Plaisir de lire la Bible durant l’Avent

par Jean-Michel Castaing

Plaisir de lire la Bible durant l’Avent

Le Messie assume les hauts et… les bas de l’humanité

 

L’Enfant qui naît à Bethléem est Fils de Dieu, mais aussi fils de David (grâce à saint Joseph, son père adoptif, qui descendait de l’illustre roi d’Israël). Jésus possède donc une généalogie humaine. L’évangile de saint Matthieu débute d’ailleurs par son énumération. Le Verbe divin a tenu à s’insérer, mieux, à s’immerger dans la pâte humaine au point d’assumer charnellement une ascendance d’hommes et de femmes très divers. Aussi l’Avent représente-t-il la période propice pour (re)lire la Bible et nous pencher de la sorte sur les ancêtres de Jésus. Nous y lirons les naissances miraculeuses (comme la sienne) d’Isaac et de Jacob, nous nous lierons d’amitié avec Ruth, qui choisit le pays et le Dieu de sa belle-mère (« Où tu iras, j’irai, ton Dieu sera mon Dieu » dit-elle à celle-ci qui venait de perdre son fils) et en fut récompensée en devenant un maillon essentiel dans la généalogie du messie attendu (Ruth est la grand-mère du roi David !).

Nous nous apercevrons également que Dieu n’a pas eu peur d’inscrire Son Fils dans une lignée où les adultères sont légion ! Jésus, pour reprendre tout par en-dessous, se devait de tout assumer. Car l’histoire sainte n’a pas été toujours édifiante ! Le messie descend de Juda, un des fils de Jacob. Or, la façon de procéder de Juda avec Tamar, la femme avec laquelle il eut un fils qui fut un lointain ancêtre de Jésus, est des plus étranges et déroutantes : allez-y voir, c’est consigné dans le chapitre 38 du livre de la « Genèse ». Le messie n’a pas rougi de nos manquements. Il est des nôtres. S’intéresser à l’ascendance humaine de Jésus est l’occasion de s’imprégner des richesses de la Bible, à la fois théologiques et anthropologiques. Car le Livre saint ne parle pas uniquement de Dieu, mais aussi de nous-mêmes ! C’est d’ailleurs Le livre qui en parle le mieux !

 

Puzzle biblique

En lisant la Bible durant l’Avent, nous tenterons également de deviner le vrai statut du messie qu’attendait le peuple de l’Alliance. Serait-il un prêtre comme Melkisédek, personnage mystérieux auquel Abraham lui-même donna la dîme, cette dîme que l’on ne versait qu’aux prêtres ? Serait-il roi comme David ? Prophète comme Moïse ? Serviteur comme le prodigieux personnage anonyme que peint Isaïe dans ses poèmes ? Le messie serait-il humble, pauvre et ferait-il disparaître la guerre comme le roi prophétisé par Zacharie (Za 9,10) ? Suspens. La traversée des Écritures s’apparente à la reconstitution d’un puzzle à partir des mille pièces disséminées ça et là, dans le but de dresser le meilleur portrait possible de Jésus. Nous avons beau croire connaître le fils de Marie, des surprises nous attendent encore au coin des versets ! 

L’attente de la naissance de Jésus le 25 décembre ne consiste pas seulement dans l’achat du sapin, la confection de la crèche et du menu (dinde ? chapon ? truffes ? foie gras puisque nos amis qui luttent contre la souffrance animale ne pourront être des nôtres en raison de la crise sanitaire ?). C’est aussi le moment favorable de relire la formidable histoire (on devrait d’ailleurs parler d’histoires au pluriel) qui a préparé la venue du Sauveur parmi nous. Catholiques, à vos bibles !

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 15 décembre 2020