Présentation de Jésus au Temple

2 février

Présentation de Jésus au Temple

« Les parents de Jésus le portèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur…
 » (Luc 2, 22-38)

Quarante jours après Noël, le 2 Février, nous célébrons la Présentation de l’Enfant-Jésus au Temple de Jérusalem : quel était le sens de cette cérémonie ?

La Loi Juive prescrivait, pour un premier-né, le rachat de l’enfant, car « tout premier-né appartient au Seigneur  » (Ex 13,2), ainsi qu’un rite de purification pour la mère, où l’on devait faire l’offrande d’un agneau ou de deux colombes (Lv 12, 8). Marie et Joseph se soumettent à cette Loi, en toute obéissance et humilité. Mais en présentant Jésus au Temple, Marie sait que cette offrande, loin de soustraire son premier-né au sacrifice, préfigure le Sacrifice qu’Il consommera sur le Calvaire pour notre Rédemption.

Cette fête tient dans le cycle liturgique une place particulière : elle se situe comme la transition entre les deux mystères de l’Incarnation (Noël) et de la Rédemption (Pâques). Le mystère de l’Incarnation est directement ordonné au mystère de la Rédemption : si Jésus est venu sur la terre (Incarnation), c’est pour nous sauver (Rédemption). (La fête que nous célébrons actuellement est centrée sur la Présentation de Jésus, la Purification de Marie n’est que discrètement évoquée).

Comme au temps de Noël, ornements blancs… Cette fête clôture les solennités de l’Incarnation : elle était célébrée par l’Église de Jérusalem dès avant le IVème siècle et fut introduite en Occident au VIIème siècle.

Particularité liturgique de cette fête

La messe est précédée d’une procession que nous suivons en portant des cierges allumés qui représentent Jésus, la Lumière du monde. Cette procession représente le voyage que la Sainte Vierge et Saint Joseph ont fait pour aller jusqu’au Temple de Jérusalem pour y présenter l’Enfant-Jésus. Et les cierges allumés font de la lumière l’élément liturgique dominant de cette fête.

Pendant la messe, on peut rallumer ensuite les cierges pendant l’Évangile, Parole de Jésus qui éclaire notre âme et depuis la Préface jusqu’à la communion, en l’honneur de Jésus réellement présent parmi nous dans l’Eucharistie.

À la fin de la messe, chacun emporte son cierge bénit à la maison, signe de protection et de présence de Jésus.

Allons plus loin dans notre connaissance

Ce qui caractérise cette fête, c’est la rencontre du Fils éternel avec son peuple, représenté par Syméon qui voit en ce petit Enfant la gloire d’Israël et la lumière des nations (Luc 2, 32). Syméon, «  homme juste et craignant Dieu », âme d’oraison, reçoit du Saint-Esprit la réponse à sa prière et révèle en Jésus :

  • le Dieu qui vient nous sauver : Saint Luc 2, 30
  • la Lumière qui éclairera les Nations : Saint Luc 2, 32
  • un signe de contradiction : Saint Luc 2, 34, et l’annonce du glaive de douleur : Saint Luc 2, 35.

De cette fête, se dégagent donc trois thèmes principaux :

1. l’offrande de l’Enfant-Jésus est l’annonce du Sacrifice qui nous sauve,
2. la lumière,
3. le signe de contradiction.

1. L’offrande, annonce du sacrifice qui nous sauve

L’offrande de Jésus au Temple suscite la prophétie de Syméon qui voit en Lui le Dieu qui vient nous sauver : « Mes yeux ont vu ton salut que Tu as préparé à la face de tous les peuples » (Luc 2, 30).
« TOUS  » : le salut est bien proposé à tous.

De la présentation de Jésus au Temple…

Dès le début de sa vie, Jésus, dans les bras de Marie, s’offre à son Père comme Victime de réparation pour nos péchés, pour le salut du genre humain, préfiguration de son Sacrifice qui sera réalisé plus tard sur la Croix. Par anticipation, Il offre dans son cœur, pour notre rédemption, toute sa vie, son obéissance, son abaissement, ses souffrances à venir.
C’est la manifestation publique et extérieure du caractère sacrificiel de toute sa vie, depuis l’Incarnation jusqu’à la Croix.

