La passion selon saint Marc s’ouvre avec une femme,
qui entre chez Simon le lépreux (odeur terrible) à Béthanie,
« avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur.
Brisant le flacon, elle versa le parfum sur la tête de Jésus ».

Nous avons eu au début du Carême une récollection
avec Sœur Anne Lécu, Dominicaine de la Présentation de Tours,
visiteuse de prison depuis longtemps sur « Les parfums dans la Bible ».
Elle a écrit un livre sur ce thème en 2019.

Le livre du Cantique des cantiques commence par ces mots de la Bien-Aimée :
« Délice, l’odeur de tes parfums ; ton nom, un parfum qui s’épanche :
ainsi t’aiment les jeunes filles » (1, 3).

Le Psaume 44^ème, psaume nuptial, chante comme il suit :
« Oui, Dieu t’a consacré d’une onction de joie,
comme aucun de tes semblables ;
la myrrhe et l’aloès parfument tes vêtements » (8-9).

La femme qui répand sur la tête de Jésus ce parfum sans prix
suscite les critiques de plusieurs, notamment de Judas,
mais Jésus la défend : « Pourquoi la tourmenter ?
Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi.
Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous,
et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ;
mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours.
Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait.
D’avance, elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement.
Amen, je vous le dis : partout où l’ évangile sera proclamé
– dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle,
ce qu’elle vient de faire » (Mc 14, 6-9).

Jésus salue ce geste gratuit, signe d’un grand amour.
Savons-nous être généreux, sans oublier l’efficacité,
mais en sachant aller parfois au-delà, dans l’élan du cœur ?
Jésus est le Christ, mot qui signifie « Oint » en grec,
celui qui a reçu l’onction, Messie en hébreu.
Dans les Évangiles, par deux fois, l’Oint reçoit l’onction
d’une femme : la pécheresse de Luc (7, 36-50) et Marie de Béthanie (Jn 12, 3-8).

Saint Paul, dans sa deuxième lettre aux Corinthiens, leur écrit :
« Rendons grâce à Dieu qui nous entraîne sans cesse
en son cortège triomphal dans le Christ,
et qui répand par nous en tout lieu le parfum de sa connaissance.
Car nous sommes pour Dieu la bonne odeur du Christ,
parmi ceux qui accueillent le salut » (2, 14-15).
Demain, nous célèbrerons à la cathédrale la messe chrismale,
celle où l’évêque bénit les saintes huiles et consacre le saint-chrême.
Par les sacrements, nous recevons l’onction du Christ
et pouvons répandre partout le parfum de sa présence.

Le Psaume 44^ème parle aussi de myrrhe et d’aloès,
parfums utilisés pour l’ensevelissement.
Précisément, la passion selon saint Marc,
qui commence par l’onction de Béthanie,
s’achève par la mention des saintes femmes,
« qui observaient de loin, et parmi elles, Marie-Madeleine,
Marie, mère de Jacques le Petit et de José,
et Salomé qui suivaient Jésus » (15, 40-41).
Elles observent et regarde l’endroit où on l’a mis au tombeau,
car elles ont bien l’intention d’y revenir, dès le sabbat terminé,
avec « des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus » (16, 1).

Demandons au Saint-Esprit de nous donner son onction,
pour dire à Jésus notre amour, lui qui nous a aimés jusqu’au bout,
pour oindre et consoler les membres souffrants de son Corps
qui est l’Église.

Amen.

Les Minimes,

+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse