"Soyons toujours missionnaires et jamais démissionnaires !"

par le père Norbert Mwishabongo, Missionnaire d’Afrique (Père Blanc)

"Soyons toujours missionnaires et jamais démissionnaires !"

En 1919, le pape Benoît XV a promulgué la lettre apostolique «  Maximum Illud » dans laquelle il reconnaissait la tâche immense accomplie par les missionnaires pour la diffusion de la foi à travers le monde, le zèle inlassable qu’ils ont déployé et les sublimes exemples d’invincible courage qu’ils nous ont laissés. Il déplorait le fait qu’il y ait toujours des hommes et des femmes innombrables qui n’ont pas encore entendu parler de Jésus-Christ, des peuples auprès de qui l’annonce du Royaume n’avait pas encore faite, etc. Déplorant ce fait, le Saint-Père, considérant sa charge apostolique, se pressait de pouvoir étendre à ces âmes le bénéfice de la divine rédemption. Il y avait donc urgence pour l’extension et le développement des missions. 

En 1919, nous le savons, l’Europe traversait la crise de l’après Première Guerre mondiale. L’Asie faisait l’expérience des situations qui étaient les siennes alors que l’Afrique était marquée par la colonisation, l’apartheid, etc. Or, dans une réalité de l’époque qui était ce qu’elle était, la tentation était grande pour les missionnaires d’annoncer la gloire de leur nation d’origine plutôt que d’annoncer Jésus Christ, ou d’attirer les âmes vers eux, et non vers Jésus-Christ et Dieu. Le pape Benoît XV dans sa lettre apostolique, dénoncait ces situations, les condamnait et appellait les missionnaires à œuvrer non pour la patrie terrestre mais pour la patrie céleste. Le pape rappellait le devoir de la hiérarchie ecclésiale dans les terres des missions, ceux des missionnaires et appellait, dans le travail de l’annonce de l’Évangile, à la formation du clergé indigène au même titre que les expatriés, à la connaissance de la langue des pays évangélisés, à l’inculturation, etc.

Cent ans plus tard (1919-2019), l’urgence missionnaire reste toujours de vigueur. Il est vrai que l’époque n’est plus la même comme d’ailleurs ne les sont plus les réalités. Néanmoins, qu’importe ces différences, notre Église traverse aujourd’hui les défis qui sont les siens et l’Homme reste toujours en quête d’un message d’espérance, de joie, d’amour, de miséricorde, de libération, etc. Aujourd’hui, comme cela était le cas hier, notre monde a besoin des témoins qui, cheminant avec leurs frères et sœurs, rejoignent toutes les situations de périphéries qui ont besoin de l’Évangile. Ces périphéries ne sont autres que ces lieux habités par des hommes et des femmes dans l’attente d’une écoute, d’un geste d’amour, d’une parole de libération, d’espérance, d’encourage, de joie… que l’Évangile laisse espérer. Oui, notre monde aujourd’hui reste toujours en quête des témoins qui vont dans ces zones sensibles où les discriminations, la peur, le désespoir, la haine, le rejet, etc., défigurent l’Homme créé à l’image de Dieu.

Le pape François a voulu ce mois d’octobre 2019 être un Mois Extraordinaire de la Mission pour nous appeler tous et toutes à l’exercice de notre ministère baptismal de « prêtre, prophète et roi ». Le pape François nous exhorte en ce mois missionnaire extraordinaire « à renouveler l’engagement missionnaire de l’Église, repréciser de manière évangélique sa mission d’annoncer et de porter au monde le salut de Jésus Christ, mort et ressuscité.  » Disciples missionnaires, cette tâche nous engage tous et toutes car comme dit le pape François : « Chacun de nous est une mission dans le monde, parce qu’il est le fruit de l’amour de Dieu. » Nous ne sommes pas d’abord envoyés pour une mission, nous sommes par tout notre être « mission ». Cela nous invite tous à être mission et n’être que cela. « Personne n’est inutile ou insignifiant pour l’amour de Dieu  », nous dit le Saint-Père avant de poursuivre : « Que personne ne reste replié sur lui-même, dans l’autoréférentialité de sa propre appartenance ethnique et religieuse.  » La mission que nous sommes est une richesse à donner, à communiquer, à annoncer, à partager, etc. Aimés de Dieu et appelés par lui, nous avons toujours quelque chose à donner au niveau individuel, communautaire, ecclésial, humain, etc.

En ce mois missionnaire extraordinaire et par toute notre vie, soyons toujours missionnaires et jamais démissionnaires !

La mission n’est pas du passé, la mission n’est pas qu’au loin, la mission est d’aujourd’hui, de maintenant, d’ici aussi car la mission est un échange, une rencontre, un partage, un processus, un cheminement, un apport mutuel dans lequel l’un et l’autre « hôte » (dans son double sens), font un chemin humain et spirituel ensemble sous la conduite de l’Esprit Saint. Oui, ce processus, ce chemin de la conversion et du témoignage, ne trouvera sa plénitude qu’en Dieu de qui tout vient et tout est.

« Mission  » par tout notre être, ayons donc l’audace d’être pour les uns les autres, mission et missionnaire. Bon mois missionnaire extraordinaire à chacun et à chacune.

père Norbert MWISHABONGO
Missionnaire d’Afrique (Père Blanc)
Curé de l’ensemble paroissial des Minimes

 


Actualité publiée le 11 octobre 2019

 

 

Lors de la Semaine missionnaire mondiale de 2016,
le père Norbert Mwishabongo, père Blanc Missionnaire d’Afrique,
donnait son témoignage sur le thème « Église missionnaire, témoin de miséricorde » :