Comment faire aimer l'Église après les scandales ?

Comment faire aimer l’Église après les scandales ?

L’ampleur prise par les scandales de pédophile au sein de l’Église a stupéfié le monde entier, et a plongé les chrétiens dans une grande tristesse, voire une colère sourde. Comment nous-y prendre pour faire aimer l’Église après ce tsunami ?

Une communauté d’amour plus qu’une institution 

Assurément, s’il nous faut prendre sa défense devant nos contemporains, le mieux sera de renoncer à la leur présenter de prime abord comme une institution. Le mot institution n’est pas en effet en odeur de sainteté pour les mentalités qui ont fait de l’anticonformisme le plus petit dénominateur culturel commun de leurs convictions, par ailleurs fort diverses. Présenter l’Église comme un intermédiaire entre Dieu et les croyants peut s’avérer également contre-productif : l’homme d’aujourd’hui est fortement allergique aux médiations. Il affectionne plutôt les rapports directs.
Aussi, après les scandales qui l’ont ébranlée, avant de définir l’Église comme un moyen d’aller à Dieu (ce qu’elle est), il est certainement plus efficace, lorsqu’on désire la faire aimer par ceux de l’extérieur, de la leur présenter d’abord comme la communauté humaine qui couronne le plan créateur et éternel de Dieu. Autrement dit, l’Église est la fin de la Création (la fin en tant que ce pour quoi Dieu a fait surgir le monde du néant), parce qu’elle constitue la communauté qui bénéficie et jouit des dons de Dieu. L’Église n’est pas seulement moyen de salut. Elle représente également la manifestation de ce même salut. Autrement dit elle incarne ce que pour quoi elle est moyen. En ce sens, elle est à la fois moyen et fin. 

Le danger de se prêcher soi-même

Cependant, en la présentant comme une fin, nous courons également le risque de prêcher l’Église pour elle-même, c’est-à-dire d’en faire une entité « auto-référentielle », selon l’expression du pape François. Ce serait là courir le risque d’exacerber le cléricalisme, cette « manière déviante de concevoir l’autorité », selon la définition qu’en donne François, ce cléricalisme dans lequel certains ont vu un facteur aggravant des scandales sexuels qui ont ébranlé l’institution. En définissant l’Église comme « manifestation de salut », on n’entend pas par cette expression qu’elle représenterait une humanité qui se serait portée elle-même à la perfection. Elle serait dans l’erreur si elle se prêchait elle-même à ce niveau, c’est-à-dire si elle cédait à la tentation d’attribuer son excellence à ses propres mérites. Ce qu’elle est en tant que communauté rachetée, et donc en tant qu’épiphanie, manifestation du salut, elle en est en effet redevable à Dieu. 

Le meilleur moyen de lutter contre le cléricalisme 

L’Église est sauvée. Et servante. Le rappel de ces deux caractéristiques seront-elles suffisantes pour conjurer la tentation du cléricalisme dans la pratique de tous les jours, dans les rapports entre les hommes, entre hommes et femmes, entre laïcs et clercs ? La perfection n’est pas de ce monde. Les déclarations de principe ne suffiront pas. Tel tonne contre le cléricalisme, qu’il soit prêtre ou laïc, qui se comporte dans la réalité autoritairement avec ceux qui sont ses collaborateurs ! Devant l’inertie du péché, les bulles vaticanes ne remplaceront pas la prière et l’amour du Christ serviteur, « doux et humble de cœur  ». Le meilleur moyen de lutter contre le cléricalisme réside encore dans la ferme volonté de se conformer à l’exemple de Celui que le Père a envoyé dans le monde, et de s’attacher à sa personne adorable. Cette volonté dont rien ne garantit mieux la persévérance en nous que les sacrements de... l’Église !

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 6 septembre 2018

 

 

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