Au-revoir aux frères franciscains de Toulouse !

Au-revoir aux frères franciscains de Toulouse !

Les frères fransciscains, présents depuis 1916 à Toulouse, nous quittent. Leur départ est l’occasion de nous pencher sur cette fraternité de quatre frères, membres de l’Ordre des franciscains (les frères mineurs) et en relation fréquente avec les autres membres de la famille franciscaine de Toulouse. Rappelons que si sa mission est d’abord une mission de prière, la communauté est aussi très présente auprès des précaires et des sans-papiers de séjour (les Cercles de Silence, notamment). Tout en participant à l’animation de la famille franciscaine, elle accompagne également de jeunes collégiens et lycéens, ainsi que des personnes âgées et des malades. 

Accompagnons frère Serge, frère François-Régis, frère Jean-Pierre et frère Jean-Louis de nos prières et remercions-les chaleureusement ! Une célébration de départ aura lieu pour rendre grâce de leurs 95 années de présence dans le quartier de la Patte d’Oie à Toulouse et pour leur dire au revoir : ce sera ce dimanche 14 juin à 10h30 en l’église du Sacré-Cœur.

 

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Le couvent d’Étienne Billières

Un petit rappel historique d’abord.

L’Ordre s’est implanté à Toulouse dès 1222, du vivant de saint François d’Assise. Il y a eu jusqu’à la Révolution plusieurs fraternités : le grand couvent des Cordeliers (près du Capitole), le couvent des Récollets dans le quartier Saint-Michel, le couvent des Cordeliers de Saint-Antoine du Salin, rue Pharaon. Après plusieurs siècles de présence et d’apostolat, au moment de la Révolution (1790-91), les frères sont dispersés.

Après la Révolution française, les franciscains observants ne revinrent à Toulouse qu’en 1916, d’abord dans le quartier du Raisin, mais leur couvent étant petit, ils déménagèrent en 1925 pour s’installer avenue de la Patte d’oie (l’actuelle avenue Étienne Billières) dans un bâtiment construit pour 50 frères. À l’époque, le quartier étant pauvre et n’ayant pas bonne réputation, les frères avaient fait volontairement ce choix d’insertion. Ils marquèrent progressivement et durablement le tissusocial du quartier par une activité caritative débordante. Le frère Clément créa dans les années 1930-40 les jardins ouvriers du quartier des Fontaines ainsique le stade des Fontaines qui existe toujours.

Dans les années 1950-1960, une partie du couvent, appelé « le gourbi », logea jusqu’à une trentaine d’étudiants principalement étrangers que personne ne voulait héberger en ville : des noirs, des vietnamiens, des algériens, des marocains. Puis les frères aménagèrent dans le sous-sol de leur couvent le relais pour accueillir de jour et de nuit des sans-abris. C’était le seul accueil de ce type à Toulouse à l’époque. Le Tiers-Ordre franciscain ne fut pas en reste. Il créa, rue Jean de Pin, non loin du couvent, une maison d’accueil pour loger des femmes en difficulté. Le couvent des frères était d’abord une maison de formation en théologie. Il abritait aussi une bibliothèque de recherche imposante et des archives historiques. Parmi les frères, des enseignants à l’ICT. Les plus connus ont été F-M Bergounioux, fondateur du laboratoire de géologie de l’ICT et plusieurs années après Michel Dutheil, exégète recteur de l’ICT pendant 12 ans.

Beaucoup de gens du quartier et de la ville venaient se confesser dans les 4 confessionnaux de la chapelle. La messe du dimanche accueillait jusqu’à 300 personnes. Les frères accompagnaient les scouts marins. Le couvent était aussi le siège de la curie provinciale des frères. La guerre de 1940 eut son lot d’anecdotes : des demandes de franciscains allemands officiers de la Wehrmacht pour célébrer des messes sur les autels de la chapelle, la présence de résistants cachés clandestinement dans le couvent pour fuir vers l’Espagne, dans le jardin un élevage de cochons qui avaient pris le nom des plus grands dignitaires nazis...

 

Le couvent de la rue Coll

De 1973 à aujourd’hui, le couvent d’Étienne Billières fut détruit et le site remplacé par un haut et grand immeuble privé résidentiel. Les frères occupèrent un nouveau couvent plus petit et fonctionnel construit dans une partie de leur jardin et donnant sur la rue Coll. Ils continuèrent leur activité caritative. Jusqu’à il y a une quinzaine d’années, de nombreux casse-croute étaient offerts chaque jour à des nécessiteux.

La maison est restée maison provinciale et maison de formation pendant longtemps, les frères faisant leurs études au Séminaire de Saint-Cyprien ou à l’ICT. Des professions solennelles de frères eurent lieu dans l’église du Sacré Cœur. Un frère a fait son stage pastoral d’avant ordination à Saint-Nicolas.

Depuis les années 1990, un frère organise en ville des maisonnées pour abriter des sans-abris en co-responsabilité. L’association qui fait leur suivi, GAF, existe toujours. Le couvent a accueilli pendant plusieurs années le groupe de prière charismatique toulousain « le fleuve ». En octobre 2007 ont été lancés par les frères un des premiers « Cercle de Silence » à Toulouse sur la Place du Capitole. Cette initiative a eu un grand retentissement national et international. Les cercles de silence continuent toujours. Il y a 6 ans a été lancé un jardin potager partagé le jardin des frères.

 

La fermeture fin août 2020

Vu la crise des vocations en France, les effectifs de la communauté à Toulouse ont constamment baissé, les frères partant pour d’autres couvents. En 2002, il y avait 15 frères, il n’y en a plus que quatre en 2019. La fraternité a été soutenue ces dernières années par son réseau de bénévoles et par les diverses composantes de la famille franciscaine dont les sœurs franciscaines de la rue Koenig. « Notre présence à Toulouse se termine, indique frère Serge. Comme disait saint François d’Assise, notre fondateur "nous sommes pélerins et étrangers en ce monde " ».

 

► Site internet de la communauté des franciscains à Toulouse : https://www.franciscainstoulouse.fr/

 

 

 


Actualité publiée le 10 juin 2020

 

 

 

 

 

 

Célébration d’adieux aux franciscains de Toulouse

le dimanche 14 juin 2020

à 10h30 en l’église du Sacré-Cœur.