Retour sur le temps de prière avec et pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église

Retour sur le temps de prière avec et pour les victimes d’abus sexuels dans l’Église

 

Pour la première fois dans notre diocèse, une assemblée s’est retrouvée en l’église du Sacré-Cœur afin de marquer un temps nouveau pour et avec les personnes victimes d’abus sexuels commis dans l’Église. Une célébration digne et recueillie durant laquelle des mots et des gestes forts ont été posés.

Alors qu’à Toulouse, les autorités civiles et religieuses entouraient les familles des victimes assassinées il y a 10 ans par le terroriste Mohamed Merah, l’Église de notre diocèse, sous la présidence de Monseigneur Guy de Kerimel invitait les prêtres et les paroissiens à se retrouver, la veille, à l’Église du Sacré Cœur pour prier pour et avec les personnes victimes des agressions sexuelles dans l’Église, comme il avait été décidé par la Conférence des Évêques de France en inscrivant dans le calendrier de chaque diocèse, chaque année, au 3ème dimanche de carême un temps mémoriel de reconnaissance des abus et violences sexuelles.

Le Père Guillaume donne le ton en accueillant l’assemblée : « lorsque je donne le sacrement de réconciliation à un enfant ou à un jeune, je réalise l’importance de chaque geste et de chaque mot qui doivent être empreint d’une attention toute particulière dans le respect de la dignité de cette personne »

Puis ce fut au tour de plusieurs personnes victimes, accompagnées par la Cellule d’Écoute, qui ont voulu exprimer leur histoire, dire leur parcours long et douloureux pour qu’enfin une parole se libère. « Avant, nous étions muets, terrorisés à l’idée de dire ce qu’il nous était arrivé lorsque nous avions 8 ans, 10 ans pour certains, 13 ans, 15 ans parfois adulte pour d’autres ! Et l’Église, quant à elle restait sourde, ne voulant pas entendre l’inacceptable, l’injustifiable, se murant dans un profond déni ». Ainsi donc, c’est avec beaucoup de courage et d’humilité qu’elles ont osé parler, devant cette assemblée, pour témoigner et dire leur volonté de poursuivre leur combat devant l’œuvre balbutiante de reconnaissance et de restauration souhaitées par l’Église, si elle est possible !

Mais si la CIASE a dénoncé 330000 victimes, il se peut que dans cette assemblée, certains connaissent une personne qui ait subi la même épreuve. Alors on distribue à la hâte des papiers et des stylos. Ainsi, avec les récits des témoins, déposés au pied de la croix, fut porté un grand nombre de prénoms inscrits à la hâte sur un papier par un long cortège de paroissiens, auquel s’est joint l’évêque, les prêtres et le diacre présent.

Puis la Parole de Dieu est venu en écho à la parole des personnes victimes : « Mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu » (Jean3, 21).
Et Monseigneur de Kérimel de souligner la nécessité de permettre à l’Église d’être une maison sûre et d’apporter à ceux et celles qu’elle a blessés le réconfort et l’Espérance car c’est bien « un message de vie » que l’Évangile doit nous apporter, « non un message de mort », a reconnu l’archevêque.
S’en est suivi un autre moment très fort, celui de l’acte pénitentiel. Agenouillés devant la croix, devant les corbeilles remplies de noms de victimes et de témoignages, l’archevêque, les ministres ordonnés ainsi que l’assemblée ont demandé pardon au nom de l’Église toute entière.

Les membres de la cellule d’écoute qui accompagnent depuis plus de 5 ans les personnes victimes ayant osé frapper à la porte de l’Église remercient chaleureusement ceux et celles qui ont osé témoigner, passant ainsi de leur état de « victimes » au rôle de « témoins ». Saluons et encourageons cette démarche de l’Église qui veut faire ce travail de vérité et de lumière. Qu’elle sache entendre la demande d’Hélène, qui a la fin de la célébration a dit : « Nous aimerions maintenant entendre dans notre diocèse cette parole de l’Évangile : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Et continuons de porter toutes ces victimes meurtries dans notre prière puisque : « Portez les fardeaux les uns des autres et vous accomplirez ainsi la loi du Christ  » nous dit saint Paul dans sa Lettre aux Galates (6,2) !

 


Actualité publiée le 26 avril 2022