État des lieux de la situation des sans-abris accueillis par le Secours catholique

Avec Andrew Nguyen, coordinateur du pôle errance au Secours Catholique de Toulouse

État des lieux de la situation des sans-abris accueillis par le Secours catholique

Andrew Nguyen est le coordinateur du pôle errance au Secours Catholique de Toulouse. À notre demande, et à l’heure du troisième confinement qui vient de débuter, il nous dresse un état des lieux de la situation dans son service.

« Depuis le premier confinement, le 16 mars 2020, le Pôle Errance poursuit sa mission d’aller au-devant de la population des sans-abri. Très vite, le Secours catholique s’est retrouvé face à un terrible constat : les gens ont faim. Certaines personnes téléphonaient pour nous livrer leurs états d’âmes inédits comme : « On a peur, on n’ose pas sortir et on a faim !  » Nous étions dans une urgence sanitaire et alimentaire, une situation catastrophique.

Notre façon de travailler a donc été brusquement bousculée mais cette bienveillance qui nous habitait a vite repris le dessus : en dépit des contraintes sanitaires, nous avons réussi dès le début, parfois tant bien que mal, à satisfaire au mieux les besoins de nos bénéficiaires. Notre mission, dont le point d’orgue était la distribution alimentaire et les tournées de rue, a nécessité une mobilisation quotidienne et immédiate de nos bénévoles. Comme bon nombre d’entre eux se sont mis en retrait, à cause de leur âge ou de leur santé, ce fut un véritable casse-tête pour parvenir à trouver de nouvelles recrues. Fort heureusement, la politique du Secours Catholique ayant cette particularité de favoriser l’inclusion des bénéficiaires eux-mêmes dans leur mission, la stratégie a été payante. Depuis toujours, l’association est connue pour le bras qu’elle tend vers les plus nécessiteux en allant au-devant de la personne ; elle a aussi à cœur de favoriser l’accompagnement de ceux qu’elle accueille. Cela nous a permis de suivre un certain nombre de nos sans-abris vers un hébergement tout en leur permettant de se valoriser par une mission.

On a aussi vu un élan de solidarité de la part de nombreuses personnes devenues oisives à cause du confinement. La précarité, la misère... deux maîtres-mots qui nous ont permis de réunir moult petites mains pour confectionner des colis alimentaires tandis que d’autres allaient les distribuer. À ce moment-là, notre premier souci était d’essayer de rejoindre toutes les personnes qui se terraient dans les camps, les squats ou encore les chambres d’hôtel afin de leur apporter un peu de chaleur humaine. Heureusement que peu à peu une organisation et surtout une entraide entre quelques associations a vu le jour pour tenter de parer à l’urgence.

Aujourd’hui, en avril 2021, nous sommes toujours confinés et la configuration est quasi identique. La population des sans-abris qui dorment dans la rue est restée stable (entre 800 à 900 personnes). En revanche, grâce à la mobilisation exceptionnelle de l’état du nombre de places d’hôtel et d’hébergement, c’est près de 1550 places qui ont été octroyées à plus de 5000 personnes hébergées (en 2020, ils étaient environ 4600). Le constat est alarmant car la précarité ne cesse donc de s’accroître. Bousculés par les restrictions sanitaires, nous voyons apparaître de nouvelles populations qui toquent à la porte : des chômeurs partiels, des étudiants, des personnes vivant seules qui recherchent un contact.

Nous sommes plongés dans une spirale sans fin qui nous oblige presque à gérer l’humain au cas par cas. Comment identifier au mieux les causes de pauvreté et, surtout, comment lutter contre elles ? La réponse serait peut-être dans la méthode ignatienne : "Voir, juger, agir"... Quoi qu’il en soit, c’est un combat au quotidien que nous essayons de gagner au mieux sans laisser personne sur le bord de la route. Cet investissement sans relâche qui illustre l’adage "La charité n’a pas d’heure" me permet de mesurer l’engagement que j’ai en tant que bénévole au sein du Secours Catholique.

À ce jour, le Pôle Errance poursuit ses missions, bien entendu avec le respect des normes sanitaires et gouvernementales, à savoir :

- la distribution de colis alimentaires au chemin du Raisin
- l’accueil de jour reste ouvert avec un service de douches et de laverie, un brunch est proposé
- un accompagnement social et administratif reçoit sur rendez-vous
- les tournées de rue sont maintenues au rythme de 5 jours par semaine
- un soutien scolaire est proposé à nos petits chérubins. »

 

 

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Actualité publiée le 7 avril 2021