Chapelle Notre-Dame de Lourdes à Toulouse,
Le samedi 8 février.
À Lourdes, le 11 février 1858, une jeune femme apparaît à Bernadette, pauvre parmi les pauvres, dans la grotte de Massabielle. Cette jeune femme se révélera être l’Immaculée Conception, la Vierge Marie, Mère de Jésus. Avec Marie, en quelque sorte, le ciel s’ouvre au-dessus de Bernadette, et voici qu’elle est chargée de porter un message au curé de Lourdes et à travers lui à l’Église, l’invitant à construire une chapelle et à venir en procession.
Quel est ce message ? Une présence aimante, miséricordieuse et consolante de Dieu : Marie est comme le visage de la tendresse de Dieu ; en vouvoyant Bernadette, elle témoigne du respect et de l’attention que Dieu accorde à chaque personne humaine, même la plus petite. S’appuyant sur cette présence aimante, La Vierge Marie transmet un appel à la conversion, à la pénitence pour les pécheurs. Enfin le message touche au mystère de l’Église. Lourdes est un lieu exceptionnel où l’on fait l’expérience de l’Église : Peuple de Dieu venu de toutes les nations, de toutes les langues, de toutes les cultures ; les riches et les pauvres ; les biens portants et les malades.
À Lourdes, chacun a sa place, les plus petits, les plus fragiles, les malades, sont particulièrement soignés, accompagnés, mis au premier rang. Et tous, nous prenons conscience que nous sommes un même peuple de pécheurs, de malades, qui avons besoin de l’intercession de la Vierge Marie pour avancer à la suite du Christ. Tous ensemble, nous marchons en procession, de manière synodale, vers la chapelle, vers l’Eucharistie, source et sommet de la vie chrétienne. À Lourdes, Marie marche avec nous, et nous conduit à son Fils, pour vivre l’Alliance Nouvelle et Éternelle, dont nous célébrons le mémorial dans l’Eucharistie.
Marie est la première collaboratrice de son Fils Jésus. Dans l’évangile selon saint Jean, elle apparaît au début, à l’occasion du premier signe que Jésus accomplit grâce à son intercession. Elle apparaît ensuite à la croix, au moment où l‘Alliance Nouvelle et Éternelle est scellée, par le don que Jésus fait de sa vie, et par le « oui » que Marie dit au nom de toute l’humanité. Dès les débuts de son évangile, Jean évoque les noces de Cana, premier signe de Jésus, qui nous centre sur l’Alliance. Jésus est venu pour inaugurer l’Alliance Nouvelle, pas simplement pour faire des prodiges.
Marie, elle, est attentive aux besoins de son entourage. Elle s’aperçoit que le vin vient à manquer, qui risque de ternir la joie des noces. Elle attend le monde nouveau, le festin messianique, où le vin coulera à flot. À travers le manque de vin, Elle voit ces cœurs en attente de bonheur, elle voit les manques, les blessures, les espoirs, les angoisses de l’humanité. Elle en parle à son Fils : ils n’ont pas de vin. Jésus semble la renvoyer, rappelant à sa Mère que son heure n’est pas venue. Marie ne se décourage pas, et invite les servants à faire tout ce que Jésus leur dira. C’est ainsi qu’il change une grande quantité d’eau (600 litres) en vin, un vin meilleur pour une Alliance meilleure que la première, symbolisée par le manque de vin. La première Alliance avait manifesté ses limites ; Marie intercède et Jésus anticipe son heure en donnant un signe qui annonce la surabondance de grâces dans l’Alliance Nouvelle et Éternelle.
Pour que Jésus accomplisse ce signe, il faut que les servants exécutent ses ordres. La Vierge Marie invite à écouter et à mettre en pratique la Parole de son Fils. Elle nous apprend à nous mettre dans les dispositions pour entrer dans l’Alliance, pour vivre dans l’Alliance et bénéficier de la surabondance des grâces du Christ. « Faites tout ce qu’Il vous dira ». Imaginez que les prêtres, serviteurs de l’alliance Nouvelle et Éternelle, refusent de faire ce que Jésus a demandé à ses Apôtres : « faites cela en mémoire de moi ». Il n’y aurait plus de messes, plus de moyens pour les croyants de vivre de l’Alliance, de communier à l’Alliance Nouvelle et Éternelle.
De même à Lourdes, à travers le symbole de se laver à l’eau de la grotte, à travers le sacrement de la réconciliation, à travers la pénitence, la Vierge Marie nous conduit à vivre l’Eucharistie comme un véritable don de nous-mêmes à Jésus qui se donne totalement à nous. Les guérisons qui ont lieu à Lourdes sont des signes de la guérison obtenue dans le sacrement de la réconciliation et dans l’Eucharistie. Elles sont des signes de ce monde nouveau, de ce royaume déjà présent mais encore à venir. Marie n’a pas promis le bonheur à Bernadette dans ce monde, mais dans l’autre. Dans ce monde, c’est le temps de la conversion, le temps de choisir le Christ, le temps de l’Église servante de l’Alliance Nouvelle et Éternelle, qui transmet la Bonne Nouvelle, qui invite à la conversion, qui plonge dans les eaux du baptême, qui nourrit du Pain de Vie.
Marie est une figure de l’Église. L’Église, Épouse du Christ, peut se mettre à l’école de la Vierge Marie pour être la Collaboratrice de Jésus avec fécondité. L’Église, qui, comme Marie, voit les détresses, les espoirs, les angoisses de nos contemporains et qui intercède auprès de Jésus pour qu’Il répande des grâces surabondantes sur l’humanité.
L’Église n’existe pas pour Elle-même, mais pour accomplir la mission que Jésus lui a confiée. Que Notre-Dame de Lourdes, l’Immaculée Conception, nous éduque et nous accompagne dans notre pèlerinage de foi et d’espérance !
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse
Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens
Dimanche 9 janvier 2022