80 ans plus tard, la Lettre pastorale de Mgr Saliège dignement commémorée

80 ans plus tard, la Lettre pastorale de Mgr Saliège dignement commémorée

Dimanche 20 novembre, les communautés juives et catholiques de Toulouse ont souhaité fêter ensemble l’anniversaire des 80 ans de la Lettre de Mgr Saliège. Alors que la France du régime de Vichy discrimine et persécute les populations juives dans le cadre de sa collaboration avec le régime nazie, le préfet de la Haute-Garonne ordonne la déportation de Juifs des camps de Noé et de Récébédou vers les camps de la mort. Informé, Mgr Saliège écrit et fait diffuser, le 23 août 1942, une lettre où il dénonce vigoureusement les violences faites aux Juifs et le mépris des droits des personnes. Cette lettre a permis le sauvetage de nombreux Juifs et marqué l’Histoire.

 

C’est autour de la nouvelle plaque en marbre dévoilée au sein de la cathédrale Saint-Étienne que s’est ouverte la Journée mémorielle des 80 ans de la Lettre de Mgr Saliège. Devant une foule assemblée, le texte de l’ancien Archevêque de Toulouse a été lu par des enfants du Caousou (établissement scolaire ayant appartenu au réseau Saliège) à une assemblée venue nombreuse. Une lettre que Mgr Saliège « nous laisse pour écrire notre histoire », indique le père Arnaud Franc, Délégué du diocèse de Toulouse aux relations avec le judaïsme.

La matinée s’est prolongée par une messe d’action de grâce que Mgr de Kerimel, Archevêque de Toulouse, a présidée. Environ mille personnes ont pu y participer : des paroissiens du secteur, des fidèles venus tout spécialement pour cette journée mémorielle ainsi que de nombreux officiels et élus. Mgr Jean Legrez, évêque d’Albi ainsi que Mgr Pontier, archevêque émérite de Marseille, des prêtres diocésains, des pères jésuites et dominicains, des diacres étaient également présents.


C’est le Frère Hyacinthe Destivelle, o.p., émissaire du Cardinal Koch, le Président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens et de la Commission pour les relations religieuses avec le judaïsme, qui a prêché l’homélie. En la fête du Christ-Roi, il a rappelé le lien entre la solennité et la lettre de Mgr Saliège : « En affirmant qu’aucun pouvoir, qu’aucun régime politique ne pouvait violer les droits humains, l’archevêque de Toulouse ne faisait rien d’autre que rappeler, comme le faisait Pie XI quelques années plus tôt, que le seul souverain véritable est Dieu lui-même » (lire ici).

En début d’après-midi, dans le square Saliège situé au pied de la cathédrale, de nombreux visiteurs, des représentants officiels, des élus et des religieux se sont réunis. « Nous avons voulu ensemble, avec les communautés juives et catholiques de Toulouse, ce temps de mémoire là où tout a commencé, ici à Toulouse, comme pour retrouver ensemble un nouvel élan dans notre engagement à vivre de sa lettre et de son esprit, au cœur même de notre cité, au cœur de ses nombreux et nouveaux défis  », a déclaré le père Arnaud Franc. Là, entre-coupés par des lectures de scouts israélites et de jeunes catholiques du lycée Sainte Marie de Nevers (qui a aussi caché des juifs durant la guerre) et du Caousou, plusieurs discours ont été prononcés : Mgr de Kerimel d’abord, suivi par M. Fredj, le Directeur du Mémorial de la Shoah. C’est ensuite M. Jean-Luc Moudenc, Maire de Toulouse, qui a pris la parole, suivi par M. Étienne Guyot, Préfet de la région Occitanie avant l’intervention de Mme Annie Beck, une enfant cachée au couvent de Massip. Enfin, les discours de M. Haïm Korsia, Grand Rabbin de France et du frère Hyacinthe Destivelle qui a lu le discours du Cardinal Koch.


Dans ce texte, ce dernier a rappelé « le lien spirituel unique entre le christianisme et le judaïsme », et a souligné le rôle pionnier de la France dans le dialogue judéo-chrétien. Après avoir rappelé le rôle de "sentinelle" qu’a joué Monseigneur Saliège avec de nombreux autres chrétiens et son "réseau Saliège", il a formulé son profond désir de voir « de nombreuses autres "sentinelles", de nombreux autres "guetteurs" se lever dans nos Églises, dans nos communautés, dans nos sociétés ». La rencontre s’est clôturée par le Kaddish, la prière juive des morts, et El male rahamim, en hommage aux victimes de la Shoah.

Un peu plus tard, un concert judéo-chrétien était donné dans la cathédrale. La rencontre s’est terminée par un chant regroupant les chorales des deux communautés en signe de fraternité entre les deux religions.

 

► Voir ici la messe d’action de grâce filmée et retransmise en direct par KTO : 
► Voir ici le dévoilement de la plaque en marbre.
► Écouter ici l’homélie de la messe prêchée par Frère Hyacinthe Destivelle
► Écouter ici le discours de Mgr de Kerimel
► Ou revoir ici tous les discours prononcés par les parties civiles et religieuses, filmés par KTO.

 


Actualité publiée le 24 novembre 2022