Saint Joseph, un maître spirituel

par Jean-Michel Castaing

Saint Joseph, un maître spirituel

Saint Joseph n’a écrit aucun traité et les évangiles ne rapportent aucune parole de sa part. Cependant, après la Vierge Marie, il fut celui qui accueillit le mieux la nouveauté que constituait la venue de Jésus. À ce titre, il peut être prié comme un maître du progrès dans la vie spirituelle.

Dieu toujours nouveau

La vie réserve toujours des surprises. Elle est grosse d’imprévus susceptibles de nous déstabiliser. Toutefois, à mesure qu’il progresse en âge, l’homme préfère la routine. Elle a un côté tranquillisant. Les tuiles sont toujours assez nombreuses comme ça ! Mais Dieu est Dieu. C’est Lui qui conduit, par sa Providence, la marche du monde et nos vies individuelles. Aussi, dans la perspective du Créateur, les parcours de nos existences possèdent-ils deux vertus : celle de nous révéler Son visage, à condition d’avoir « des yeux pour voir » comme dit Jésus, et d’autre part la vertu de nous conduire sur la voie du salut. Or, cette révélation et ce chemin vers la rédemption ne peuvent demeurer statiques. D’abord parce que Dieu est infini, et qu’une existence planifiée de bout en bout et dénuée de nouveautés ne saurait nous faire découvrir « la bonne mesure, tassée, secouée, débordante qu’on versera dans les plis de votre vêtement  » (Lc 6, 38). Ensuite, le salut nécessite que nous changions de vie, que nous nous convertissions. Or, pour cela, une vie persévérant dans son inertie est contre-indiquée ! Voilà pourquoi le chrétien ne doit pas avoir peur des changements. Encore faut-il leur faire bon accueil ! C’est ici que l’aide de saint Joseph s’avère nécessaire.

Joseph accepte de se laisser bousculer

En effet, au seuil de l’histoire du salut, Joseph fut confronté à l’imprévu par excellence que représentait le surgissement de Jésus. Et cette nouveauté n’avait rien de théorique ! La femme qui lui avait été accordée en mariage était enceinte de l’Esprit Saint avant même qu’ils ne vivent ensemble. On devine son désarroi. Cependant, Joseph obéit sans broncher à l’ange de Dieu qui lui fournit les explications nécessaires. Du jour au lendemain, toute son existence était bouleversée de fond en comble ! Sans qu’il eut rien demandé, ce fils de David se trouvait impliqué dans la plus importante initiative de tous les temps de la Providence divine ! En matière d’accueil du changement, le père adoptif de Jésus est bien placé pour nous dispenser des conseils tirés de l’expérience. 

Croire à l’impossible

À son école, le chrétien apprendra à comprendre que Dieu est toujours plus grand que ce que l’on croit savoir de Lui : Deus semper major. Dieu gouverne l’histoire en Se révélant différent de l’image que nous nous faisions de Lui. Avec saint Michel, saint Joseph est le gardien de la transcendance divine parce qu’il a accepté de bon cœur que les plans de Dieu ne soient pas ses plans, que Ses pensées ne soient pas ses pensées, comme l’écrivait Isaïe (Is 55,8). « Joseph, fils de David, ne crains point de prendre chez toi Marie, ton épouse : car ce qui a été engendré en elle vient de l’Esprit Saint. » (Mt 1,20). Joseph a cru à l’impossible. En bon fils d’Israël, il savait que rien n’est impossible (ou trop merveilleux ) à Dieu, ainsi qu’Il l’avait déclaré Lui-même à Abraham pour la naissance d’Isaac (Gn 18,14).

En cette année qui lui est consacrée, demandons à l’époux de la Vierge Marie l’art d’accueillir de bonne grâce les imprévus de l’existence afin de progresser plus avant dans la découverte du visage de notre Dieu, ainsi que la grâce de savoir discerner dans les aléas de la vie la main de Celui qui désire nous conduire au salut.

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 16 mars 2021