Viens Seigneur, viens nous sauver !

Le temps de l’Avent, au couvent des carmes, est scindé en deux. Les trois premières semaines, les frères veulent être totalement tournés vers cette première attente : celle du retour final du Christ. Point de crèche donc. C’est la sobriété qui domine. Les hymnes et les psaumes sont chantés sur un ton plus sobre. Les repas sont allégés.

Par leur prière, les frères veillent pour le monde et prient pour qu’il accueille le Sauveur. La quatrième semaine avant Noël, en revanche, prend une nouvelle tonalité. Il s’agit de se préparer à la naissance du Sauveur, le Fils de Dieu. C’est là que les carmes installent leur crèche. À quoi ressemble t-elle ? « Elle est très réaliste, pour montrer l’Incarnation du Fils de Dieu dans sa réalité la plus triviale. Dieu est venu prendre chair en notre chair  », indique le frère Jean-Fabrice, prieur de la communauté.

Ce frère a pris le temps de nous présenter les antiennes Ô. Ces courts hymnes sont chantés en grégorien pendant les vêpres, au moment du Magnificat, justement pendant cette dernière semaine de l’Avent. Au cours de ces sept jours avant Noël, les religieux adressent à Jésus Sauveur diverses supplications, en l’appelant chaque jour par un titre différent : Sagesse, Chef du peuple d’Israël, Rameau de Jessé, Clé de David, Soleil levant, Roi de l’univers, Emmanuel. C’est, par ces antiennes, toute l’histoire du Salut qui se déroule, offrant aux chrétiens une méditation sur le mystère de l’Incarnation.

De l’Ancien Testament au Nouveau Testament, la transition se fait le 21 décembre, jour du solstice d’hiver. À ces invocations, on trouve la réponse de Jésus : « Je serai là demain », en latin « ero cras ». Il suffit pour cela de saisir l’acrostiche en prenant l’initiale de chaque premier mot - en latin - et de commencer par la dernière invocation. « E » comme Emmanuel, « R » comme Roi et ainsi de suite... Chaque antienne est composée de trois parties : les deux premières donnent et développent le titre donné au Christ. Le 20 décembre, les religieux invoquent :

« Ô Clé de David, ô sceptre d’Israël, tu ouvres et nul ne fermera,
tu fermes et nul n’ouvrira, arrache les captifs aux ténèbres
 ».

La troisième partie « Viens Seigneur, viens nous sauver » est une invocation, une demande de rédemption. Ainsi, en appelant le Christ « Sagesse », nous lui demandons de nous enseigner le chemin de la prudence. Le dix-neuf décembre, nous demandons au « rameau de Jessé » de nous libérer. Nous nommons aussi Jésus « Soleil levant », une manière de désigner celui qui vient illuminer ceux qui habitent les ténèbres de la mort. Enfin, le dernier jour, nous prions l’Emmanuel, « Dieu avec nous », le Sauveur des nations, le « Seigneur notre Dieu ». Noël est presque là.