La Présentation de Jésus au Temple, quarante jours après sa naissance, nous révèle un Dieu qui bouscule nos attentes.

Dieu au-delà de nos attentes

L’événement découle, c’est vrai, de l’observance de la Loi par Marie et Joseph. « Tout premier-né d’homme parmi tes fils, tu le rachèteras. » (Ex 13, 13). Ensuite, cette présentation est bien l’accomplissement de la prophétie de Malachie sur le Messie et la venue des temps nouveaux :

« Voici, j’envoie mon messager. Il aplanira le chemin devant moi. Subitement, il entrera dans son Temple, le Seigneur que vous cherchez ; et l’Ange de l’alliance que vous désirez, le voici qui vient, dit le Seigneur tout-puissant. » (Ml 3,1) 

Sous ces deux aspects, l’événement de la Présentation constitue bien la réalisation de la prophétie comme de l’accomplissement de la Loi. 

Seulement voilà : c’est un nouveau-né qui entre dans le Temple afin, sinon d’ en prendre possession, du moins de venir dans son domicile : « Ne saviez-vous pas que je dois être dans la maison de mon Père ?  » (Lc 2, 49). Jésus est amené par ses parents « dans son temple », selon l’expression de Malachie : il y est chez lui et il y reviendra douze ans plus tard comme le « maître  » annoncé (Lc 2, 46-47). 

Qui aurait pu prédire que ce serait un nourrisson auquel il conviendrait d’appliquer la prophétie de Malachie ? Transcendance, imprévisibilité de Dieu qui prend les chemins de la petitesse, de l’immanence…

Savoir recevoir et savoir remercier

En venant au Temple de Jérusalem présenter au Père son fils Jésus, Marie le lui offre, ou plutôt le lui restitue. Un tel geste constitue donc un sacrifice. Jésus en effet est la chair de sa chair : il lui est plus cher qu’elle-même. En le présentant au Père, c’est un peu elle-même qu’elle offre à Dieu.

Mais en agissant ainsi, Marie reste dans la logique de la Création. Car au fond, qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ? Marie offre au Père le fils qu’Il lui a donné, comme nous restituons à Dieu les dons dont Il nous a gratifiés. Demandons à Marie la grâce de recevoir ainsi que celle de remercier Dieu pour ses dons incommensurables. Car si la Vierge est la première dans l’ordre de l’action de grâce, n’est-ce pas parce qu’elle est la première également dans l’ordre de l’accueil et de l’hospitalité offerte au Très-Haut ?

Savoir recevoir Dieu en se dépouillant de toute idée préconçue à son sujet - ce Dieu qui accomplit les prophéties à sa manière, c’est-à-dire divine - restera toujours le meilleur moyen de profiter pleinement de Celui qui se situe au-delà de nos attentes, de nos espérances.

Jean-Michel Castaing

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