Et si la famille était le plus beau des cadeaux de Noël ?

3ème dimanche de l’Avent : En famille

Et si la famille était le plus beau des cadeaux de Noël ?

Comme de nombreuses familles, nous avons fait la crèche avec les enfants en entrant dans l’Avent. Il se trouve que notre crèche compte près de 200 santons, donnant le spectacle d’une foule dans un hall de gare à l’heure de pointe ! Certes, j’aime cette foison de couleurs, de métiers, d’expressions si joliment peintes et moulées ; cela me parle de notre humanité et de sa diversité. Mais il n’est nul besoin de tant de santons pour faire chez soi une belle crèche…

 

La famille, un lieu protecteur...

Comme dans notre société, la cellule de base de toute crèche est composée d’une famille. Réduite à sa plus simple expression : un Papa, une Maman et Dieu lui-même qui, par sa naissance toute discrète, lui donne sa pleine fécondité.

L’homme a besoin pour vivre, d’un milieu favorable et d’un abri protecteur1 : une famille et une maison pour subvenir à ses besoins fondamentaux. Beth lehem en hébreu est « la maison du pain », qui a donné Bethléem. Nos familles sont donc les lieux privilégiés et premiers où chacun reçoit ce dont il a besoin pour vivre, grandir. Elles sont aussi le lieu où chaque être aimé va développer peu à peu son autonomie, en découvrant et réalisant sa vocation propre et unique pour le monde, à l’image de ces santons, dont il n’y a pas deux identiques.

 

... Ou parfois de combat

Mais l’ombre d’Hérode plane déjà sur ce nouveau-né dans la crèche ; de la même façon, toute famille est fragile. Elle peut devenir un lieu de souffrance, parfois par son absence pour beaucoup de jeunes aujourd’hui privés de foyer, de repères réconfortants et structurants. Parfois par les blessures en son sein que causent le péché et les mauvaises influences du monde.

Car la famille est un lieu de combat, et c’est ce qui la différencie de notre jolie crèche un peu figée. Les équilibres sont sans cesse à rechercher : entre des traditions familiales qui nous poussent à nous réunir, en particulier à Noël, et le besoin de liberté de chacun, pour trouver sa propre voie car on grandit dans une famille pour mieux en sortir. Équilibre entre une promiscuité qui nous rend complices les uns des autres, et la distance dont chacun a besoin pour exister. Équilibre entre les multiples activités qui nous font tant courir, et les temps de contemplation pour s’ouvrir à la création, et s’interroger sur son Créateur. Équilibre entre les paroles données et reçues, peut-être trop souvent par écrans interposés, et ce besoin vital de silence, source de toute vie spirituelle, qui nous ouvre à une écoute intérieure, à la rencontre avec Dieu…

Comme à Bethléem, mais surtout comme à Nazareth pour Jésus pendant 30 ans, la famille est le lieu où se transmettent les traditions de la foi, où se partage la Parole de Dieu car l’homme ne vit pas seulement de pain. C’est aussi l’expérience du pardon donné et reçu, l’apprentissage de la charité. La famille est de fait une société en miniature, dont la réussite conditionne celle de la société toute entière. Et la santé d’une société se mesure à l’aune de celle de la famille.

 

Avec Jésus, un cadeau pour le monde

Joseph et Marie paraissent si fragiles dans la crèche ; de même nous pouvons nous sentir bien pauvres à l’égard de notre propre famille, tant est grande la responsabilité de l’assumer dans le monde d’aujourd’hui, ou peut-être aussi parce qu’elle est blessée ou blessante à notre égard. Notre famille humaine est pourtant un marchepied vers le Père. Sa vocation est de préparer ses membres au Ciel, là où Jésus, après avoir traversé toute notre expérience humaine, nous a préparé une place.

Jésus petit enfant, en ce Noël 2021, vient frapper à la porte de notre cœur : « Voici que je me tiens à la porte, et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui » (Ap 3, 20). Si je lui ouvre la porte, il viendra y faire sa demeure. Mon cœur peut devenir cette crèche vivante où Dieu cherche à grandir, à faire alliance avec moi. Alors il peut agir dans ma vie, suppléer à mes incapacités, la rendre féconde et faire grandir la communion autour de moi, et tout spécialement dans ma famille.

Même si elle est fragile et imparfaite, la famille qui grandit avec Jésus est un cadeau pour le monde, ouverte aux pauvres qui l’entourent. Elle est un cadeau que Jésus offre à l’humanité par son incarnation ; je dirais même le plus beau des cadeaux de Noël.

Prenons soin des familles ; dans la contemplation de la crèche et de la Sainte Famille, prions pour elles !

Mathieu Villeminot,
diacre permanent
et père d’une nombreuse famille !

 

 

1 Vocabulaire de théologie biblique, p. 694
 

 


Actualité publiée le 10 décembre 2021