par Jean-Michel Castaing, auteur
Vivant, comme leurs frères et sœurs, en régime de confinement, les chrétiens, en ce temps pascal, ont toutefois la certitude que deux portes ont déjà été ouvertes : celle de la mort et celle de la vie. Il ne manque plus que s’ouvre la troisième : celle qui les tient enfermés chez eux !
Une double injonction mystérieuse
L’Ancien avait prophétisé que les portes de la mort et de la vie s’ouvriraient en période messianique. Le psaume 23 répète en effet deux fois l’injonction : « Portes, levez vos frontons, élevez-vous portes éternelles : qu’il entre le roi de gloire ! ». A cette double sommation répond deux fois la même question rituelle : « Qui est ce roi de gloire ? ». Deux réponses distinctes sont apportées à cette interrogation. D’abord, ce roi est proclamé « le fort, le vaillant, le Seigneur des combats ». Ensuite, le même roi est défini comme « le Seigneur, Dieu de l’univers ». Si on attribue ces titres royaux au Christ, vrai homme et vrai Dieu, nous voyons que cette royauté s’exerce d’abord dans un combat, et ensuite dans une souveraineté sur tout l’univers. Contre qui le Christ a-t-il combattu ? Contre la mort et le mal. Où règne-t-il actuellement ? Au ciel. Ces deux réponses nous fournissent ainsi la clé pour comprendre la double injonction du psaume.
Des enfers à la Vie
Les premières « portes éternelles » qui doivent élever leurs frontons pour laisser passer le Christ, sont les portes de la mort. Le Christ l’a vaincue. Ainsi que nous le disons dans le Credo, « il est
descendu aux enfers ». Non pour y rester, mais pour les dépouiller de leur pouvoir. Le Christ entre aux enfers en vainqueur. Sur la célèbre icône de la Résurrection, il en foule au pied les portes en tirant par la main Adam et Eve pour les extirper de ce cloaque. Quant aux secondes « portes éternelles » appelées elles aussi à lever leurs frontons, ce sont les portes des cieux. La Résurrection consacre en effet le Christ maître de l’univers. Il nous ouvre le Royaume, y étant entré lui-même le premier. De même que la mort ne pouvait pas refermer ses portes sur lui, de même les portes de la vie ne sont pas restées closes au « Seigneur, Dieu de l’univers » chanté par le psaume, le jour de son intronisation à la droite du Père, le dimanche de Pâques – pour notre plus grand bénéfice, nous sur qui règne pacifiquement ce roi doux et humble de coeur.
Une troisième porte que l’Ecriture ne mentionne pas ...
Il reste à espérer que la troisième porte, apparemment la moins ardue à faire pivoter sur ses gonds, celle de notre confinement pour cause de pandémie, s’ouvre elle aussi sans tarder ! Nous pourrons alors goûter à l’extérieur, dans la rue ou à l’église, rassemblés avec nos frères et soeurs, les fruits de l’arbre de la Vie que le Vainqueur de Pâques nous offre gratuitement !
Jean-Michel Castaing
Des liens pour suivre la messe et trouver la feuille de chants.
En ce jour, nous célébrons le Mystère pascal. Jésus l’évoque en Saint-Jean (Jn 16, 21) : pour prédire ses souffrances, sa mort et sa Résurrection, il utilise la métaphore d’une femme qui accouche et qui, après avoir enduré des douleurs atroces, éprouve une joie immense à la naissance de son bébé. À la fin, le souvenir de la douleur s’efface et fait place à l’exultation.