La parole des pauvres

Avec le Printemps de la Diaconie

La parole des pauvres

« La Gloire de Dieu, c’est l’homme debout ! »

(Paraphrase d’Irénée de Lyon)

 

        Anastis, c’est le nom de ces icônes qui nous donne de contempler le Christ descendant encore plus bas (cantique au Philipiens Ph 2,5-11) jusqu’à la mort pour prendre Adam et Eve et les relever de la mort. « Anastasie » signifie « se relever, être relevé », c’est le nom grec de la Résurrection.

        La parole des pauvres nous rappelle que, au cœur de la misère de l’homme (misère vient du grec ancien « miseo » qui signifie « détester, haïr », « Celui dont la vie est détestable, qui déteste sa vie et se déteste lui-même »), au cœur de tout ce qui le déshumanise, au cœur de tout ce qui l’enferme dans la mort, la résurrection est à l’œuvre chaque fois qu’un homme ou une femme se relève. Chaque fois que par grâce, au-delà de toutes les histoires cabossées, au-delà des blessures reçues, il ou elle retrouve à ses propres yeux une dignité qu’il croyait perdue et reprend son chemin de vie, un moment interrompu par les épreuves traversées.

        C’est un chemin souvent difficile et long, mais c’est un chemin qui ouvre à la paix puis à la joie. La parole des pauvres nous dévoile que sur ce chemin de vie, nous ne sommes jamais seul. Au-delà des images faussées (par exemple, comment dire « Dieu Père » quand son propre père était mal aimant, mal traitant), au-delà des contre-témoignages (par exemple, les abus dans l’Église, une église qui ne laisse pas sa place aux pauvres), au-delà de tout cela, Dieu marche avec nous.

        La parole des pauvres nous dévoile ainsi que l’incarnation est une œuvre continue de Dieu. Aujourd’hui, Dieu « s’incarne » dans la vie de tous ceux qui ont besoin d’être relevé, en particulier les plus pauvres d’entre nous.

        Ainsi pour l’Église, la présence à ce frère marqué par la misère est tout à la fois un lieu de fidélité à la mission reçue et lieu de la rencontre avec Celui qui est « le chemin la vérité et la Vie » (Jn 14,6). Le Roi leur répondra : « Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. » (Mt 25,40).

        La parole des pauvres nous rappelle que ce chemin de vie, ce chemin de foi, passe par de petites choses du quotidien. Le témoignage juste de tel ou tel homme ou femme d’Église, les efforts pour aimer et rester fidèle « au bon chemin ».

 

        « En fait la vie elle est faite de tas de petites choses, elle est faite d’ordinaire et ce n’est pas la peine d’aller chercher de faire de grandes choses par ce que les grandes choses le Seigneur les a déjà fait. »

 

 

Abbé François Chaubet,
curé de l’ensemble paroissial de La Saudrune

 


Actualité publiée le 27 avril 2023