Homélie de Mgr de Kerimel et retour-photos de l'Appel décisif

Avec le Catéchuménat des adultes

Homélie de Mgr de Kerimel et retour-photos de l’Appel décisif

Homélie de l’Appel décisif

Dimanche 26 février 2023

 

Chers catéchumènes,
J’ai lu chacune de vos lettres, et j’ai rendu grâce à Dieu pour la manière dont Il vous a fait signe et dont vous avez accepté de Lui répondre en demandant le baptême.

Dans les évènements déclencheurs de votre demande de baptême, il y a les rencontres providentielles, la rencontre d’un conjoint, la certitude de croire en Dieu depuis toujours, l’attirance des églises où beaucoup ont trouver la paix, l’isolement des confinements pendant la crise sanitaire, un vide à combler. L’un ou l’une d’entre vous écrivait : « l’approfondissement de ma foi m’a ré humanisé ».

Le carême a été institué pour vous et pour que nous, les baptisés, nous soyons renouvelés dans notre grâce baptismale. Le carême est pour vous le temps d’affermir votre choix de suivre le Christ et donc de renoncer au mal. Vous allez vivre les scrutins : La Parole de Dieu scrute nos cœurs pour dénoncer le mal qui s’y loge et nous exercer au combat spirituel. Avec le Christ, nous partons au désert, conduits par l’Esprit Saint.

Le premier Adam s’était laissé séduire, le second Adam, qui est le Christ, a été vainqueur de la tentation lors de ses quarante jours de jeûne au désert. Il a pris sur Lui nos tentations pour les vaincre et nous ouvrir le chemin de la victoire. Car la tentation conduit au péché, qui nous met sous une forme de dépendance, nous fait retomber dans l’esclavage.

Le diable, le serpent des origines, cherche à nous éloigner de Dieu, à nous faire douter de son Amour. Pour cela, il commence à détourner notre désir de Dieu vers des biens créés ; il sape notre désir du Bien véritable pour l’orienter vers des biens relatifs accessibles dans l’immédiateté, avec l’illusion qu’ils nous combleront pleinement, ce qui est un mensonge. Il nous fait aimer les biens de ce monde plus que Dieu, et mettre toutes nos forces à satisfaire nos désirs détournés vers des biens secondaires. Ces biens une fois obtenus nous laissent vides et insatisfaits. Le diable nous détourne de la prière pour nous pousser à la consommation des biens de ce monde. C’est la tentation de la chair, de la surconsommation, de l’exploitation à outrance des richesses de la création, dans une conception utilitariste. Le triste état de notre planète dit assez bien où cela nous conduit.

La deuxième tentation consiste à se situer au-dessus de Dieu et à Le provoquer. Le diable place Jésus au sommet du Temple, et L’invite à se jeter en bas, puisque Dieu Le protège, selon un verset de psaume détourné de son sens véritable. « Jette-toi en bas » : on ne peut éviter de penser au suicide. « Jette-toi en bas » pourrait se traduire : « provoque la mort, tente la mort ; puisque Dieu est Amour, Il te viendra en aide ». L’être humain est tenté de devenir maître de sa vie et de sa mort, comme on le voit aujourd’hui avec la légalisation de l’euthanasie dans plusieurs pays et bientôt en France. Cette pente conduira à vouloir être maîtres de la vie et de la mort des plus vulnérables de nos sociétés.

L’homme se fait dieu à la place de Dieu, soit en niant l’existence de Dieu, soit en utilisant Dieu. L’égocentrisme si prégnant dans la culture contemporaine conduit bien des gens à se prendre pour le centre de l’univers et à faire de toutes les réalités, y compris de Dieu Lui-même, des satellites qui tourneraient autour de leur personne. Il y a la tentation très actuelle d’utiliser Dieu pour son propre confort.

La troisième tentation est la conséquence des deux premières. Attiré par les biens de ce monde, et se situant au-dessus de Dieu, l’être humain finit par devenir esclave du diable. Celui-ci lui propose de l’adorer pour acquérir toujours plus de pouvoir et de richesses. Le diable a excité les désirs de jouissance et de consommation de l’être humain, puis il l’a coupé de Dieu ; c’est ainsi qu’il finit par se présenter lui-même comme celui qui peut fournir à l’être humain de quoi satisfaire ses désirs de jouissance, de richesses, de pouvoir. Au lieu de recevoir de Dieu tout ce qu’il est et tout ce qu’il a, dans une relation de liberté filiale, l’homme reçoit du diable pouvoir et richesse qui font de lui son esclave.

Jésus ne se laisse pas vaincre par le diable. Dans sa réponse, lors de la première tentation, Il nous fait comprendre que la nourriture n’est pas la seule réalité indispensable à la vie de l’être humain, il y en a une autre : la Parole de Dieu par laquelle Dieu nous a créés et qui donne sens à cette vie. Nos désirs premiers ne peuvent pas étouffer le désir de Dieu, la quête de sens. D’où la proposition du jeûne, pour ne pas s’enfermer dans la consommation. Apprécier les bonnes choses, c’est rendre grâce à Dieu pour les biens mis à notre disposition, mais les idolâtrer conduit à l’esclavage. Jésus ne refuse pas la nourriture que lui apporte des anges, après le départ du tentateur.

Face à la tentation de l’orgueil, de l’autosuffisance, la tentation de se situer au-dessus de Dieu ou à la place de Dieu, la prière filiale permet de remettre Dieu à sa juste place. Ce n’est pas en niant Dieu que l’être humain trouve sa liberté, mais dans cette relation d’amour filial envers Dieu. Au contraire, en niant Dieu, l’être humain sape le fondement de son être et se détruit.

La troisième tentation conduit à une déshumanisation de l’humanité. On peut bien acquérir toujours plus de pouvoir et de richesses, le prix à payer est très lourd : perdre son âme et devenir esclave du diable. La Parole de Dieu nous propose un remède : le partage. Celui-ci nous rend libres face aux biens matériels ; il nous remet sur le chemin de la justice et nous décentre de nous-mêmes en prenant en compte les besoins du prochain.

Quel monde voulons-nous ? Si nous voulons un monde meilleur, choisissons de suivre le Christ, renonçons à Satan, et prenons les moyens à notre portée : la sobriété, la prière et le partage. C’est ce que nous propose l’Église durant ce carême.


 + Guy de Kerimel
 Archevêque de Toulouse

 

Découvrez ci-dessous une sélection de photos réalisée lors de la célébration de l’Appel décisif.