Une Semaine sainte confinée (1/5)
Ouvrons à l’Esprit l’oreille de notre cœur !
En ce Carême unique de mémoire d’homme,
nous voici à la Semaine sainte.
Elle commence d’habitude par la bénédiction des rameaux,
qui n’est pas possible cette année en raison de notre confinement.
Cependant, l’hommage à Jésus, notre Roi, que concrétisent les rameaux
doit non seulement demeurer, mais prendre une nouvelle dimension.
C’est un acte de foi que Jésus attend de nous,
comme le formule le centurion au pied de la croix ;
nous l’entendrons tout à l’heure dans la Passion selon saint Matthieu :
« Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! »
Dans cette Semaine sainte qui s’ouvre ce dimanche de la Passion de Jésus,
nous sommes invités à vivre une communion spirituelle simple et intense.
Nous redécouvrons l’intériorité, pas seulement celle de nos maisons,
mais celle du cœur, de nos cœurs, face au Seigneur et avec nos proches,
même si ce n’est pas toujours facile.
Jésus souhaite plus que jamais vivre cette Pâque avec chacun de nous :
une Semaine sainte à vivre ensemble,
en raison même de notre éloignement, spatial, mais pas ecclésial.
Nous n’avons pas la possibilité, chers frères et sœurs confinés,
de bénir ni de prendre des rameaux bénis,
ce qui nous tient à cœur chaque année.
Je vous invite, si vous avez un jardin, d’aller cueillir,
après cette messe retransmise de la cathédrale,
des branchages pour les mettre sur une ou plusieurs
de vos croix ou crucifix que vous avez dans votre maison, là où vous êtes.
La bénédiction des rameaux comme celle des cendres
n’a lieu qu’une fois par an et n’est pas transposable.
C’est un geste de foi qui reconnaît en Jésus
le Roi, le Messie, le Sauveur.
Nous pouvons faire ce geste chez nous de façon toute simple
et je vous bénis pour cela.
Hosanna ! Vive notre Roi, notre Maître et Sauveur.
Jésus, c’est son nom : « Dieu nous sauve ! », nous pauvres pécheurs
Homélie
Nous venons d’entendre la longue Passion de Jésus selon saint Matthieu.
Nous pouvons prolonger cette écoute pendant toute cette Semaine sainte,
absolument unique en son genre, reprendre et méditer ce qui nous a marqués.
Écoutons la Parole de Dieu, lisons doucement les textes de chaque jour. Faisons notre lectio divina en silence d’abord, puis à plusieurs, en famille
ou comme vous le faites dans les Fraternités missionnaires.
Le prophète Isaïe vient de nous montrer l’exemple :
« Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples,
pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé.
(Comment ne pas penser aux malades et aux mourants du Covid-19 !)
Chaque matin, il éveille, il éveille mon oreille,
pour qu’en disciple, j’écoute » (50, 4).
En cette grande Semaine, tendons l’oreille, pour être mieux « disciples »,
désireux d’entrer dans les dispositions de Jésus, notre Sauveur et Seigneur,
comme saint Paul l’écrit aux Philippiens (2, 5), ce que fait en nous le Saint-Esprit.
Les foules ont crié Hosanna en reprenant le Psaume pascal par excellence, le 117e, que nous reprendrons toute la semaine de Pâques :
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire !
Hoshia na en hébreu se traduit littéralement : « Vas-y, sauve donc ! »
(Ps 117, 25). Nous sommes en pleine crise sanitaire, avec un fléau mondial.
Cet appel au salut, il nous sort de la gorge et du cœur,
en face de tous les malades et mourants qui sont seuls.
« Sauve-moi de cette heure ! » clame Jésus à son Père
à l’approche de sa Passion. Nous venons de l’entendre dire :
« Mon Père, s’il est possible, que cette coupe passe loin de moi !
Cependant, non pas comme moi, je veux, mais comme toi, tu veux » (Mt 26, 39).
Cette parole aussi nous rejoint dans le drame qui nous atteint.
« Sauve donc ! Sauve-nous ! Toi qui ne t’es pas dérobé à ton Heure ! »
Nous pouvons reprendre les paroles de Jean-Sébastien Bach
dans sa Passion selon saint Jean :
Contemple, mon âme, avec une joie douloureuse,
avec une peine amère et oppressante,
ton bien suprême dans les souffrances de Jésus.
Vois comme les épines qui le déchirent
font épanouir pour toi les fleurs du ciel.
Tu cueilleras de doux fruits sur son angoisse amère ;
aussi regarde-le sans cesse !
Regardons-le ; il nous garde et nous regarde. Hosanna !
Dimanche des Rameaux
sans rameaux
en la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse
le 5 avril 2020