Pour vivre chrétiennement la fête de Noël, il est bon de prendre de la distance avec ce que les médias appellent « la magie de Noël » : les guirlandes, les marchés de Noël, les pères Noël, et une ambiance folklorique.
Noël, c’est la pauvreté extrême : un enfant naît dans une étable, il est couché dans la crèche ; il naît dans l’obscurité, dans le silence de la nuit, dans l’odeur forte des animaux, dans la poussière et la saleté, à l’écart de la communauté humaine et dans l’indifférence. Certes, la naissance de Jésus est accompagnée de phénomènes merveilleux, avec l’ange du Seigneur qui éclaire les bergers d’une lumière céleste et les conduit à la crèche, avec l’étoile, perçue par les mages, qui les précède jusqu’à Jésus.
Cependant le contexte de la naissance de Jésus est plutôt rude : le Fils de Dieu vient dans un monde blessé, c’est donc là qu’il nous faut le chercher ; Il arrive comme un marginal, allons dans les marges. La lumière qui conduit à Lui n’est pas de ce monde ; c’est une lumière qui vient de Dieu, la lumière de la foi. Celle-ci nous permet de voir dans l’obscurité, elle nous permet de percevoir la lumière qui irradie de l’Enfant ; « par ta lumière, nous voyons la lumière », dit le psaume 35.
Noël n’est pas une parenthèse dans les épreuves de ce monde ; ce n’est pas une évasion avant de revenir aux souffrances. La naissance de Jésus nous permet au contraire d’accepter la dureté du réel sans désespérer, car c’est dans ce réel que le Fils de Dieu est venu nous dire l’amour de Dieu. C’est dans ce monde malade qu’Il est venu ouvrir un chemin vers le monde nouveau. Oui, dans la dureté de notre monde, l’innocence est apparue, la vulnérabilité a trouvé ses lettres de noblesse, la confiance peut renaître, la gratuité de l’amour est manifestée et triomphera !
Joyeux et saint Noël !
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse