Vincent et Cédrick, portraits de deux séminaristes bientôt diacres

Diocèse de Toulouse

Vincent et Cédrick, portraits de deux séminaristes bientôt diacres

Dimanche 19 décembre 2021, le diocèse de Toulouse comptera deux nouveaux diacres en vue du presbytérat, Vincent du Roure et Cédrick Tembeze ! Avant ce grand jour, pour eux et pour toute la communauté des fidèles du diocèse, ils ont accepté de répondre à quelques-unes de nos questions.
 

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- En quelques mots, pourriez-vous vous présenter ?

- Vincent  : J’ai 27 ans ; avec mes deux frères, nous avons grandi dans une famille catholique pratiquante. Mon parcours ? Tout ce qu’il y a de plus classique : baptême bébé, 1ère communion en CM1, confirmation en 2nde, messe tous les dimanches. Avec un père militaire, j’ai eu l’occasion de beaucoup voyager durant mon enfance entre la France Métropolitaine et l’Outre-Mer. Cependant j’ai gardé des attaches avec le sud de la France car mes parents sont du Midi. Après un baccalauréat scientifique et une licence de mathématiques, je suis rentré au séminaire.

- Cédrick  : Troisième d’une fratrie de sept enfants (six garçons et une fille), je suis né à Walungu, à l’est de la République Démocratique du Congo. Bien que baptisé à 14 ans, j’ai reçu une éducation chrétienne et garde le souvenir de ces moments où encore tout petit, désirant participer à la même messe que ma mère, je me levais tôt le dimanche pour aller à une messe qui commençait à 6h15. J’ai fait mes études dans des écoles catholiques et suis entré au séminaire directement après le bac littéraire. Mon cheminement a commencé en 2013 chez lez Missionnaires Xavériens, puis je l’ai poursuivi à l’Institut du Bon Pasteur, après quoi je suis arrivé dans le diocèse Toulouse où j’ai fait toute ma théologie et où je me prépare à exercer mon ministère.

 

- Pouvez-vous nous parler de votre appel ?

- Vincent  : En 2010, alors que j’arrivais en Nouvelle-Calédonie en classe de 1ère, j’ai commencé à chercher quel métier je désirais faire, en les passant tous en revue... Parrallèlement, lorsque j’allais à la messe le dimanche, je m’imaginais aussi à la place du prêtre. Mais systématiquement, j’écartais cette vocation puisque je désirais avoir une vie ‘‘normale’’.
La question revenait tous les dimanches, et lorsque mon cousin est entré au séminaire, cela m’a interrogé : pourquoi pas moi ? À partir de ce moment, avec divers petits signes venant du Seigneur, j’ai commencé sérieusement à y réfléchir. Un prêtre m’a accompagné spirituellement et m’a vraiment aidé à discerner.

- Cédrick  : Le désir d’être prêtre remonte à mon jeune âge car cet homme à la fois si différent des autres et pourtant si ressemblant me fascinait beaucoup. Il me paraissait à la fois fragile et serein et la vie du prêtre suscitait en moi déférence et curiosité. Une fois adolescent, cette vie me parut invivable ! Et puis petit à petit, l’idée et le désir sont revenus...
 

- Quand avez-vous pris la décision d’entrer au séminaire ? Comment votre entourage a -t-il accueilli la nouvelle ?

- Vincent  : Après mon bac en 2012, je ne me sentais pas de rentrer tout de suite au séminaire. J’ai donc commencé une licence de mathématiques dans le but d’obtenir le CAPES. Cependant, l’appel devenait de plus en plus fort, avec cette envie irrésistible de vouloir donner ma vie tout de suite, sans attendre.
À l’époque, je vivais à Lille, et en lien avec le service des vocations, j’ai commencé le séminaire en même temps que je faisais ma licence : les GFU (Groupe de Formation Universitaire) avec un week-end d’étude par mois, deux retraites, trois semaines d’études l’été à Lyon tous les ans. Trois années m’ont permis de commencer le séminaire de 2014 à 2017. En 2017, je suis arrivé au séminaire diocésain de Toulouse où j’ai continué ma formation jusqu’à aujourd’hui.
J’ai eu la grande grâce que ma décision ait été accueillie très favorablement par ma famille, ils m’ont vraiment accompagné toutes ces années.

- Cédrick  : C’est au cours de mon année de terminale que la question du sacerdoce a refait surface ; il était temps de penser à l’avenir, à ce que je voulais faire ou être. Le désir de me donner entièrement, de me consacrer à quelque chose qui non seulement était bénéfique pour moi mais au plus grand nombre, était mon premier critère. J’avais ainsi trois choix devant moi : l’armée, la politique ou le sacerdoce. Je savais que pour être prêtre, il fallait être appelé ; bien que cela me fascinait durant l’enfance, je ne considérais pas cela comme une vocation. Je me suis donc rendu chez un prêtre pour lui demander comment discerner une vocation au sacerdoce, comment être sûr que Dieu m’appelait à être prêtre. Sa réponse fut brève : « Si tu veux discerner ta vocation, savoir si le Seigneur t’appelle au sacerdoce, entre au séminaire ; il n’y a pas meilleur endroit pour discerner sa vocation. »
Ça a été l’élément décisif qui m’a permis de faire le premier pas vers le sacerdoce, un pas que je n’ai jamais regretté et qui me conduit aujourd’hui à l’ordination diaconale en vue du presbytérat.
En apprenant mon entrée au séminaire, les réactions ont été contrastées ; certains de mes amis me disaient : « Nous y voilà enfin », tandis que d’autres : « Tu vas vite découvrir que tu n’y es pas à ta place et revenir parmi nous !  ». Pour mon père, c’était une grande nouvelle, un de ses fils s’était enfin décidé à entrer au séminaire, tandis que ma mère ne voulait pas en entendre parler : « Je veux des petits-enfants ! » ; aujourd’hui, elle est celle qui me soutient le plus et m’encourage à devenir un bon et saint prêtre !

 

- Quel souvenir garderez-vous de cette formation ?

- Vincent  : Ces nombreuses années de formation m’ont appris tout d’abord à prier : la messe, faire oraison, prier le chapelet, l’office des Heures... Mes cours de philosophie et de théologie (et aussi un peu de mathématiques…) m’ont aidé à me rapprocher de Dieu et à transmettre ce que je recevais du séminaire. Les membres du conseil du séminaire m’ont vraiment fait grandir dans la foi, l’espérance et la charité.

- Cédrick  : Le séminaire a été un temps de maturation de ma vocation et de ma relation avec le Seigneur. Je garde un très bon souvenir des disciplines théologiques reçues et, finalement, cette période aura été pour moi comme un temps de fiançailles où j’ai appris à aimer et à connaître Celui à qui je me consacre et ceux vers qui je suis envoyé.

 

- Et lors de la pratique en paroisse, qu’avez-vous appris ? À quelles difficultés avez-vous été confronté ?

- Vincent  : J’ai été en insertion paroissiale à Montpellier, Béziers, Saint-Orens et Grenade. J’y ai découvert surtout des personnes qui aiment le Christ et qui ont soif d’aimer Dieu et de le connaître. Quant aux difficultés, j’en ai eu tellement que je ne peux pas toutes me les rappeler ! Je me suis heurté à des caractères très difficiles, des personnes en grande souffrance que je devais écouter, j’ai dû débattre avec des personnes idéologues, témoigner de ma foi... Je m’arrête ici car la liste serait bien longue !

- Cédrick  : Actuellement en stage à Saint-Exupère, j’avais été auparavant à L’Union pendant deux ans. Ces passages en paroisse m’ont permis de garder les pieds sur terre, d’être confronté à des situations réelles et concrètes. S’il y a une chose que j’ai vraiment appris durant ces insertions paroissiales, c’est que le pasteur doit être animé d’un zèle charitable ; pour porter des fruits qui demeurent, il doit rayonner de bonté car, comme le dit le père Faber : «  La bonté a converti plus de pécheurs que le zèle, l’éloquence ou l’instruction, et ces trois choses n’ont jamais converti personne sans que la bonté y ait été pour quelque chose  ».
 

- Aujourd’hui, quel prêtre aimeriez-vous devenir demain ? Avez-vous un modèle, une aspiration ?

- Vincent  : Je souhaite redonner le goût de la prière aux fidèles, cette prière qui est le premier lieu d’évangélisation et qui surpasse tout autre apostolat. Je désire donner le goût de la messe car il s’agit du sommet de notre foi, mais il s’agit aussi de sa source. L’évangélisation ne peut pas aller sans la messe pour les évangélisateurs et les évangélisés, car c’est la source pour commencer toute vie chrétienne. Je désire, pour demain, être un prêtre saint qui prie.

- Cédrick  : Un vieux prêtre me disait que le séminariste qu’on est aujourd’hui, c’est le prêtre qu’on sera demain ; j’espère juste que demain j’aurais beaucoup progressé dans la voie de la sainteté.

 

- Avez-vous des appréhensions, des craintes, entre votre envie de servir, au vu du contexte déchristianisé, devant l’ampleur de la tâche… ?

- Vincent  : Bien sûr que oui ! Vu notre monde qui a perdu la foi, notre Mère Église qui vit d’immenses difficultés, nos évêques, prêtres, diacres, laïcs qui en souffrent, oui, j’ai des appréhensions, naturellement !
Cependant, le Christ nous a sauvés et a déjà vaincu le monde, donc que craindre surnaturellement ? Rien. Saint Paul nous dit : « En tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés », et plus loin : « Rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur » (Rm 8, 37). Gardons la foi ! et tout se passera bien.

- Cédrick  : Il me semble que le monde d’aujourd’hui attend beaucoup des prêtres, et cela met un peu de pression. Nous nous offrons tout entier avec nos qualités et nos défauts, et tout le défi consiste à aller au-delà de nous-même pour nous laisser façonner par le Seigneur, pour pouvoir être des témoins crédibles. Finalement, notre crédibilité dépend de ce qu’on donne à voir, de notre témoignage de vie. Savoir que la société bien que déchristianisée porte un regard sur les prêtres, leur vie… cela encourage encore davantage et nourrit le zèle missionnaire. Et si la société n’est pas indifférente à ce que vivent les prêtres, c’est donc qu’ils peuvent encore être des témoins et se faire entendre.
 

- Comment priez-vous ? Quelle prière vous parle le plus ?

- Vincent  : Ma plus grande prière de la journée est l’Eucharistie : la messe est l’endroit où je me ressource le plus pour vivre une vie chrétienne. La Liturgie des Heures me fait entrer dans la prière de l’Église, et m’aide à prier pour ses membres, ses joies, ses souffrances, leur vie ordinaire, les événements moins ordinaires. Quant à l’oraison et à la lectio divina, elles me permettent de passer du temps avec le Seigneur : je l’avise et il m’avise (réponse d’un paroissien au saint curé d’Ars). Ce sont là vraiment les trois piliers de ma prière, mais je prie bien évidemment d’autres manières encore.

- Cédrick  : En dehors de l’oraison qui est pour moi un temps de ressourcement, un temps de cœur à cœur avec le Seigneur, c’est la liturgie des heures qui rythme mes journées ; avec elle, je me joins à toute l’Église pour chanter la louange de Dieu, rendre grâce et présenter nos supplications.

 

À quelques jours de votre ordination diaconale, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

- Vincent  : Dans quelques jours, je deviendrai diacre de l’Église catholique romaine. Je vois tous ceux qui m’ont précédé dans notre grande Tradition et cela me procure de la joie et une certaine sérénité. Me connaissant pécheur et petit devant cette étape qui m’attend, je prie le Seigneur et je crois qu’il m’accordera les grâces nécessaires pour avancer et accompagner le peuple de Dieu vers qui je serai envoyé.

- Cédrick  : Si la question m’avait été posée il y a un mois, j’aurais répondu : « Très impatient d’y être !  » Aujourd’hui, à quelques jours de l’ordination, l’impatience a cédé la place au calme, à la sérénité. C’est peut-être les fruits de la retraite ! En tous cas, je laisse le Seigneur poursuivre en moi ce qu’il a lui-même commencé.