Homélie de Mgr de Kerimel pour la messe de la Fête des Peuples 2024

Jésus le Bon Pasteur est venu chercher chacun de nous ; par le baptême, Il nous a fait sortir de l’esclavage du péché, d’un monde centré sur lui-même, sans horizon, sans avenir. Il est la Porte qui nous a ouvert le chemin de la vraie vie, de la vraie liberté. Il nous conduit vers les bons pâturages, les grands espaces, à travers les épreuves de cette vie. Il connaît chacun de nous de manière personnelle, comme le Père Le connaît et qu’Il connaît le Père. Et nous, nous apprenons à Le connaître, et nous pouvons Lui faire confiance, puisqu’il a donné sa vie pour nous. Il a affronté les loups, Il a en quel sorte servi d’appât ; ils se sont jetés sur Lui et ont été pris au piège ; si nous l’écoutons et vivons en communion avec Lui, Il nous soutient dans le combat contre les forces du mal et contre les tentations.

Nous qui venons de cultures et de peuples divers et variés, Jésus a fait de nous un seul peuple, une seule famille ; nous venons d’enclos différents, mais nous sommes un seul troupeau de l’unique Pasteur. Cette unité est notre force. Elle n’est pas uniformité, mais communion profonde. Nous gardons notre culture, nos traditions, mais Jésus nous fait entrer dans une nouvelle manière de vivre qui devient aussi notre culture. L’Évangile purifie les cultures, mais ne les supprime pas. Elles sont une richesse à partager ; elles sont une ouverture pour ceux qui les découvrent. S’enrichir des diverses cultures permet à chacun de ne pas se laisser enfermer dans sa culture propre, dans ses traditions, et de mieux discerner ce qui est bon, ce qui est évangélique, ce qui nous aide à mieux suivre le Christ. Par exemple, le respect des anciens est très présent en Afrique et dans d’autres régions du monde, alors que les Français et les occidentaux en général l’ont perdu. Il est tout à fait évangélique de redonner une place aux anciens. Le chrétien ne peut pas être une personne enfermée dans un enclos, qui tournerait en rond. Le chrétien est un pèlerin, il est en marche vers sa véritable patrie, il est comme un étranger ici-bas. Il rejoint ses frères et sœurs de tous les peuples de la terre pour former une seule famille. Il reste lui-même, avec la culture et les traditions reçues de ses parents, mais il s’ouvre aussi aux autres cultures, et surtout à la vie nouvelle instaurée par le Christ. Le chrétien apprend à vivre selon les mœurs de Dieu qui enrichisse sa propre culture et l’ouvre aux autres.

Ainsi, en devenant disciples de Jésus, nous apprenons à établir des relations fraternelles avec l’autre, celui qui est d’un autre peuple, d’une autre culture. Plus le chrétien est uni à Dieu, plus il s’ouvre aux autres, pour vivre une communion profonde dans le Christ. Le Christ est venu rassembler les enfants de Dieu dispersés ; Il a prié pour que ses disciples soient un, comme Lui et le Père sont Un. Dans la vie d’un chrétien, l’autre est un frère, il est le signe de la présence du Christ ; il me conduit à sortir de moi-même, à me décentrer de moi-même, à m’ouvrir, à déployer mes capacités de me donner. En ce sens, l’autre me conduit à Dieu qui est le Tout Autre. La vie humaine qui est une vie de relation tend vers la communion avec les autres. Pour qu’il y ait communion, il faut qu’il y ait une altérité, il faut qu’il y ait un autre. Sinon ce serait une fusion, une absorption de l’autre ; celui-ci n’existerait plus en tant que tel.

Le Bon Pasteur connaît chacune de ses brebis ; Il fait attention à chacune. Monté au ciel, Il compte sur les membres de l’Église qui est son Corps pour manifester à chacun sa sollicitude, son attention personnelle. Chacun de nous, nous pouvons être témoins du Bon Pasteur en faisant attention à notre prochain, en ayant le souci les uns des autres. De plus, pour manifester sa présence et pour conduire ses disciples, le Bon Pasteur appelle des hommes et les consacre ; Il leur confère une grâce particulière qui les habilite à être la voix du Bon Pasteur, à nourrir ses brebis, à les servir : ce sont les prêtres de Jésus-Christ.

St Pierre, après avoir été confirmé dans son appel et sa mission par le Christ ressuscité, agit au nom du Christ ; plus exactement, c’est le Christ qui agit par lui. C’est ainsi qu’au nom du Christ, Pierre a guéri un impotent ; Jésus a guéri un impotent par l’intermédiaire de Pierre, ce qui a troublé les grands prêtres et les anciens du peuple. Il témoigne devant eux que le Christ est vivant, qu’Il est le Seul qui puisse sauver l’humanité. Pierre et les autres apôtres, et toute l’Église du Christ, continuent l’œuvre du Fils de Dieu et sa présence bienfaisante dans le monde.

Aujourd’hui, l’Église nous invite à prier pour les vocations de prêtres ; c’est-à-dire pour que le Seigneur appelle des hommes à tenir la place du Christ Bon Pasteur au milieu de nous. Nous avons besoin de prêtres, d’hommes saisis par l’amour du Christ, qui aiment les chrétiens confiés à leur ministère, qui aillent au-devant de ceux qui cherchent le sens de leur vie, qui se donnent sans compter pour conduire au Christ toutes les personnes perdues, enfermées dans la logique mortifère de ce monde, sans avenir, sans but.

Mais l’Église a aussi besoin que tous les baptisés se réveillent et témoignent du Christ. Le monde a besoin que les chrétiens lui redonnent le goût de la vie, lui témoignent de l’espérance. Beaucoup d’hommes et de femmes attendent d’avoir auprès d’eux comme des anges gardiens qui les accompagnent et les aident à résister aux loups.

Rendons grâce à Dieu de nous avoir appelés à faire partie de son peuple ; prions avec ferveur pour qu’Il nous donne des pasteurs selon son Cœur. Demandons aussi que chaque baptisé, en Église, s’engage dans la mission du Christ pour la vie du monde.

 

+ Guy de Kerimel
 Archevêque de Toulouse