En ce second dimanche de Carême, l’Église nous invite à contempler Jésus transfiguré. « Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena eux seuls …sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille ». Jésus apparaît en gloire entre deux grandes figures d’Israël : Moïse et Élie. De Moïse, le libérateur qui a transmis la loi, il est dit qu’en descendant de la montagne « la peau de son visage était devenue rayonnante en parlant avec le Seigneur  » Quant au prophète Élie, il a aussi rencontré Dieu au somment de la montagne.

Marc situe cette scène six jours après l’annonce de la Passion. Jésus vient de dire « qu’il lui fallait partir pour Jérusalem, souffrir beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes, être tué et le troisième jour ressusciter ». Témoins de la Transfiguration, les apôtres, saisis d’une très grande peur, ne savent que dire, et éprouvent à la fois stupeur et joie, ce qui fait dire à Pierre « Seigneur, il est bon que nous soyons ici. Si tu le veux, je vais dresser trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie  » comme pour prolonger ce moment de grâce et de bonheur. Une nuée les couvre alors de son ombre, et une voix atteste «  Celui-ci est mon Fils bien aimé. Écoutez-le »

Dans cette scène, l’Église perçoit la préparation des apôtres pour qu’ils endurent le scandale de la Croix. L’évènement de la Transfiguration ne pourra être compris qu’à la lumière de la Passion et de la Résurrection. Tout comme les disciples, nous avons besoin de faire l’expérience de la proximité de Dieu. Le récit de la Transfiguration nous invite à évoquer les moments de grâce au cours desquels nous vivons une expérience de lumière, et où notre vie nous semble comme transfigurée. Il arrive que dans la prière, la lecture de la Parole de Dieu, il nous soit donné de percevoir la présence de Dieu de façon plus sensible, plus intense. Ce sont des moments de transfiguration, de lumière qui nous confirment sur notre chemin de disciple, des instants précieux dans notre itinéraire de foi pour poursuivre notre marche.

Mais nous savons aussi d’expérience qu’il n’y a pas de gloire sans croix. Nous n’échappons pas à l’épreuve, La rencontre de Dieu dans la prière nous pousse à descendre de la montagne, à regagner la plaine, où nous retrouvons nos frères affligés par la fatigue, la maladie, la violence, les injustices. Écouter et suivre Jésus, c’est apprendre que la gloire de Dieu n’éclate pas dans des actes de puissance, mais qu’elle se révèle dans les humbles gestes d’amour et de service. Notre transfiguration lumineuse commence dès ici-bas. Comme l’écrit l’apôtre Paul :

« Nous tous qui, le visage découvert, réfléchissons comme en un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transfigurés en cette même image, allant de gloire en gloire….  » (2 Co 3, 18).

Soeur Claire Marie
Ursuline de Toulouse