Denis Arrat a été ordonné diacre permanent en mai 2014 pour le diocèse de Toulouse. Diacre chaque jour, « bébé diacre » comme il le dit en souriant, il apprend à gérer les priorités et à reconnaître là où sa présence est la plus importante.
Ingénieur au CNES, Denis Arrat se définit d’abord comme un scientifique, chargé d’assurer le management d’une équipe d’ingénieurs et de techniciens de haut niveau. Avec Marie-Noëlle, son épouse, à la tête d’une famille nombreuse, il partage les questions d’orientations scolaires de leurs quatre enfants, l’entrée dans la vie active de leur aîné et, comme tout parent, s’inquiète de les voir prendre de la distance avec les célébrations du dimanche.
Engagé dans la vie paroissiale locale il a longtemps animé les célébrations liturgiques les accompagnants de sa guitare, préparé des veillées d’aumônerie et des rencontres destinées entre autres aux jeunes fiancés. L’Église il la connaît de l’intérieur, quant au service de ses frères, il le pratiquait bien avant d’avoir été ordonné diacre. Et puis il y a eu « l’appel » d’un prêtre et le jour où ses paroles ont résonné vraiment à ses oreilles et se sont cognées aux contradictions d’un emploi du temps déjà chargé. Comment tout concilier ? « Mon épouse a d’abord dit non. Elle connaissait mon activisme et s’inquiétait de voir le temps que je consacrais à notre famille encore réduit. Nous avons discerné durant une dizaine d’années pour mieux comprendre le sens de l’engagement qui nous était proposé. Ce temps fut nécessaire pour poser un oui définitif et libre. L’ordination a changé quelque chose en moi, non seulement par la grâce du sacrement que j’ai reçu de l’Évêque mais aussi du fait de la mission qui m’est confiée en premier lieu dans mon milieu professionnel. Concrètement, je suis diacre à la maison, dans mon entreprise et dans la vie paroissiale. Je suis diacre également au Secours Catholique pour lequel j’accompagne des équipes locales dans le Lauragais. Je suis diacre lorsque je célèbre un baptême ou rencontre des fiancés pour leur mariage ».
Le diaconat est un état permanent qui transcende les lieux d’appartenance mais ne doit rien étouffer. Être là mais être une présence discrète sans but de conversion ni jugement. « Mon premier lieu d’attention doit être mon travail et ma famille. Le point commun entre toutes mes missions tient dans ma présence auprès des autres et dans une qualité d’attention envers eux ». Privilégier la relation n’est pas le propre du diacre mais elle est au cœur de notre engagement. Être serviteur d’une Église demande une disposition permanente aux autres avec les difficultés aussi que cela génère quand il s’agit de prendre des décisions. « Dans mes missions diaconales, ma présence est gratuite, mes objectifs sont nombreux mais je n’ai pas d’obligation de résultats. J’écoute et je découvre la vie et la foi des gens que je rencontre, et je partage ma vie et ma foi. Le Christ fait le reste. La formation que je continue de recevoir pour cela est indispensable mais je n’oublie pas que c’est d’abord le Christ qui change ma vie et me place au service des autres ».
B. Rigou-Chemin
On confond souvent les diacres avec les prêtres car dans les célébrations liturgiques, ils se tiennent à leur côté ou légèrement en retrait. Ils ont reçu le sacrement de l’ordination pour certains depuis plus de 20 ans, pour d'autres plus récemment, par exemple l’année dernière pour trois d'entre eux. Ils sont donc clercs, c’est-à-dire des ministres ordonnés. La majorité d’entre eux sont mariés, pères de famille et parfois même grands-pères ; quelques-uns, cependant, sont célibataires.
Élisabeth n’imaginait pas qu’un jour son mari serait ordonné diacre. Si le Christ a toujours été au centre de leur vie de couple avec des engagements nombreux, la plus impliquée dans l’Église, c’était plutôt elle. Discrète, efficace, active, elle affirme aujourd'hui ne pas trop aimer témoigner. Pourtant elle sait aussi que les femmes de diacres restées souvent dans l’ombre ont besoin d’être entendues et reconnues et que sa parole peut être utile aux autres.
Jean-Louis Brêteau est diacre permanent. Universitaire, c’est d’abord dans le monde de l’enseignement qu’il a vécu sa mission. À celle-ci s’est ajoutée depuis quelque temps la charge de coordinateur de la fraternité diaconale, à la demande de l’Archevêque, Mgr Le Gall. Une charge importante qui doit fédérer la trentaine de diacres permanents du diocèse.
Alain Cérisola est délégué provincial au diaconat permanent. Cette mission confiée par les évêques de la Province le rend particulièrement attentif à la place des diacres dans l’Église et à l’avenir d’un sacrement qu’il souhaite mieux connu et plus visible.
Envoyé par son évêque auprès d’un ensemble paroissial, le diacre est comme le prêtre, un ministre ordonné doté de particularités qui lui sont propres. Jean Barba, curé de l’ensemble paroissial de Tournefeuille, donne quelques points d’éclaircissement sur la fonction du pasteur et le rôle du diacre en paroisse. Car si ils partagent le même ministère, leurs missions ne sont pas les mêmes. Il est important de voir ce qui les rassemble et les différencie.