Fêtes locales : pas de concurrence entre la messe et le bal disco !

Réflexion...

Fêtes locales : pas de concurrence entre la messe et le bal disco !

Durant les mois de juillet et d’août, la grande majorité des villages de notre diocèse organisent leur fête locale. Ces réjouissances sont la survivance des fêtes patronales de jadis, à l’occasion desquelles les habitants étaient appelés à honorer le saint patron protecteur de leur commune. Malheureusement, cette tradition s’est perdue pour la simple raison que les fêtes de saints ne tombent pas toutes en été ! À titre d’exemple, Saint André, le patron de Montespan dans le Comminges, est fêté le 30 novembre : c’est un peu tard dans la saison pour le bal en plein air sur la place du village !

C’est ainsi que ces réjouissances ont été déconnectées de la motivation initiale qui les avait fait naître, et que la dimension religieuse s’est peu à peu perdue. Pas totalement, cependant ! Les édiles tiennent à ce qu’une messe soit célébrée le dimanche matin (sinon, le samedi soir), afin de bien marquer l’événement. Sur les affiches, la célébration eucharistique est toujours mentionnée en bonne place, entre le bal disco de la veille et l’apéritif du dimanche à midi. Les chrétiens ne s’en plaindront pas ! Rappelons que notre foi est une fête, une Bonne Nouvelle, et que Jésus a opéré son premier miracle à l’occasion d’un mariage, en rajoutant une bonne dose de vin (à consommer avec modération) aux réjouissances de Cana.

Le prêtre qui vient célébrer est content lorsqu’un paroissien l’invite à prendre un verre lors du sacro-saint apéro. La fête soude le village, permet de conjurer l’individualisme ou l’esseulement. Je me souviens de certains prêtres africains qui s’étonnaient qu’il n’y ait pas davantage de monde pour la fête locale. Mais nous avons basculé depuis longtemps déjà d’une civilisation du village vers une civilisation des mégapoles, impersonnelles et froides.

Récemment une amie, qui organise la liturgie dans sa commune, m’a demandé de l’accompagner pour aider le prêtre à l’occasion de la messe de la fête locale d’un village éloigné (il ne se trouvait personne de la commune pour le faire à ce moment-là). Le conseil municipal avait lourdement insisté afin que la célébration ait lieu – ce que la raréfaction des prêtres rend de plus en plus problématique. Quand tout fut prêt, consternation ! Aucun membre du conseil municipal ne se trouvait dans l’assemblée ! Si je rappelle cet événement, ce n’est pas pour porter un jugement, mais pour que l’on prenne conscience que la survivance de la dimension religieuse de nos fêtes locales n’est pas acquise pour toujours. Elle ne dépend pas seulement de Monsieur le curé, mais aussi des chrétiens-relais, ainsi que de toutes les bonnes volontés qui se trouvent dans nos villages.

L’Eucharistie est un rassemblement, comme la fête elle-même. Elle est même un festin joyeux. D’ailleurs, la messe de la fête locale est l’occasion de prier pour les malades et les défunts de la commune. Non seulement nous rappelons leur souvenir, mais surtout nous prions Dieu de les réunir dans son Royaume. Durant nos fêtes locales, il n’y a pas que l’apéro et le bal pour nous rassembler !

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 5 juillet 2018