En juin, le Pape invite les Chrétiens du monde à prier pour ceux qui fuient leur pays :
« Prions pour que les migrants, qui fuient les guerres ou la faim et sont contraints à des voyages pleins de dangers et de violence, puissent trouver l’hospitalité ainsi que de nouvelles opportunités de vie dans les pays d’accueil. »Un parcours de formation au service de la vie consacrée
Édito juin 2024 – Pour ceux qui fuient leur pays
Parce que nous sommes frères
Prions pour que les migrants, qui fuient les guerres ou la faim et sont contraints à des voyages pleins de dangers et de violence, puissent trouver l’hospitalité ainsi que de nouvelles opportunités de vie dans les pays d’accueil.
L’intention du Pape donne à imaginer les épreuves de ceux qui fuient les guerres ou la faim. Sa prière à Dieu et la nôtre qu’il sollicite font le lien entre ces personnes et la vie dans les pays d’accueil. Elles ont le souci de l’avenir des uns et des autres, car les mouvements migratoires s’amplifient avec les changements climatiques. Les décisions qui sont prises aujourd’hui contribuent à donner à nos pays le visage qu’ils auront demain. Sera-t-il fait d’accueil et de fraternité pour le bien-être de tous ?
L’histoire de l’humanité comme l’histoire biblique est faite de migrations. Dieu en prend l’initiative. Il dit à Abraham : « Quitte ton pays… Va vers le pays que je t’indiquerai ». Le chemin passe par l’Égypte, le désert, la terre promise, l’Exil. Persécutés, les premiers chrétiens sèment l’Évangile dans leur exode. Ils ont aussi fait l’expérience d’être accueillis. Nous sommes tous des migrants. La vie n’est-elle pas une migration d’un état à un autre ? Notre vraie richesse est la vie elle-même. Elle est à vivre. Ne passons pas à côté ! Oui l’enjeu est redoutable, mais ne laissons pas la peur décider à notre place. Vivons ! Les migrants qui ont tout laissé derrière eux nous adressent une question difficile à entendre mais essentielle, celle de l’aventure de notre propre vie. L’appel n’est pas à boucher le flacon de nos vies, mais à l’ouvrir pour que sa richesse fructifie. Cette question est personnelle, communautaire et politique. Que chacun l’aborde au niveau qui est le sien.
Dire que nous sommes tous des migrants et donc des frères ne nie pas les écarts culturels, religieux, anthropologiques, politiques. Le vivre ensemble dans la paix est un apprentissage difficile qui n’exige pas d’être tous pareils. Parler de fraternité ne dit pas non plus ce qu’il convient de faire face à ces situations difficiles. C’est un appel à regarder suffisamment haut pour ne pas compromettre notre avenir individuel et collectif.
Au début de son pontificat, en allant à Lampedusa, le pape François a exprimé sa compassion pour le sort des migrants et a interpellé les potentiels pays d’accueil. Si l’humanité se ferme sur elle-même, elle construit son malheur. Les discours du pape ne sont pas différents de ce que disaient ses prédécesseurs. Les tensions mondiales actuelles favorisent des réactions instinctives de protection, même au sein du monde catholique. Des contre-vérités circulent. Mais, de nombreuses personnes et associations œuvrent pour l’accueil et l’accompagnement de personnes migrantes. Loin du tapage médiatique, elles répondent aux besoins immédiats de personnes en souffrance. Les idées abstraites s’humanisent au contact des noms, des visages et des histoires des personnes accueillies. La vie alors se donne mutuellement en se faisant inventive ; elle construit le monde de demain.
Daniel Régent sj.,
directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape France