En 2014, par un décret, Mgr Le Gall, alors archevêque de Toulouse, invitait le diocèse à prier chaque 17 juin le bienheureux Marie-Joseph Cassant : proche et discret, fragile mais capable, par son intelligence du cœur, de nous mener à Dieu. Mgr Le Gall nous racontait alors comment il est devenu pour lui un compagnon de vie.
C’est en mettant de l’ordre dans les archives de la communauté que le frère Robert a découvert la correspondance du père Cassant : des lettres soigneusement gardées par sa famille mais aussi des carnets qu’il avait lui-même cousus à la main pour y noter, dans une écriture souvent difficile à lire, des phrases toutes simples qui révèlent un éveil spirituel précoce.
« Comme Germaine Cousin, le père Marie-Joseph vient de la campagne où tout porte à Dieu. Leurs existences se ressemblent : brèves, marquées par l’incompréhension, le poids du travail quotidien, les épreuves de santé. Leurs souffrances, au lieu de les détourner de Dieu, les poussent vers lui »
La dévotion au Sacré-Cœur, si chère au jeune trappiste, est typique de son époque. Le frère Robert le soulignait :
« On trouve chez le père Joseph des affinités d’âme avec sainte Thérèse au Carmel. Le langage du Sacré-Cœur est un langage d’amour qui parle à ceux qui sont démunis intellectuellement. Il les rapproche de la source. »
En décortiquant ses écrits, le frère Robert est entré peu à peu en amitié avec le bienheureux. Il compatissait avec les angoisses de ce jeune homme qui a désiré se donner au Seigneur en devenant prêtre mais qui se heurtait à de terribles limites : il n’accrochait pas avec le latin, n’avait pas de mémoire et subissait les humiliations d’un maître odieux : « Vous ordonner prêtre » lui disait ce dernier, « c’est déshonorer le sacerdoce »
Heureusement, Marie-Joseph Cassant a rencontré sur son chemin le père André Mallet, alors maître des novices. « Cet accompagnement spirituel est capital pour lui » poursuit le frère Robert. « Il y a une connivence très belle entre eux autour du Saint-Sacrement. Ils font ensemble un travail sur la théologie du Sacré-Cœur qui sauve le frère Marie-Joseph. Comme si le Sacré-Cœur le prenait en charge ! » Il peut finalement être ordonné prêtre à l’automne 1902 mais meurt le 17 juin 1903.
Comment le père Cassant, dans sa simplicité de vie, peut-il être un maître spirituel pour notre temps ?
« Il est vraiment de chez nous et surtout proche de nous par ses fragilités. Il nous appelle, à travers sa pauvreté, à porter un autre regard sur les gens : est-ce la rentabilité, les diplômes qui doivent compter ? Les jeunes et les pauvres s’y reconnaissent tout de suite ! Il leur dit qu’il y a une intelligence autre, une intelligence du cœur qui permet d’aller à Dieu grâce à l’amour de Jésus. »