Luigi Lucchese, immigré italien et diacre permanent pour le diocèse de Toulouse

Diocèse de Toulouse

Luigi Lucchese, immigré italien et diacre permanent pour le diocèse de Toulouse

Il y avait de la tristesse et de l’émotion vendredi 6 janvier dans la très belle église de Cazères pour des obsèques : celles de Luigi Luccese, diacre, père de famille, agriculteur retraité et immigré italien ; il a rejoint le Seigneur ce 2 janvier 2023 à l’âge de 95 ans.
Il vivait à Palaminy situé à côté de Cazères dans le Comminges où il a été diacre près de 42 ans. Ordonné ici même à l’âge de 54 ans, c’était notre doyen, un des premiers diacres permanents du ministère ordonné, introduit en 1965 dans l’Église par le Concile Vatican II.

Autour de la grande famille de Luigi, nombreux ont été les paroissiens et amis qui ont répondu présent pour l’accompagner une dernière fois.
Une belle et émouvante célébration présidée par notre Archevêque, Mgr Guy de Kerimel, accompagné par Père Mario Daminato de la Mission Catholique Italienne et par une bonne vingtaine de prêtres, anciens curés de Cazères pour certains et de diacres.
La cérémonie a été riche d’évocations, de souvenirs comme l’ont souligné l’homélie et la prise de parole des enfants. Voici quelques éléments de sa vie…

Luigi est né le 10 décembre 1927 en Italie à Rustigné di Oderzo dans une famille de paysans métayers de type patriarcal, précaire mais pieuse et unie où la religion catholique avait une place très importante.
Son père Giovanni décède à l’âge de 33 ans, Luigi n’avait que 6 ans.
Sa mère Rosa resta seule à élever leurs 3 enfants, Luigi l’ainé, Antoine et Elena qui devint religieuse par la suite.
Depuis son enfance, le désir de Luigi était de devenir prêtre. Il rentra au séminaire de Vittorio Veneto, mais au bout de 2 ans, l’établissement ferma ses portes à cause de la guerre. Il revint à la ferme familiale pour devenir agriculteur malgré lui.

Les livres et les études le passionnaient, c’était un érudit. Doué pour les langues, il apprit le grec et le latin. En 1947, il quitta l’Italie pour la France afin de rejoindre sa famille à Cintegabelle.
Il s’installa comme fermier d’abord à Francon avec sa mère et son frère. Il était très investi dans la paroisse, il faisait le catéchisme et animait les célébrations en jouant de l’harmonium.
Voyant les portes du sacerdoce se refermer, Luigi pensa au mariage. Margherita devint son épouse le 26 avril 1952 à Ceggia en Italie. Il eurent 9 enfants.
Bernadette, une de leur fille, décède à l’âge de 20 ans à la suite d’une longue et douloureuse maladie, puis c’est en 2013 qu’ils perdent Angeline à 49 ans… Malgré leur pauvreté et les épreuves de la vie, leur foi grandissait.
Toutes ces années l’ont préparé à un autre ministère, celui de diacre permanent. Le chemin fut long et parsemé de grandes difficultés, mais le 29 mars 1981, Luigi est ordonné diacre dans l’église de Cazères par Monseigneur Collini, Archevêque de Toulouse.

Il est resté au service de l’Église dans notre paroisse tant qu’il a pu le faire, très actif pour les mariages, baptêmes, funérailles, dans la joie et l’amour pour son prochain. 25 ans de mission auprès des gens du voyage, une présence auprès des handicapés à « Notre Dame des Monts » à Salies-du-Salat où Margherita et Luigi ont accueilli tous les week-ends et durant les vacances Georgette, une handicapée de cet établissement qu’ils considéraient comme leur enfant ; elle est restée 35 ans dans leur famille.
C’est le 4 décembre 2015 qu’il perd Margherita, l’épouse que le Seigneur lui avait choisi.

Comme évoqué lors de la messe d’action de grâce de ses 40 ans d’ordination à Palaminy en 2021, la porte a été « entrebâillée » à une forme nouvelle de ministère afin que d’autres puissent l’ouvrir toute grande. Ainsi le parcours de ces hommes a aidé notre Église diocésaine à approfondir au préalable la réflexion théologique et pastorale sur le ministère diaconal… Ensemble, ils ont vécu dans la confiance en l’Église une préparation longue de plus de 15 ans ; une humble et patiente disponibilité.

La cinquantaine de diacres permanents actuels dans l’Archidiocèse est la preuve que l’intuition de Luigi était juste et sa participation à la recherche diaconale dès le début en portait avec elle la conviction et la force nécessaires.

Notre présence ici à tous pour ses obsèques, c’est une façon aussi de lui dire « Merci !… »
Oui, merci pour son « acte de foi en l’avenir ».

Luigi était imprégné de la Parole de Dieu, se laissant conduire dans une infinie confiance, sans rien demander de plus. C’était un inlassable chercheur de Dieu, rempli de charité, d’humilité, du don de soi, un modèle pour nous dans notre société si déroutante, en perte de repères.
Combien de personnes sont venues s’abreuver à sa source de connaissances et puiser à sa foi intarissable ? Tous ceux qui le connaissent peuvent en témoigner.

Luigi disait souvent : « Je serais gravement coupable si je ne parlais pas de notre Seigneur et si je n’annonçais pas l’Évangile à tous ceux que je rencontre ».
Toute sa vie, il a été au service dans la volonté de Dieu, vivant de confiance, de providence et d’espérance. Ses seules armes étaient la Parole divine, la Prière, l’Eucharistie, l’Adoration qu’il aimait tant et où il pouvait se retrouver face à face avec le Seigneur.

Il a rejoint Margherita ce 2 janvier 2023 en laissant à ses enfants, ses 15 petits-enfants et 16 arrière-petits-enfants, l’image d’une vie de foi dans le Seigneur et l’assurance de la Résurrection.

Avec l’Évangile de saint Marc (9, 35), nous pouvons résumer toute la vie de Luigi ainsi :

« Si quelqu’un veut être le premier,
qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous 
 ».

Marie-Christine et Philippe Ausina,
Diacre permanent

 


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Actualité publiée le 31 janvier 2023