"La Confession"... le film !

Sortie sur nos écrans le 8 mars 2017

"La Confession"... le film !

Inspiré du roman « Léon Morin, prêtre » de Béatrix Beck (prix Goncourt 1952, et porté à l’écran en 1961 par Jean-Pierre Melville, avec Belmondo et Emmanuelle Riva), le nouveau film de Nicolas Boukhrief « La Confession » est une incontestable réussite. L’intrigue est simple et se passe durant l’Occupation : l’amour impossible d’une jeune femme, incarnée par Marine Vacth, pour un prêtre, très bien campé par Romain Duris.

La mise en scène dépouillée est en adéquation avec le sujet. Les dialogues sonnent juste. Toute emphase aurait été déplacée. Pudeur et retenue soulignent par contraste la force de la passion. Les plans insistants de la caméra sur les regards des deux principaux protagonistes ajoutent à la profondeur de l’histoire, où le non-dit tient le spectateur en haleine.

Elle est seule (elle n’a plus de mari, ignorant s’il est toujours en vie après sa captivité en Allemagne), belle et communiste. Il est jeune lui aussi, mais… nouveau curé au service d’un village sous occupation allemande. D’emblée, elle commence par l’agresser dans le confessionnal. Immédiatement, il pressent en elle une âme d’exception. Alors qu’il prête aux femmes du village, tombées sous son charme, des livres de bonne littérature, notre prêtre n’hésite pas à proposer à la jeune militante communiste de lire les... Évangiles !

S’il est un mérite à ce film, c’est de montrer que le sacerdoce est surtout une question d’amour, même si cela n’est pas explicité tel quel - pudeur oblige. Ici, l’amour humain rejoint l’amour théologal. Barny, notre héroïne, se convertit au catholicisme. Mais aime-t-elle Dieu à cause du prêtre, ou bien aime-t-elle celui-ci, la religion lui servant de prétexte pour s’entretenir avec lui ? Le film ne tranche pas l’ambiguïté. Quoi qu’il en soit, deux absolus se répondent dans l’histoire : son amour à elle, et la fidélité de Léon Morin à son sacerdoce et à Jésus-Christ. Un drame qui illustre parfaitement ce verset du Cantique des cantiques : « L’amour est fort comme la mort, la passion est implacable comme l’abîme. Ses flammes sont des flammes brûlantes, un feu divin. »

On sait gré au réalisateur de ne pas pontifier, ni d’en rajouter dans le pathos. Plus qu’un démonstartion, les silences, la sobriété, la simplicité donnent davantage la mesure de la passion qui se joue. Peut-être Dieu se tient-Il dans ces interstices de silence...

Jean-Michel Castaing

« La Confession », un film de Nicolas Boukhrief. Drame, avec Romain Duris et Marine Vacth (1h56), actuellement dans les salles.

 

 

 


Actualité publiée le 7 mars 2017