c’est le sens à donner à cet épisode de notre histoire.
Saint Rémi était un grand pasteur missionnaire qui joua un rôle de médiateur auprès des barbares qui déferlaient sur la Gaule et tout l’empire romain d’Occident à cette époque. C’est dans ce contexte qu’il aurait approché le nouveau roi Franc et serait devenu son conseiller jusqu’à la fin de son règne. Clovis s’est laissé guider sur son chemin de foi par son épouse sainte Clothilde, qui l’amena à embrasser la religion catholique. Conversion sincère ? Tactique politique ? Ce baptême est considéré comme étant un tournant pour la France en proie aux invasions barbares dont les Wisigoths adeptes de l’hérésie arienne (ils ne reconnaissent pas la nature identique des trois personnes de la Trinité). Le baptême de Clovis conforte ainsi la position de l’Eglise catholique en Occident mise à mal par le déclin de l’empire romain, ce qui valut à la France le titre de Fille ainée de l’Eglise.
Sur ce tableau Clovis reçoit le sacrement du baptême, il a revêtu le vêtement blanc. Il est accompagné de plusieurs de ses soldats qui se préparent à le recevoir aussi ou l’accompagnent de leur prière aux côtés de sainte Clothilde agenouillée à droite, les mains jointes. Selon la légende, l’Esprit-Saint serait descendu sous la forme d’une colombe portant dans son bec l’ampoule de Saint-Chrême qui servira par la suite à l’onction des rois de France.
Ami lecteur, l’orthographe du mot « fonts » peut vous surprendre. Mais non, il n’y a pas de coquille !! Fonts s’écrit bien avec un T car vient du latin fons, fontis, qui signifie source, fontaine, eau. C’est un bassin où coulent les eaux baptismales, celles-là même qui seront bénies pour la célébration du baptême par aspersion, ou infusion, c’est-à-dire en versant l’eau par trois fois sur la tête du candidat au baptême.
Fons se distingue de piscina, la piscine, la citerne, le vivier, un grand bassin où l’on pratique encore aujourd’hui, en certains endroits, le baptême par immersion.
Le baptistère quant à lui, est le lieu où « jaillit la fontaine baptismale », là où les « chrétiens renaissent de l’eau et de l’Esprit-Saint » (Cf. le Rituel du baptême des petits enfants, n°25). Aujourd’hui, les baptistères sont principalement de simples chapelles où se tient une cuve baptismale sur pied. Ce sont aussi des bâtiments à part entière ayant au centre, une piscine baptismale en forme de croix, ou octogonale munie d’une fontaine jaillissante. Dans l’antiquité, les catéchumènes descendaient dans ces piscines, à l’image du Christ dans le Jourdain, où ils renaissaient à la vie au Christ puis remontaient rejoindre la communauté des baptisés. Les baptistères ont toujours été ornés d’une iconographie à la thématique baptismale.