Dimanche 28 mai 2023 | Archevêque Mgr Guy de Kerimel
Chers confirmands, la lecture de vos lettres est à elle seule un témoignage puissant de l’action de Dieu dans vos vies, et une occasion d’action de grâce envers Dieu notre Père, envers son Fils Jésus notre Sauveur, et envers l’Esprit d’Amour qui fait toutes choses nouvelles. Aujourd’hui, fête de la Pentecôte, l’Esprit Saint vient confirmer l’œuvre de Dieu en vous, et vous donner la force du Christ Ressuscité pour témoigner à tous de sa victoire sur le mal et la mort.
Comme l’écrivait une jeune, parmi vous : « Je veux répondre à l’amour que Dieu nous porte et m’engager à en être témoin. Je voudrais annoncer Jésus-Christ, célébrer la gloire de Dieu et servir les autres ». En une phrase, elle a tout compris ! L’amour de Dieu est premier, c’est Lui qui est venu vous chercher dans des circonstances propres à chacun d’entre vous. Et vous avez commencé à répondre à cet Amour en vous mettant en route et en frappant à la porte de l’Église ; ce cheminement vers la confirmation a éclairé votre intelligence de la foi et vous a confortés à travers les échanges entre confirmands. L’Esprit Saint vous donne aujourd’hui la force de déployer la triple mission que vous avez reçue au baptême qui a fait de vous des prêtres, des prophètes et des rois : glorifier Dieu, c’est notre mission de prêtres, annoncer Jésus-Christ, c’est notre mission de prophète, servir, c’est notre mission royale. Cette triple mission est comme un débordement de l’Amour que Dieu nous porte, cet Amour dont Il nous marque comme un sceau, et qu’Il infuse dans nos cœurs. C’est aussi une réponse d’amour à l’Amour de Dieu : je me souviens d’un jeune qui, expérimentant l’amour de Dieu pour lui, avait dit au Seigneur : « Seigneur puisque tu m’aimes à ce point, je suis prêt à aller au bout du monde pour Toi ! ». C’est bien ce qu’ont vécu les apôtres le jour de la Pentecôte ; puisque aussitôt, libérés de leurs peurs, ils se mettent à parler en diverses langues à ceux qui étaient présents, les rejoignant ainsi au plus profond de leur cœur. Puis c’est le début de l’évangélisation du monde. L’Amour divin est comme un feu qui se propage, qui éclaire, qui réchauffe, qui donne sens, qui vivifie.
Ce qui ressort de vos lettres, c’est aussi la dimension communautaire de la vie chrétienne. Pour certains d’entre vous, le fait de cheminer avec d’autres a été décisif et une vraie croissance dans la foi ; vous avez eu envie de prendre votre place dans la vie de la communauté, en particulier en participant à la messe du dimanche. L’un de vous, qui a commencé à revenir à Dieu en restant dans son coin, écrit dans sa lettre : « J’aimerais m’engager encore plus auprès de ma paroisse quand je serai confirmé, car ce n’est pas dans mon coin que je glorifierai le Seigneur, mais dans l’unité de l’Église ».
Voyez comment l’Esprit Saint rassemble, unifie dans la diversité des langues, des cultures, des tempéraments, des charismes. Déjà, au cours de votre cheminement, Dieu a commencé à vous rassembler en vous-mêmes ; certains étaient égarés, dispersés, pas vraiment chez eux, tiraillés. En même temps que Dieu agissait ainsi, Il vous faisait découvrir l’Église, l’accueil de frères et de sœurs, ceux qui vous ont accompagnés, les partages fraternels, toujours riches d’expériences diverses. Cela vous a confortés et encouragés à avancer.
À la Pentecôte, l’Église, fondée par le Christ, est manifestée au monde dans son unité et sa mission. L’Esprit Saint vient faire des disciples du Christ un seul Corps, le Corps du Christ ; nous ne faisons plus qu’un avec le Christ et entre nous. Comme le disait sainte Jeanne d’Arc : « du Christ et de l’Église c’est tout un ». Chacun de nous est membre de ce Corps, et il reçoit des dons en vue du bien commun, en vue de l’édification de l’Église, de sa construction, de sa mission dans le monde. À chacun des dons différents et complémentaires de ceux reçus par les autres membres du Corps. Comment pourrions-nous être en communion avec le Père, le Fils et l’Esprit Saint, sans être en communion entre nous qui avons reçu le même Esprit Saint, Communion du Père et du Fils ? Comment pourrions-nous témoigner de Dieu sinon par notre communion fraternelle, par un amour vécu, par une mise à disposition pour nos frères et sœurs des dons reçus de l’Esprit Saint ? C’est bien tout le Corps qui est envoyé en mission, un Corps bien articulé, où chacun doit trouver sa juste place, en cohésion avec les autres membres. Ce Corps dépend de la Tête qui est le Christ ; si l’on veut que le Corps accomplisse bien toutes ses fonctions, Il faut qu’il soit bien coordonné avec la Tête ; il doit accomplir la volonté du Christ, chaque membre selon sa place, et le don reçu.
Les divisions ou l’esprit de chapelle ne sont pas de mise là où l’Esprit Saint rassemble et construit l’unité du Corps du Christ.
L’Esprit Saint donné par Jésus est l’Esprit qui remet les péchés, sources de divisions, et qui est vainqueur du mal par la rémission des péchés. Mais nous ne sommes pas encore au paradis. Nous demeurons dans ce monde ancien marqué par le péché et nous avons à lutter, avec la force de l’Esprit Saint pour être vainqueur des tentations, et ne pas céder au péché. L’Esprit Saint nous fortifie pour le combat spirituel, pour participer à la victoire du Christ. Envoyés en mission, nous ne devons pas être surpris de rencontrer les blessures de ce monde, d’être confronté à l’athéisme, et au péché du monde, aux structures de péché. C’est pourquoi nous allons en mission avec humilité, en nous appuyant les uns sur les autres, jamais seuls, enracinés dans la prière, dans la Parole de Dieu, nourris des sacrements. Nous allons les mains vides, comme des pauvres, mais le cœur rempli de la présence de Dieu et fort de la puissance de l’Esprit Saint qui se déploie dans notre faiblesse.
Ouvrons grand nos cœurs au Souffle de Dieu, et laissons-nous conduire par Lui, dans la fidélité au Christ, dans la louange et la confiance !
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse