Chemins de réconciliation en Israël et Afrique du Sud

Autour des prolématiques rapports Nord-Sud, droits humains, environnement, migrations…

Chemins de réconciliation en Israël et Afrique du Sud


Depuis des années, le Cycle Regard organise au cinéma Central de Colomiers des soirées film et débat sur des problématiques diverses : rapports Nord-Sud, droits humains, environnement, migrations…Le 24 janvier 2014, la séance s’est intégrée dans la 7è édition du Festival International du Film des Droits de l’Homme de Toulouse et Midi-Pyrénées, organisée par 7 associations.
A Colomiers, la soirée était préparée par le CCFD-Terre solidaire, en collaboration avec le Centre de Ressources sur la Non-Violence. Au programme, un documentaire très poignant : One day after peace, de Miri et Erez Laufer sur le thème du pardon et de la réconciliation en Israël et en Afrique du Sud. 
Ce film retrace l’itinéraire de Robi Damelin, une mère israélienne dont le fils, jeune soldat, a été tué par un sniper palestinien lors d’un attentat sur un check-point. Refusant la logique de la haine, elle écrit au prisonnier palestinien et à sa famille, mais reste sans réponse. Elle retourne alors en Afrique du Sud, son pays d’origine, qu’elle a quitté 40 ans auparavant par refus de l’apartheid. Elle y rencontre de nombreux acteurs de la CVR, Commission Vérité et Réconciliation, qui a permis un travail d‘amnistie, en parallèle avec le travail de la justice pour ceux qui n’acceptaient pas cette démarche.
 Robi rencontre Mgr Desmond Tutu, l’archevêque qui a présidé la CVR, mais aussi des magistrats, des personnes amnistiées, membres de la police ou de la lutte anti-apartheid et l’on découvre d’admirables témoignages de pardon : l’ancien ministre de la justice et de la police, Adriaan Vlok, qui, pour se racheter, court les townships pour porter des colis alimentaires à des familles noires dont les enfants ont parfois été assassinés par ses services ; Ginn Fourie, une femme blanche qui a pardonné à l’assassin de sa fille, s’est rapprochée de lui et ce dernier, militant noir de la lutte armée, d’abord enfermé dans un discours idéologique, dit que ce « pardon l’a délivré de la prison de l’inhumanité ».
En Israël aussi, nous découvrons l’émouvant et patient travail de dialogue des « associations de familles endeuillées » palestiniennes et israéliennes, les visites régulières, jusqu’aux échanges de sang, car « qui voudrait tuer quelqu’un qui partage son sang ? ». 
Si la colère, le désir de vengeance est souvent la première réaction, tous ces acteurs ont pu les dépasser et portent un formidable message d’espoir. 
Les deux animateurs du débat, M.Guy Thuillier, professeur de géographie à l’UT I Capitole et M. Hervé Ott de l’Institut Conflits, Cultures, Coopération à Millau ont apporté leur éclairage chacun dans leur domaine et montré combien le travail de la CVR avait été salutaire pour reconstruire après l’apartheid. Comme le souligne Mgr Tutu, les coupables de violence ont changé et sont devenus de vrais acteurs de paix et de réconciliation. Quelle leçon pour Israël-Palestine ? Le film dit en tout cas l’urgence de rendre la paix possible…
Le CCFD-Terre solidaire, ONG de solidarité internationale, accompagne environ 400 projets dans les pays du Sud et d’Europe de l’Est dont un certain nombre autour de la paix et de la résolution des conflits : en Israël par exemple, l’association Reut Sadaka (amitié) qui, depuis 1983, organise des rencontres entre jeunes israéliens et palestiniens ou encore Zochrot, qui signifie se souvenir en hébreu et s’est donnée pour objectif de sensibiliser le public israélien à la « Nakba », la catastrophe vécue en 1948 par les Palestiniens au moment de la création de l’état d’Israël…Des projets porteurs d’espoir…
Françoise Laborde

 


Actualité publiée le 6 février 2014