L’église dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui n’aurait jamais vu le jour sans la communauté chrétienne qui, jusqu’à présent, se rassemblait à l’école Sainte Germaine pour célébrer la messe dominicale. La communauté précède le bâtiment, ce qui nous rappelle que le mot église désigne la communauté des disciples de Jésus, avant de désigner le bâtiment où elle se réunit. C’est donc vous, les chrétiens, qui vous réunissiez à l’école Sainte Germaine et qui maintenant allez habiter ces lieux qui êtes les pierres vivantes de l’église Saint Sauveur ; vous êtes pierres de la construction qui a pour fondation les Apôtres et les prophètes, et la pierre angulaire, c’est le Christ Jésus lui-même, symbolisé par l’autel en pierre au milieu de l’édifice.
Dans cet autel, je mettrai tout à l’heure des reliques de Saint Saturnin, premier évêque de Toulouse, successeur des Apôtres, ainsi que des reliques de Sainte Germaine. Nous voulons signifier ainsi le lien concret qui nous relie à ceux qui nous ont précédés dans la foi, et qui ont contribué à la transmettre jusqu’à nous. Par les Apôtres et leurs successeurs, les chrétiens de Toulouse sont rattachés au Christ. Saint Saturnin fait partie de cette longue chaîne des successeurs des Apôtres, qui se prolonge aujourd’hui encore à travers les archevêques de Toulouse. La succession apostolique garantit le lien au Christ, la fidélité à sa Parole, la validité des sacrements.
L’Église, famille des disciples du Christ, est une grande et très ancienne famille, qui a été figurée par le Peuple de Dieu au désert, bien avant la naissance du Christ. Ce Peuple, fut convoqué et rassemblé par Dieu pour recevoir la Loi, Parole de vie et lumière pour avancer vers la Terre Promise. L’Église est avant tout l’assemblée de ceux qui écoutent la Parole de Dieu, et qui répondent à Dieu par un acte de foi, ce dialogue conduisant à la célébration de l’Alliance. La Parole de Dieu est au fondement de la foi des chrétiens, cependant, elle est encore trop peu écoutée, méditée, priée. Certes, on nous lit les Saintes Ecritures tous les dimanches et à chaque célébration, mais nous entendons souvent de manière distraite la Parole qui nous est adressée, sans l’accueillir en profondeur.
Or quand on lit les Ecritures, c’est Jésus qui nous parle. C’est pourquoi le Concile Vatican II a souhaité lui redonner toute sa place : « la force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle » (DV 21). La foi ne repose pas sur des sentiments, des émotions ou des effets spéciaux ; elle repose sur la Parole de Dieu qui demeure pour l’Éternité : « le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas », dit Jésus.
Comment célébrer l’Alliance entre Dieu et l’humanité sans écouter ce qu’Il nous dit pour notre salut et sans Lui répondre par notre acte de foi ? Il n’y a pas d’alliance possible sans dialogue, sans paroles échangées, sans que chacun des partenaires de l’alliance ne s’engage sur la parole de l’autre et ne donne sa parole. Jésus est la Parole donnée de Dieu, qui attend de nous de donner notre parole, c’est-à-dire de nous engager par un acte de foi. La Parole de Dieu accueillie dans la foi conduit à l’Eucharistie, à la communion.
L’église Saint-Sauveur, comme toutes les églises, est le lieu où désormais retentira la Parole de Dieu devant les fidèles rassemblés et où l’Alliance Nouvelle et Éternelle sera célébrée dans l’Eucharistie. Le culte chrétien n’est pas l’accomplissement de rites magiques, et ne se réduit pas à des gestes codifiés, il consiste à s’offrir à Dieu, en esprit et en vérité, en réponse au don de Dieu qui, en Jésus crucifié, se donne sans retour aux hommes. « L’heure vient où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité », disait l’évangile de ce jour.
Adorer en esprit signifie ne pas réduire le culte à des prières récitées machinalement, ou à des rites sans âmes. Adorer en esprit c’est participer activement à la messe, et donc engager notre être intérieur dans la célébration de l’Alliance, c’est-à-dire dans le mémorial du don que Jésus a fait de Lui-même à son Père sur la croix. Nous nous offrons au Père dans l’offrande de Jésus, car c’est par le sacrifice de Jésus que nous sommes réconciliés avec Dieu et que nous pouvons être en pleine communion avec Lui, en communiant au Corps et au Sang de son Fils Jésus.
Adorer en vérité, c’est adorer avec un cœur et une vie conformes à l’Évangile, conformes au Christ. Je ne peux pas aimer Dieu sans aimer mon prochain. La véritable adoration décentre le chrétien de lui-même pour qu’il fasse de sa vie un don à Dieu et aux autres. Jésus nous apprend à être vrais, à ne pas tricher, ni avec Dieu, ni avec nous-mêmes, ni avec les autres.
Consacrer l’édifice et consacrer l’autel n’aurait pas de sens si la communauté qui se rassemblera ici ne se consacrait pas à Dieu, si elle ne L’adorait pas en esprit et en vérité. C’est pourquoi, vous qui allez habiter ce lieu, je vous encourage à vous laisser travailler par la Parole de Dieu, à faire de vos vies une offrande agréable à Dieu, à faire de ce bâtiment, un vrai signe de la présence de Dieu dans le quartier de Borderouge. Les pierres vivantes que vous êtes doivent parler à nos contemporains, répondre à leur quête de sens, et être témoins de l’espérance. À vous, maintenant, d’incarner cette église dans la vie du quartier.
Que l’Esprit Saint vous donne un cœur ardent pour rayonner ensemble dans le quartier !
+ Guy de Kerimel
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