… à l’offertoire de la messe

De la même façon, la prière de l’offertoire vient manifester l’intention sacrificielle de l’offrande qui y est faite : le pain et le vin auxquels sont associées les offrandes spirituelles des fidèles, y sont apportés en vue du sacrifice.
Ces offrandes sont préparées, bénies, présentées et offertes au Père pour être vraiment devant LUI « offrande parfaite et digne de Lui plaire », en vue de devenir le Corps et le Sang de notre Seigneur Jésus-Christ au moment de la consécration.

À l’offertoire, nous sommes invités à nous unir à l’offrande de Jésus

Jésus est passé le premier par la voie du sacrifice : maintenant Il nous invite à Le suivre sur cette voie : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il se renonce, qu’il porte sa croix et qu’il me suive  ». (Mathieu 16, 24). Reconnaissons que le renoncement, le sens du sacrifice ne nous sont pas naturels…
Et pourtant, les croix dans nos vies sont inévitables, nous en aurons toujours, c’est la réalité de notre vie humaine : impossible d’en faire l’économie, sous peine de ne pas honorer notre nom de chrétiens. « Qui ne prend pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi… (Mathieu 10, 38).
En offrant la matière du sacrifice - le pain et le vin - les fidèles s’offrent eux-mêmes, avec leurs efforts, difficultés, souffrances, acceptés par amour de Jésus. Cette oblation reste toute relative à celle du Christ : comme la goutte d’eau dans le vin, le sacrifice des fidèles est comme « immergé » dans celui du Christ et ne prend sa réalité uniquement que dans et par ce sacrifice du Christ au moment de la consécration.

2. La lumière

Après avoir reconnu en l’Enfant Jésus «  le salut préparé à la face de tous les peuples », Syméon reconnaît en Lui « la lumière pour éclairer toutes les nations, et gloire du peuple d’Israël  » (Luc 2, 32).
L’idée de lumière est associée à celle de salut : déjà Zacharie, à la naissance de Jean-Baptiste, l’avait prophétisé en saluant «  le Soleil Levant qui vient illuminer ceux qui se tiennent assis dans les ténèbres et à l’ombre de la mort, afin de guider nos pas dans le chemin de la paix. » (Luc 1, 78-79).
Plus tard, Jésus se définira Lui-même sous cette même image : « Je suis la Lumière du monde : celui qui me suit ne marche pas dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie ». (Jean 8, 12).
Oui, Jésus est venu pour être la lumière de nos âmes : nous tirer de l’obscurité du mal, nous montrer ce qui est bien, et nous donner la force de le faire.
On pourrait donc penser que cette lumière sera toujours désirée et accueillie avec joie. Et pourtant… « La lumière luit dans les ténèbres et les ténèbres ne l’ont pas saisie…  » (Jean 1, 11).

3. Un signe de contradiction


Accueil ou refus de la lumière ?

Deux attitudes fondamentales que nous retrouvons tout au long de la vie terrestre de Jésus, jusqu’à sa condamnation et sa mort sur la Croix comme un malfaiteur… Il en sera ainsi tout au long de l’histoire de l’Église, jusqu’à la fin des temps. C’est ce que saint Augustin a appelé « les deux cités » : « Deux amours ont fait deux cités : l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu, ou l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi  ».
En effet, cette lumière est aussi « un feu purificateur » (Ml 3, 1-4) - 1ère lecture). Purifiés par ce feu, nous devenons à notre tour lumière, reflets de cette lumière que nous recevons de Lui : « Vous êtes la lumière du monde  ». (Mathieu 5, 14).
Mais tous n’acceptent pas cette action purificatrice : « La lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Car tout homme qui fait le mal hait la lumière et ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées. » (Jean 3, 19-20).
Syméon l’a bien pressenti : oui, cet Enfant sera la Lumière du monde, mais Il sera aussi un signe de contradiction : « Cet enfant est venu au monde pour la chute et le relèvement d’un grand nombre en Israël ; il sera un signe en butte à la contradiction : ainsi seront révélées les pensées cachées dans le cœur d’un grand nombre.  » (Luc 2, 34).

