La démarche synodale voulue par le Pape François est une démarche spirituelle qui commence par l’invocation de l’Esprit Saint et l’écoute de la Parole de Dieu. Les chrétiens ne partent jamais de rien, mais de l’initiative de Dieu qui a voulu entrer en dialogue avec l’humanité qu’Il a créée, pour nous faire entrer dans son amitié et même nous faire partager sa propre vie. Il y a toujours un donné de départ qui est la Parole de Dieu et la docilité à l’Esprit Saint.

Cette démarche est en vue du synode sur la synodalité qui aura lieu en octobre 2023 à Rome ; le thème en est : « Pour une Église synodale : communion, participation, mission ». C’est un autre donné de départ plus circonstancié, le cadre global de l’accueil et du discernement de ce qui est remonté des nombreux groupes synodaux de notre diocèse. Mais, nous le savons, les sujets d’échanges ont pu être plus larges que le thème proposé, et il nous faut entendre l’ensemble de la synthèse.

Quelle attitude spirituelle avoir dans l’accueil de la synthèse ?

Un esprit de foi  : croire que Dieu a quelque chose à dire à l’Église, à notre Église diocésaine, dans ce qui nous est présenté. Cette synthèse n’est pas l’Évangile, et nous ne l’accueillons pas comme Parole d’Evangile, mais ce sont des paroles humaines dans lesquelles nous avons à discerner ce qui vient de Dieu. L’esprit de foi est une attitude d’écoute intérieure : au-delà de ce qui nous plaît ou ne nous plaît pas, au-delà des expressions maladroites ou séduisantes, qu’est-ce que les personnes ont voulu dire à l’Eglise, et qu’est-ce que Dieu est en train de dire à l’Église ?

Comment la Parole de Dieu (Écriture et Tradition) vient éclairer cette synthèse ?
L’Église est l’Eglise du Christ, fondée par Lui, son Epouse, mais elle est composée d’hommes et de femmes pécheurs. Qu’est-ce qui est de Dieu dans son organisation ? Qu’est-ce qui relève de notre péché dans son fonctionnement ?

Un esprit de confiance : confiance en l’Esprit Saint pour nous aider à discerner ce qui vient de Dieu.

Recul : la synthèse reflète fidèlement les prises de paroles dans les différents groupes : nous accueillons et nous discernons. Le discernement porte sur la démarche et sur le contenu. Quand on donne la parole à des personnes qui n’ont jamais pu s’exprimer dans l’Eglise, cette parole peut paraître dérangeante, critique, trop subjective, voire en décalage avec l’Évangile. Prenons du recul, de la hauteur, et cherchons à entendre, au-delà de ce qui heurte, ce que Dieu peut vouloir nous dire.

Cette démarche synodale est arrivée en même temps que le rapport de la CIASE qui nous a tous secoués, blessés. Comment a-t-on pu en arriver là ? Il y a donc des blessures, et même des abcès qui ont besoin d’être guéris. Quand il y a abcès, ce qui sort n’est pas très beau (pur) mais il faut que ça sorte.

Une attitude d’espérance ; l’Église est noire et pourtant belle comme la fiancée du Cantique des cantiques. L’Esprit Saint est à l’œuvre en Elle ; le Christ la conduit. Elle s’est toujours relevée de ses égarements. Aujourd’hui des hommes, des femmes, des adolescents frappent à la porte et ils la voient avec un regard nettement plus positif ; c’est en elle qu’ils ont trouvé le Christ.

Une attitude de charité : ne cherchons pas des coupables. Mais convertissons-nous. Les malheurs de l’Église ne viennent pas des prêtres plus que des laïcs. Ne soyons pas binaires.

Le Concile Vatican II a rappelé que tous les membres du Corps du Christ sont envoyés en mission, pas seulement les prêtres et les consacrés. Il faut donc remettre en mouvement tous les membres ; il arrive que les articulations en souffrent. Mais apprenons à marcher encore mieux ensemble, dans le respect des dons et des charismes, tous au service de la charité, de la croissance et de la mission de l’Eglise.

+ Guy de Kerimel
Archevêque de Toulouse