La situation actuelle de notre monde atteste, qu’on le veuille ou non, de l’incapacité de l’humanité à se sauver par elle-même. Au contraire, nous voyons de mieux en mieux les dégâts que l’être humain est capable de faire dans son environnement et envers ses semblables. Comment ne pas être bouleversés par les drames qui défigurent l’humanité et son environnement ? D’où peut bien venir le salut ? Depuis plusieurs décennies déjà, nous avons constaté que le salut n’est pas dans le seul progrès, ni dans la seule science : par exemple nous savons bien que le salut ne sortira pas de l’intelligence artificielle ; il n’est pas non plus dans les armes, il n’est pas dans le repli sur soi ; il n’est pas dans le libéralisme outrancier, ni dans la consommation ; il n’est pas dans la dictature ni dans l’anarchie. Tous les horizons semblent se fermer, l’espérance est fortement ébranlée. Peut-on encore attendre un salut ?
Le salut n’est pas de ce monde ; il vient d’au-delà de ce monde, il vient de Dieu. Il est dans ce monde mais celui-ci refuse de le reconnaître. Il est vrai qu’il est venu dans la discrétion, de nuit, dans une grotte obscure, couché dans une crèche ; ces conditions ne sont pas très attirantes pour un monde fasciné par ce qui brille et fait du bruit, dirigé à coup de « com », obnubilé par l’image de soi. Seuls les petits, les marginaux, les chercheurs de sens, peuvent percevoir les signes qui les invitent à venir voir. Pour atteindre la véritable lumière, il faut traverser la nuit avec pour seule guide l’étoile de la foi ; quand on approche, tout devient lumière et paix.
Ce Nouveau-Né est le Roi du monde, Dieu parmi nous, Lumière née de la Lumière, qui éclaire toute personne humaine en venant dans le monde. Les lumières de ce monde sont bien pâles pour celui qui contemple la lumière qui vient de l’Enfant Jésus. Le contempler, c’est découvrir le visage de Dieu, apercevoir le monde meilleur et le chemin qui y conduit. L’Église de Jésus-Christ que nous formons a reçu mission de faire connaître au monde son Salut, son Avenir, Celui qui peut lui porter la paix. C’est pourquoi nos visages et nos communautés doivent refléter la lumière du Christ que nous avons contemplée et qui transforme nos vies. Le Salut du monde s’est incarné, il est au milieu de nous ; à nous d’en témoigner par nos paroles et nos actions pour redonner l’espérance.
Joyeux Noël à chacun de vous et à tous ceux que vous rencontrerez !
+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse