C'est la rentrée : joie et engagement !

par le père Christian Delarbre, recteur de l’Institut Catholique de Toulouse

C’est la rentrée : joie et engagement !

Lorsque le diocèse m’a demandé d’écrire quelques lignes pour lancer cette rentrée pastorale [l’année dernière, en 2020], je me suis demandé ce que je dirai aux étudiants au jour de leur propre rentrée à l’ICT, au vu du contexte actuel profondément anxiogène. La crise sanitaire va encore lourdement impacter nos modes de vie dans notre université comme dans nos familles, dans la rue, dans nos relations sociales. La crise climatique s’est aussi rappelée à nos bons souvenirs avec les canicules et les enjeux écologiques qui se font toujours plus pressants, sans compter la crise économique qui s’annonce encore avec son cortège de chômeurs et de situations précaires. Cette énumération est plutôt sinistre et je ne vais pas encore y ajouter quelque discours de grave mise en garde…

Lors d’une récente rencontre avec trois religieuses, l’une mexicaine, l’autre équatorienne et la troisième indienne, celles-ci me racontaient leur vie et leur travail dans un quartier populaire d’Auch auprès de personnes issues de l’immigration, de migrants en cours de régularisation, mais aussi de personnes âgées isolées ou encore malades. Il n’y avait rien de sinistre dans cette rencontre, tout au contraire ! Elles m’ont fait part de leur incompréhension face à l’attitude des Français qui se plaignent beaucoup, alors qu’il existe des situations autrement plus difficiles dans leur propre pays, que des membres de leurs familles vivent des choses très dures. Elles témoignaient aussi de la rencontre avec des migrants qui est toujours une expérience forte : l’exemple de leurs parcours souvent terribles, la force que montrent les plus pauvres dans l’épreuve, et la joie invincible de beaucoup.

Car, face à ces terribles épreuves, l’être humain est capable de joie. Nous, nous croyons souvent que la joie vient quand on ne manque de rien, quand on n’a pas de soucis, quand on ne traverse pas d’épreuve. Or l’expérience montre que ce n’est pas vrai. Bien des gens sont tristes sans trop savoir vraiment pourquoi. Il ne faut pas confondre la joie avec le contentement, la satisfaction, la satiété. Devant la tristesse, davantage de plaisirs, de loisirs ou de boisson ne servent à rien. Et rien de cela n’aide à supporter l’épreuve, l’accident inattendu, l’exigence de vivre, la difficulté d’être, la réalité du quotidien, le courage d’être debout.

La joie est une puissance intérieure. Une force spirituelle. Un fruit de l’Esprit. Elle nous vient lorsque ce que nous faisons est en adéquation, en harmonie avec ce que nous sommes profondément, avec notre être et avec notre vocation profonde. Et ainsi il y a de la joie dans les petites choses de l’existence, comme dans les grands moments de la vie. Et cette joie supporte tout. Parce qu’elle ne dépend de rien. À l’inverse, ignorant qui nous sommes, ce que nous faisons n’apporte pas de joie. Tâtonnant sur ce que nous sommes, nous tâtonnons dans la joie.

Attention cependant, nous nous attristons parfois à poursuivre des rêves ou des idéaux qui ne nous correspondent pas. Nous n’avons aucune joie à trouver de cette manière, et il y a bien des tristesses en ce monde parce que des personnes, des sociétés et l’humanité elle-même poursuivent des idéaux qui ne leur correspondent pas. Des illusions.

Bref, je vous souhaite de trouver en vous la joie, laquelle sera pour vous le moteur et l’énergie de votre vie, de votre travail, votre persévérance dans la difficulté, votre harmonie et paix intérieure dans l’agitation et les troubles qui pourraient vous entourer.

Rappelons-nous également que la joie n’est ni égoïste ni passive, qu’elle rend au contraire sans cesse actif et cherche toujours à se partager et à se communiquer. Nous avons sans aucun doute déjà fait l’expérience de passer une journée à ne rien faire, ou à traîner, et finalement à la fin de la journée, nous en étions insatisfait. En voulant nous faire plaisir, curieusement, cette attitude centrée sur nous-même ne nous a pas rendu heureux, peut-être même triste ou déçu.

La personne joyeuse cherche à s’engager, et l’engagement apporte de la joie. C’est bien entendu l’expérience des trois religieuses que j’évoquais plus haut. La joie nous pousse vers autrui, et notre engagement nous procure de la joie. C’est l’expérience courante de tous ceux dont l’existence trouve un sens parce qu’elle est partagée. Parce qu’elle est engagée. Il n’y a pas de joie à rester sur son balcon à regarder passer le monde sans y prendre part. La vie étudiante, comme dans tous les aspects de la vie sociale, sera beaucoup impactée cette année par la situation, et elle pourrait l’être davantage dans les mois à venir. Mais quoiqu’il arrive, les lieux et les temps d’engagement ne manqueront pas cette année non plus, comme autant de lieux et temps de joie.

Comme j’y encouragerai mes étudiants à l’Institut Catholique, j’invite chacun à tenter cette vraie priorité : s’engager pour quelque chose qui lui tient à cœur, vous aider à réaliser ces engagements et les valoriser. En les pensant aussi et toujours de façon collective, dans l’entraide, avec un soutien mutuel, et toujours dans le respect de ceux qui vous entourent.

Bonne rentrée à tous !

Christian Delarbre,
Recteur de l’Institut Catholique de Toulouse

Texte publié le 2 septembre 2020

 


Actualité publiée le 25 août 2021