En quoi Jésus va-t-il être « signe de contradiction  »

En ce que seules, les âmes de bonne volonté vont accueillir sa lumière et accepter son message. D’autres ne le voient pas, ou ne veulent pas le voir. Ils refusent cette lumière, soit parce qu’elle met à jour la qualité de leurs mauvaises actions, soit en raison de la perspective d’un sacrifice qui répugne à notre nature.
On retrouve ici l’idée, déjà évoquée pendant l’Avent, de la lutte entre le Bien et le Mal. C’est en chacun de nous que cette lutte est nécessaire : pour obtenir d’être un jour, comme Jésus et avec Lui, présentés au Père (ce que nous désirons tous !), il faut être parfaitement purifiés de nos zones d’ombre.
Cette lutte ne va jamais sans sacrifices ni renoncements : c’est précisément cette nécessité du sacrifice qui rebute notre nature humaine déformée par le péché et qui fait reculer les âmes tièdes.
Pour nous détacher de nos obscurités et nous laisser pénétrer et transformer par Sa Lumière, il nous faut vraiment le soutien de la grâce de Dieu qui ne manque jamais à ceux qui la demandent. Aussi, sans nous laisser décourager par les difficultés ou des échecs, restons dans une ferme espérance.

 


Actualité publiée le 29 janvier 2024

 

 

Pour mieux comprendre, quelques mots de vocabulaire...

 

 

♦ Sacrifice  : Du latin sacrificare  : rendre sacré, ou : sacrum facere  : pratiquer une action sacrée. C’est l’offrande d’une victime dans le but :

- soit d’honorer la toute-puissance de Dieu (holocauste),
- soit parce que l’homme se sait pécheur, d’apaiser la justice divine, obtenir son pardon, se rendre Dieu propice, favorable (sacrifice expiatoire ou sacrifice pour les péchés),
- soit pour exprimer son désir de retrouver avec lui une relation d’amitié dont il a besoin et dont il ne peut se passer (sacrifice pacifique ou eucharistique)

Les Hébreux offraient ainsi à Dieu en sacrifice une partie des biens qui venaient de Lui, en signe d’adoration (holocauste), de réparation (sacrifice pour les péchés) et d’expiation (sacrifice expiatoire). Avec le Christ, les sacrifices rituels de l’Ancien Testament ne sont plus nécessaires : Dieu n’accepte plus désormais qu’un seul et unique sacrifice, celui de son Fils qui, sur la Croix, offre sa vie au profit de la multitude. Lors du repas d’adieu, appelé Cène, la référence à la Pâque démontre clairement le caractère sacrificiel de la mort du Christ, qui consacre l’Alliance définitive et assure la Rédemption. Ce sacrifice, accompli une fois pour toutes, est rendu présent chaque fois que l’on célèbre l’Eucharistie.
L’expression « faire un sacrifice » pour Dieu évoque un renoncement, une privation volontaire, ou une offrande de soi à Dieu, faite par amour, en union spirituelle avec l’unique Sacrifice du Christ.

♦ L’Incarnation : C’est le fait, pour Jésus, Fils de Dieu et Dieu Lui-même, de prendre un corps. C’est le mystère de Jésus vrai Dieu et vrai homme, défini comme vérité de foi au concile de Nicée en 325.

♦ Rédemption  : Mot qui vient du verbe latin « racheter ». La Rédemption est le « rachat » de l’humanité par le Christ qui a donné sa vie pour nous sauver, nous arracher au mal. Ce mystère du sacrifice qui nous sauve s’appelle le mystère de la Rédemption.

♦ Victime  : Animal destiné au sacrifice. Le mot « hostie » à la même signification (victime expiatoire). Au sens figuré : personne subissant la haine, l’injustice ou le tourments de quelqu’un, personne tuée ou blessée (guerre, accident).